mercredi 29 août 2018

Résumé de l'été
Voilà, le mois d'aout touche à sa fin et les vacances d'été avec, et j'ai repris le chemin de l'école. La rentrée pour moi n'est pas aussi solennelle qu'en France, puisque c'est la même année scolaire qui continue, la "grande rentrée" ayant lieu en avril. Mais quoi qu'il en soit, j'ai bien profité de mes congés pour prendre du recul sur mon travail (j'en avais grandement besoin) et me détendre. Voici un petit résumé de mon été 2018 au Japon...
Pour commencer, un petit point météo. Le début de l'été a été marqué par une série d'inondations dévastatrices dans le Kansai, la région autour de Hiroshima et de Kyôto. Le dernier bilan officiel faisait état de 225 morts. Ici, dans la région de Tôkyô, nous n'avons pas du tout été touchés. La saison des pluies s'est déroulée normalement de juin à début juillet, mais pas de catastrophe. Par contre, nous n'avons pas échappé à la canicule qui a suivi. L'été est naturellement chaud au Japon, bien plus chaud qu'en France je veux dire, parce qu'on est plus au sud, mais cette année, les températures ont dépassé de 10° les normales saisonnières ! Et ça a duré au moins deux semaines. Là encore, le phénomène a fait environ 200 morts. Même la nuit, il arrivait que le thermomètre reste bloqué sur 33°. Moi qui d'habitude suis plutôt anti-climatisation, j'ai un peu rangé mes principes dans ma poche, parce que les nuits à transpirer sans pouvoir dormir, ça épuise. La suite de l'été s'est déroulée de façon plus normale, avec des vagues de grosse chaleur (et ce n'est pas fini), le passage de quelques typhons, et de courts mais intenses épisodes pluvieux.
Dès le début de mes vacances, je suis parti à la campagne faire le plein de verdure dans la préfecture d'Akita. Je vous ai déjà raconté ce voyage, vous pouvez relire l'article correspondant en cliquant ici.
De retour à Tôkyô, pour me rafraichir, j'ai visité des aquariums psychédéliques, si vous ne vous en souvenez pas, vous pouvez consulter l'article ici.
Je suis également parti trois jours dans la péninsule d'Izu, dans la petite ville d'Itô. Mais pas de chance pour moi qui me faisais une joie de me régaler de la plage, un typhon est arrivé au même endroit que moi au même moment que moi, et j'ai dû changer mes plans. A la place, j'ai visité un zoo, joli mais tristoune puisque c'est un zoo. J'ai aussi visité un parc nocturne, et dans le genre psychédélique, c'était pas mal non plus. Le parc était recouvert d'illuminations, c'était incroyable. J'adore les couleurs et les lumières comme celles qu'on trouve dans Enter The Void, le chef-d'oeuvre de Gaspard Noé, et là, j'étais servi. Noël en plein été (vous pouvez revoir les illuminations de Noël ici).



A Izu, j'ai également fait l'ascension d'un ancien volcan... en télésiège ! J'ai une excuse : il est interdit d'accéder au sommet autrement. Tout autour, on peut admirer un paysage de mer et de montagne, rien de tel pour se remplir l'esprit et les poumons de nature.
L'été au Japon, c'est la saison des cigales, des takoyaki (les boulettes au poulpe), des kakigôri (de la glace pillée avec du sirop, autrement dit un granité, ultra rafraichissant), et des matsuri. Car en vérité, tout ce que je viens de vous raconter n'était destiné qu'à planter le décor pour vous parler des matsuri. Mais ça, ce sera pour la prochaine fois !

