Tous les ans, au moment d'écrire le titre de mon traditionnel billet anniversaire, je m'étonne du nombre des années qui s'affiche au compteur de mon voyage sans fin à l'autre bout du monde. Même si j'évite de céder à la tentation des poncifs, à l'intérieur, une petite voix ne peut s'empêcher de murmurer que le temps passe, passe...
Car en effet, ça fait déjà sept ans que j'habite au Japon.
Si vous suivez ce blog depuis plus d'une année, vous connaissez sans doute mon habitude de fêter l'anniversaire de mon installation dans la banlieue tôkyôïte en publiant chaque 21 mars un article pour faire le point sur l'année écoulée. Si vous ne savez pas de quoi je parle, vous pouvez consulter les billets précédents ici ou là, par exemple.
En général, j'aime bien prendre mon temps pour analyser, rentrer dans les détails, ce qui donne naissance à des articles assez longs. Mais cette fois-ci, je vais faire court, très court, pour la bonne et simple raison qu'il n'y a rien de neuf. Pour les détails, vous pouvez donc relire ce que je vous disais l'année dernière, c'est la même chose aujourd'hui, à peu de choses près.
Ça fait maintenant deux ans que j'ai changé d'employeur. Les débuts ont été un peu difficiles, mais à présent, je ne manque pas de travail (y compris le dimanche), il m'arrive même d'en refuser. J'ai retrouvé le niveau de vie de l'époque où j'étais salarié, et malgré mon précaire statut de freelance, je me sens bien plus serein que lorsque je travaillais avec une truie pour directrice. D'un point de vue professionnel, donc, on peut dire que tout va bien pour moi.
Ce qui me frustre un petit peu, c'est que j'ai le sentiment de ne plus profiter du Japon autant qu'avant. Bien sûr, j'ai déjà découvert beaucoup de choses, visité quelques endroits, et connu de beaux moments que j'ai partagés avec vous sur ce blog, et il est normal qu'une forme de routine s'installe. Mais ces derniers mois, vraiment, je ne fais pas grand-chose d'autre que de travailler. Pour en juger, il suffit de jeter un œil aux billets - dont la fréquence a nettement baissé - que j'ai pu rédiger depuis un an : j'y parle beaucoup moins du Japon, et beaucoup plus de moi. J'ai pourtant la conviction d'avoir encore des milliers d'endroits à voir et d'expériences à vivre, mais le rythme du quotidien s'impose, et il est devenu ardu de s'en extraire. Quelques marches en montagne, quelques ryokan et onsen, c'est la seule échappatoire que je parviens encore à m'offrir. C'est déjà un luxe, j'en ai bien conscience, et je ne vais pas me plaindre. Mais les matsuri me manquent ! Bien sûr, le tunnel Covid y est pour beaucoup, mais je ne suis pas sûr que même sans ça, j'aurais eu énormément d'occasions de sortir et de savourer pleinement ma vie d'expatrié.
Il y a quelques mois, je me suis acheté le très bon livre de Guigui (de la chaine YouTube Ichiban Japan), qui détaille, saison par saison, les principaux matsuri et évènements auxquels on peut participer tout au long de l'année. Muni de cette formidable bible, je m'étais imaginé que je n'aurais qu'à sélectionner au fur et à mesure les endroits où aller pour assister aux manifestations qui m'intéressent. Hélas, après l'avoir lu de A à Z, le livre est toujours posé sur ma table de chevet, et je n'ai pas encore eu l'occasion de l'utiliser comme agenda culturel.
Le souci, quand on est indépendant, c'est que quand on ne travaille pas, on en profite pour travailler ! Surtout quand, comme moi, on adore son métier. Je consacre donc beaucoup de mon temps libre à préparer mes cours. Quand je sature et que j'ai besoin de me changer les idées, j'ai rarement l'énergie pour aller à droite à gauche, et j'ai surtout envie de me reposer. Maintenant que j'habite dans un appartement que j'aime vraiment, je n'ai aucun problème à rester une journée entière à la maison. En outre, depuis plusieurs mois, vous le savez peut-être, j'écris beaucoup. Mon projet Asteria m'occupe considérablement, et j'essaye aussi de développer d'autres projets. Je ne peux donc pas dire que je glande et que je gaspille mon temps. Malheureusement, les journées ne font que 24 heures, et je ploie sous le poids plombé d'un emploi du temps complet !
Voilà ce que je peux vous dire sur ma vie actuelle au Japon. Je suis toujours très heureux de mes choix, mais j'ai la tête dans le guidon et, malgré la présence sécurisante de ma chère et tendre, je me sens un peu seul et un peu fatigué. Il va falloir que je trouve un moyen de changer de rythme et de reprendre mon souffle.
Pour finir, vous savez quoi ? Après presque trois années de fermeture, le Japon a réouvert ses frontières ! En plus, le yen est plutôt faible en ce moment, ce qui donne aux visiteurs venant d'Europe un meilleur pouvoir d'achat (je déteste cette expression, mais bon). Bref : quand est-ce que vous venez me voir ?
(Quelques photos en vrac et bien plus sur mon compte pro Instagram)