samedi 30 juillet 2016

C'est l'été...
... mais pas les vacances ! Certes, au travail, mon emploi du temps est moins rempli, mais j'en profite pour sortir au maximum, et c'est la raison pour laquelle je me consacre un peu moins à mon blog (c'est que ça prend du temps de vous écrire tout ça !).
A l'école, les cours sont officiellement terminés depuis la semaine dernière. Il y a eu une petite cérémonie de fin de trimestre le samedi matin, pour remettre les diplômes à ceux qui ont réussi l'examen d'anglais, pour féliciter tout le monde pour le travail accompli, pour leur dire de bien se reposer pendant les vacances, ils ont chanté l'hymne de l'école, etc. ; puis le dimanche, nous avons fait un natsu matsuri dans la cour. Si vous avez suivi le blog, vous savez qu'un matsuri est une fête traditionnelle, et si je vous dis que natsu signifie été, vous aurez compris que le natsu matsuri est une fête pour célébrer l'été. Ici, pas de connotation religieuse ni de mikoshi à porter, on est plus proche de ce qu'on appelle en France une kermesse.

Il y a des stands où on vend à manger et à boire (barbe à papa, kakigôri - de la glace pilée avec du sirop, un granité, quoi - , yakisoba, c'est-à-dire des nouilles sautées, etc.), et des stands de jeux. Mon choix de photos est limité puisque je ne peux pas vous montrer le visage des enfants, mais voilà de quoi vous donner une idée. Les enfants viennent en famille, la majorité d'entre eux (parents et enfants) portent des vêtements traditionnels, soit des yukatas, kimonos légers, soit, pour les hommes et les garçons, des jinbeis (prononcé "djime-beï), un ensemble veste et bermuda. Moi aussi, je portais mon jinbei. On trouve des jeux qu'on connait bien en France, comme le tir à la carabine (à droite, mon collègue Romain),
et des jeux traditionnels comme la "pêche aux boules" (avec une épuisette en papier qui se déchire dès qu'on la plonge dans l'eau, pas facile ! On peux y jouer aussi avec des poisson rouges), ou la pêche aux yoyos (les yoyos, ici, sont des ballons de baudruche avec un peu d'eau dedans, accrochés à un élastique). Quant à moi, on m'avait réservé une "surprise". Comme je suis également prof de sport, ça fait quelques semaines que j'enseigne des danses aux enfants, ça fait partie du programme. Pour moi qui danse comme un pied cassé, ça m'a demandé beaucoup d'efforts, mais ça va, La danse des canards, surtout en version française, je maitrise à peu près (l'autre jour, si je vous parlais de La danse des canards, c'est que je suis à fond là-dedans en ce moment...). Pour La macarena, il m'a fallu un peu plus de temps. Et puis le Hokey Pokey (en anglais, mais pour la version française, si je vous dis "Je mets le doigt devant, je mets le doigt derrière...", vous voyez ?). Et puis surtout le Yôkai Taisô. Là, c'est vraiment local, il faudrait que je vous montre une vidéo, un de ces quatre. Ça vaut le coup d’œil... Je précise que je ne suis pas responsable de la programmation. Moi, j'avais proposé le Onara Taisô, "exercices pour péter" (je vous jure, ça existe), mais ça les a même pas fait sourire. Mes collègues ne sont pas encore habitués à mon humour. Bref, on avait installé au beau milieu de la cour une petite estrade (qui pour moi ressemblait à une potence), et hop, Ludovic, votre mission aujourd'hui - et pas question de la refuser - c'est de monter sur l'estrade et de faire danser les enfants. La danse des canards et tout le reste devant tout le monde. Gloups. Du coup, on a bien fait de pas choisir le Onara Taisô, finalement. Allez, je mets mon orgueil dans ma poche, et voilà une petite vidéo (de très mauvaise qualité, mais ça suffira bien) pour vous montrer l'ambiance. Comme je vous ai déjà dit, au Japon, on fait les choses sérieusement sans se prendre au sérieux, et je crois que c'est bien l'état d'esprit qui a dominé chez moi toute l'après-midi. Les enfants étaient contents, les parents ravis, alors autant y aller à fond, c'est plus amusant.

