jeudi 24 août 2017

Le mont Nokogiri
Le mont Nokogiri, qu'on appelle en japonais Nokogiri-yama (littéralement, la montagne de la Scie), est une petite montagne située dans la préfecture de Chiba, à l'est de Tôkyô. En train, il faut compter environ 2h30 de trajet, car même si le village qui sert de point de départ à la randonnée n'est pas si éloigné que ça de la capitale, il faut contourner toute la baie de Tôkyô, c'est long. Si un jour j'y retourne, j'essaierai de voir si ce n'est pas plus simple de traverser la baie en ferry.
Je ne comprends pas pourquoi cette excursion n'est pas davantage populaire auprès des Japonais, nombreux sont ceux qui n'ont même jamais entendu parler du mont Nokogiri. C'est pourtant une des plus belles sorties qui m'ait été donnée de faire aux environs de Tôkyô. Alors que certains Japonais sont encore en vacances, Romain et moi n'avons croisé absolument personne sur le chemin qui monte au sommet ! Si, une seule personne : une jeune et sympathique Singapourienne, et du coup, nous avons passé la journée tous les trois. Bon, ça ne veut pas dire pour autant qu'aucun Japonais ne se rend au mont Nokogiri, mais ceux qui y viennent préfèrent en général faire l'ascension en téléphérique. C'est dommage, ils ne savent pas de quoi ils se privent.
Certes, la montée n'est pas de tout repos. Ça grimpe raide et ça glisse pas mal. En plus, en pleine saison des pluies, l'air est très lourd, chaud et humide, on a le sentiment de respirer à pleins poumons dans un nuage de vapeur moite, et on se retrouve tout dégoulinant de sueur en cinq minutes. Mais ce grand bol de verdure nettoie la peau autant qu'une séance de sauna, et l'esprit autant qu'une séance de méditation. Du détox à l'état pur !
La première chose qui m'a marqué, c'est l'environnement sonore. Dès qu'on plonge en sous-bois, au pied du mont, on est enveloppé par les bruits des cigales, qui se mêlent aux coassements des grenouilles (nous en avons vu quelques-unes) et aux chants des oiseaux. Ah, je ne sais pas comment s'appelle cet oiseau au chant si exotique qu'on entend souvent en forêt, quelle merveille que de l'écouter !
Dans le genre animal mais moins sympa, on a croisé aussi un serpent, qui a traversé le sentier à quelques mètres devant nous. J'ai appris plus tard qu'il s'agissait probablement d'une vipère. Vraiment, j'aime pas ces bestioles. On en a vu un autre en retournant au village, mais sur la route celui-là, version crêpe Suzette, je préfère.
Au bout d'une heure ou deux, on est presque au sommet, et on arrive à la première étape marquante, une statue de la déesse Hyakushaku-Kannon, haute d'une trentaine de mètres, sculptée dans la roche. Et là, difficile de retenir un "Wouah !" à l'apparition de cette splendeur. Aucune de mes photos ne pourra vous retranscrire la magie du site, aucun de mes mots ne pourra vous décrire l'émotion que provoque la vue de cette statue. On se croirait dans un décor de cinéma, on se prend pour un aventurier en train de découvrir les traces d'une civilisation disparue, on se retrouve au cœur de nos lectures enfantines et adolescentes, Bob Morane n'est pas loin... Pourtant, cette sculpture n'est pas si ancienne, quelques décennies seulement, mais la force qui s'en dégage semble, elle, millénaire. C'est un peu comme si la montagne avait trouvé figure, comme si la noblesse de la nature s'était personnifiée.
Peu de temps après, on arrive au sommet (380 mètres), et de là on peut, littéralement, jeter "un coup d’œil vers l'enfer" - Jikoku-nozoki - c'est le nom du promontoire naturel qui domine le paysage. Très impressionnant.
Tout ce versant de la montagne est traversé de dizaines de chemins aménagés, c'est un véritable dédale qui sillonne la forêt. Sur les bords de ces chemins sont disposées des centaines de statuettes bouddhiques (1 500 statuettes, parait-il), fabriquées à la fin du 18ème siècle. C'est tout le mont Nokogiri qui apparait donc comme un site sacré, un endroit consacré à la méditation. Et c'est vrai qu'à force de croiser ces nombreux et étranges personnages qui vous toisent impassiblement, un sentiment quelque peu mystique finit par vous envahir. La montagne entière semble être un temple à ciel ouvert, un domaine des dieux où les visiteurs sont appelés à l'humilité.














Empreints de ce troublant recueillement, on poursuit sa route et on arrive au bouddha assis, et une fois de plus, époustouflé, on pousse un "Wouah !" d'admiration. Il s'agit du plus grand bouddha assis du Japon, d'une hauteur, lui aussi, d'une trentaine de mètres. Cette immense statue est taillée dans le flanc de la montagne, si bien qu'on ne sait plus si c'est le bouddha qui émerge de la Terre ou la Terre qui émerge du bouddha. C'est profondément émouvant.
Pénétré de grâce et de spiritualité, on prend doucement le chemin qui descend de l'autre côté de la montagne. Le village d'arrivée exhale des senteurs sucrées qui pour un peu vous feraient abandonner la trépidation urbaine pour vous nourrir exclusivement de verdure et d'air pur. On se pose sur la plage. Le crépitement des animaux des sous-bois a fait place au doux clapotement des flots qui ondulent sur le sable. Romain pique une tête (j'ai oublié mon maillot !), le Soleil descend, il fait encore chaud, on aurait presque envie de chuchoter. Une incroyable sensation de paix baigne l'atmosphère. Oui, la paix.
Puis il est temps de reprendre le train. Une magnifique journée...

jeudi 17 août 2017

Éternel franponais...
Pour ceux qui ne connaissent pas le franponais, vous pouvez consulter les articles précédents ici, , ou encore ici...
Le franponais est partout. Je ne prends pas de photo à chaque fois que je tombe sur un spécimen, mais je peux vous dire que j'ai encore de quoi alimenter quelques articles sur le sujet.
Tout d'abord, on trouve souvent du franponais en relation avec tout ce qui se mange, ça vous le savez. Il est donc normal qu'on donne des noms franponais à des boutiques où on vend des denrées alimentaires, que ce soit un bistrot, une boulangerie (où on vend le fameux "french pan" !), un restaurant, etc.


Comme les accents n'existent pas en japonais, on les place un peu comme on le sent... Cuillere, cuillére...





 








Moi, je suis un café ! Et toi, tu es une bière ? 







Tout est bon du moment que ça sonne français.



















Je me demande combien de Français, peut-être un peu éméchés, se sont arrêtés devant ce café pour entonner un "A la tienne Etienne !"


Normal, on est dans le métro. Par contre, c'est pas un marché, c'est un snack. 
Intésucréavecdètartinesilvouplè ! 
Pas de faute d'orthographe chez ce petit mec... bizarre. 
Ah, quand même ! On se rattrape chez Funawa !










Le masculin et le féminin, c'est pas la notion de grammaire la plus facile à expliquer aux Japonais, vous pouvez me croire...




"Des bonbons à base de tout cœur"...  Venez gouter les bonbons du docteur Frankenstein !

Vous avez déjà confié un souhait à un petit gâteau, vous ? Moi, jamais...
Nom énigmatique pour cette boulangerie... C'est peut-être le bon pain qui est rare au Japon...
- Bonjour monsieur, je voudrais du vin de vin s'il vous plait.
- Vous voulez une bouteille de bouteille ?
- Non, juste un verre de verre, merci.
Non, là, c'est sûr, un stand plein de mort, ça le ferait pas.
Et pour finir, un florilège inclassable.
Du franponais partout, je vous dis.
Une chaine de karaoke...
Je ne suis pas allé vérifier, mais je pense que ce toujours mignon bon voyage est un bar à hôtesses. La séduction à la française version japonaise !
Une marque de distributeur automatique.



Une boutique de fringues.

Une boisson chade, c'est mieux qu'une boisson frade !
Certaines de ces photos m'ont été transmises par mon copain Romain.
Ça sert aussi à ça, les ami !