Dès le lundi, la Summer School a commencé. Le matin, je vais à l'école pour préparer mes cours, faire du ménage, ce genre de choses, et les enfants ne viennent en classe que l'après-midi. Le rythme et l'ambiance sont beaucoup plus légers. Il n'y a qu'une douzaine d'enfants, pas d'uniforme, pas de leçon nouvelle, seulement des révisions, et pas cours le samedi. J'en profite pour passer plus de temps avec chacun, individuellement, et essayer d'aider ceux qui sont en difficulté à rattraper leur retard. Bref, c'est plus tranquille, mais c'est pas encore les vacances...

dimanche 17 juillet 2016

Matsuri
L'été, c'est la saison privilégiée des matsuri. Difficile de trouver une traduction pour ce mot : "festival", "fête traditionnelle"... C'est un évènement lié en général à une célébration religieuse, et qui se déroule par conséquent dans des sanctuaires shinto (parfois dans des temples bouddhistes). Cela consiste le plus souvent à se réunir par corporation et à effectuer une procession en transportant un mikoshi, sorte d'autel portatif (certains sont très lourds).

J'ai assisté à mon premier matsuri, le Mitama matsuri, au sanctuaire Yasukuni. Bon, je ne m'étendrai pas sur la polémique qui entoure régulièrement ce sanctuaire, ce n'est pas mon propos aujourd'hui, mais pour rappel, il s'agit d'un endroit où sont honorés des personnes considérées comme des héros de la guerre au Japon et comme des criminels de guerre ailleurs, en Chine en particulier. Ambiance... Je vous parlerai peut-être de ça une autre fois.
Mis à part ce "point de détail", l'atmosphère du matsuri était très joyeuse et très festive. En plus, il y avait des milliers de lanternes allumées tout le long de l'allée centrale, c'était magnifique. Je ne suis pas sûr, mais je crois que chaque lanterne représente l'âme d'un disparu, puisque le matsuri est aussi l'occasion d'honorer les proches décédés. Comme souvent quand il s'agit de tradition, on en profite pour sortir ses plus beaux vêtements, et à cette saison il s'agit généralement d'un yukata, kimono d'été. Bref, tout est beau et tout le monde est beau, mais voyez plutôt.

Porter un mikoshi est traditionnellement réservé aux hommes, même si les temps changent et que la pratique s'ouvre peu à peu aux femmes. Cependant, sur cette première procession, vous ne voyez que des femmes. C'est qu'il s'agit en fait d'une corporation représentant une université pour jeunes femmes (les universités ne sont pas toutes mixtes).


Dès que les cortèges ont fini de défiler, place aux danses ! Là, j'ai un doute. Je crois que les danses auxquelles j'ai assistées s'appellent le o-bon-odori, mais renseignement pris, le o-bon-odori est une tradition bouddhiste, alors ça m'étonnerait qu'on pratique ça dans un sanctuaire shinto (même si ces religions ne sont pas forcément incompatibles). Il me reste tous les festivals de l'été pour éclaircir ce point.
Quoi qu'il en soit, séduit par la grâce des mouvements de cette foule harmonieuse, j'ai essayé de me glisser au milieu des danseurs pour participer à la fête. Et ça s'appelle "comment se rendre ridicule en une leçon". Sous son apparence simpliste, ce type de danse est terriblement complexe, les mouvements sont extrêmement variés, je peux vous dire qu'on est loin de la danse des canards !

Au bout de l'allée, le sanctuaire. Là encore, des lanternes par centaines et des étoiles plein les yeux. On entend de la musique au loin, les groupes posent les mikoshi et se recueillent en silence. C'est le moment de prier, et de remercier la vie de m'offrir la chance de vivre au Japon et d'assister à ce type d'évènement.



vendredi 1 juillet 2016

Et la vie va...
Voilà maintenant plus de trois mois que je suis installé au Japon, et ma nouvelle vie continue à se mettre en place. Le quotidien est nourri de petites choses ordinaires que je savoure comme des petits bonbons, des petits riens qui donnent une saveur sucrée à la vie de tous les jours.
Par exemple, jusqu'ici, les seules fois où j'avais vu des faisans, je crois bien que c'était dans des livres d'images ou dans des boites de conserve sous forme de pâté. A Nagareyama, on peut voir des faisans se poser dans des jardins au bord de la route, pépère, comme de simples moineaux. On peut voir aussi des papillons gros comme des moineaux, et c'est beau. A Akihabara, j'ai vu un homme qui promenait son canard en laisse. Akihabara, c'est un quartier de Tôkyô où je vais souvent me balader, car comme c'est le terminus de ma ligne de train, c'est pratique, et sorti de ma campagne, c'est toujours jubilatoire de me retrouver propulsé au milieu des néons et de l'univers pop du Japon dans toute son exubérance électrique.
Je vous ai déjà parlé des différences entre la culture française et la culture japonaise. Les surprises sont partout, la découverte est constante. Par exemple en France, je n'ai jamais vu de femme sur un chantier. Ici, elles ne sont pas nombreuses, mais il y en a. C'est aussi à travers ce genre de petit détail du quotidien que je me sens dépaysé. Chaque matin, à chaque pas que je fais, je suis dans un monde nouveau.
En ce moment, c'est la saison des pluies, il pleut presque tous les jours. Un peu comme en France au printemps, en été, en automne et en hiver, quoi. Mais il ne fait pas froid. Dès le matin, il fait même souvent assez chaud, de cette chaleur moite et lourde qui me rappelle vaguement la Guyane. Ce n'est certes pas l'Amazonie, mais le climat est loin du climat continental de la France. L'autre soir, je suis allé à un piquenique nocturne dans le parc Yoyogi, à Harajuku. Je vais souvent à des soirées internationales pour me créer un nouveau réseau social, rencontrer du monde, pratiquer mon japonais et accessoirement mon anglais. En quittant les lieux, je n'en finissais pas d'apprécier le vent chaud malgré l'heure tardive, et l'atmosphère qu'il soufflait sur le parc. Un air de vacances, sauf que maintenant, c'est ma vie, c'est mon quotidien. Comme dans la chanson, j'avais envie de dire bonjour à n'importe qui, mais bon c'était l'heure de rentrer.
Vous êtes nombreux à me demander si je fais des progrès en japonais. En toute logique, je suppose que j'en fais, mais rien de fulgurant. Il n'y a pas un moment où je me suis dit : "Ah, je sens que je m'améliore." Par contre, il y a souvent des moments où je sens le besoin de m'améliorer. Quand je vais à la poste par exemple. C'est toujours pas gagné, ça (pour mémoire, voir l'article daté du 6 mai). Le bureau de poste a beau être climatisé, je me tape de sacrées suées à chaque fois que j'ai une démarche à y faire. Et je sens bien que le personnel de la poste aussi est pris d'angoisse à chaque fois que je mets les pieds chez eux. La préposée au guichet est très serviable et elle fait tous les efforts qu'elle peut pour se débarrasser de moi le plus vite possible, mais je vois bien ses mains qui tremblent quand je lui tends mes formulaires raturés. Le directeur, lui, il va directement se réfugier derrière la photocopieuse dès qu'il me voit entrer, et il me fait coucou de loin avec un sourire craintif. C'est qu'ils commencent à bien me connaitre, à la poste, je dois être le seul gaijin (l'étranger) du quartier. Allez, la prochaine fois, je claque la bise à la préposée. Nan, je déconne, c'est pas le genre de la maison.
J'ai arrêté de compter les tremblements de terre. C'est pas qu'il y en a tant que ça, mais ça devient vite banal, une petite secousse qui fait vibrer les murs. Sauf une fois. Là, j'ai compris ce que c'était vraiment, un tremblement de terre, et je faisais pas le malin. Déjà, ça a bien duré au moins 6 ou 7 secondes, c'est-à-dire le double d'un séisme normal, et puis c'était beaucoup plus intense que d'habitude. L'alarme de mon téléphone s'est déclenchée, un truc assez anxiogène avec une voix qui répète en boucle "Earthquake, earthquake..." Dans toute la ville aussi, j'entendais les sirènes. Mais apparemment, pas de dégât, pas de victime, rien que du normal. Ceci dit, le lendemain, une collègue qui habite pas loin de chez moi m'a quand même avoué que celui-ci pouvait être qualifié de "gros" tremblement de terre, et que ça n'arrive pas si souvent.
J'adore passer devant la gare qui dessert l'hotel de ville de Nagareyama. Je n'ai emprunté le train qui y conduit qu'une seule fois, c'est un minuscule tortillard géré par la municipalité, et il n'y a pas de guichet automatique à la gare, vous donnez votre ticket directement à un contrôleur. Sur le panneaux, les horaires des trains sont inscrits à la main. La gare me fait penser à celle d'un western, je ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être parce que comme les cowboys de l'époque de la conquête de l'Ouest, j'ai l'impression de me trouver au bout du monde. Et de m'y sentir chez moi...