lundi 20 août 2018

Aquariums
Quand il fait très chaud, en été, j'aime bien aller visiter des aquariums. Autant les zoos, ça me rend toujours un peu tristoune de voir ces pauvres bêtes en cage, mais un poisson c'est con, alors je n'ai pas autant de scrupules, et puis toute cette eau, ça rafraichit, je trouve.
Mais cette année, plutôt que les aquariums traditionnels, ma foi souvent fort jolis, j'ai opté pour ce qui semble être la nouvelle mode au Japon en matière de bocal à poissons, les aquariums dit "artistiques". Je ne sais pas s'il y a des choses comme ça en France, mais ça consiste à essayer de mettre en valeur la couleur et le mouvement des poissons, en présentant les choses d'une façon moins naturaliste mais plus esthétique. A Tôkyô, j'ai trouvé deux espaces sur ce principe.
Le premier endroit était une exposition temporaire. Dans un grand espace sont disposés plusieurs aquariums aux formes très variées. Les lumières et les reflets, les différents niveaux de transparence, les effets optiques liés à l'eau, les projections, tout ça donne aux bassins une dimension de tableau mouvant tout à fait nouvelle. Les couleurs sont très vives, voire franchement psychédéliques. Un DJ mixe en direct une musique planante. Les poissons présentés n'ont rien de rare ou d'extraordinaires, il s'agit essentiellement de simples poissons rouges de différentes espèces, ou de carpes koï. Ce qui est intéressant ici, c'est de laisser son regard se perdre dans ces aquariums comme il le ferait dans une peinture contemporaine flashy et semi-abstraite. Un petit côté "poissons sous LSD", en quelques sortes.
Le second endroit que j'ai visité s'appelle Aqua Park, c'est un nouvel espace consacré à la mer. On y trouve quelques manèges pour petits et grands, mais surtout des aquariums d'un genre nouveau. Il y a par exemple des aquariums dont la vitre est en fait un écran transparent interactif. D'un simple contact avec le doigt, on peut ainsi faire apparaitre différentes informations sur le poisson présenté. Comme pour l'expo précédente, on peut également admirer quelques aquariums psychédéliques. Les animaux marins qui se prêtent le mieux aux expérimentations visuelles et artistiques, ce sont des bestioles que j'adore : les méduses ! La transparence naturelle des méduses, leur aspect de gelée anglaise agrémentée de cheveux ondulants, la danse gracile qui les anime, je ne me lasse jamais de regarder cet étrange ballet. La visite se poursuit avec un spectacle de dauphins (le soir, le spectacle est illuminé, là encore, de couleurs et d'effets optiques divers ; dommage, si j'avais su j'y serais allé en soirée), et avec quelques bassins plus classiques.
Bref, un moment de grande fraicheur dans la torpeur de l'été tokyoïte. Allez, je vous laisse avec les images.


dimanche 5 août 2018

Des vacances à la campagne
Je suis enfin en vacances ! Et cette année, j'ai décidé de prendre un grand bol de verdure. J'ai embarqué dans le Shinkansen (le TGV japonais) jusqu'à la préfecture d'Akita, au nord-ouest de l'ile de Honshû (la principale des iles qui forment l'archipel). Mais je ne suis pas allé jusqu'à la ville d'Akita, je suis descendu avant, en pleine campagne, pour y passer une petite semaine de rêve, et découvrir un Japon que je connaissais moins bien, le Japon rural.
La première chose qu'on remarque, dès que le train quitte les zones urbaines, c'est que le Japon produit une énorme quantité de riz. Dans les plaines, ce ne sont que rizières immenses, d'un vert émeraude uniforme, sublime. La région où je séjournais, près de la ville d'Ômagari, est cerclée de montagnes, et même quand on prend un peu d'altitude, la moindre parcelle plate est consacrée à la culture du riz. Les systèmes d'irrigation doivent être vraiment au point, parce que lors de mon séjour, le temps était particulièrement sec (il a fait très beau et très chaud), ce qui n'empêchait pas la terre des champs de riz d'être imbibée d'eau, à la limite du marécageux. Quand je parle de montagne, il ne s'agit pas de haute montagne, on est loin des paysages alpins, mais en hiver, les stations de ski de la région sont assez populaires.
Outre le riz, les autochtones semblent assez fiers de leur lavande, mais sa culture reste anecdotique.
J'ai pu louer un vélo à l'hôtel, et faire un petit tour pour me plonger davantage dans les paysages du Japon profond. Mais je ne me suis pas aventuré bien loin car c'est assez dangereux : les montagnes alentours sont infestées d'ours. Moi, je trouve ça plutôt mignon, un ours, et il y en a si peu en France que ça parait exotique, j'aurais bien aimé en voir un. Mais ici, personne ne se laisse attendrir. Partout, des panneaux vous mettent en garde, et dans l'hôtel, on vous explique la conduite à tenir pour éviter de les attirer, et que faire si par malchance vous en croisez un. Des attaques mortelles ont lieu tous les ans, alors ça rigole pas.
Une des choses qui marque le plus le voyageur, c'est qu'à Akita, les gens ne parlent pas le japonais, ils parlent le dialecte d'Akita. Déjà que mon japonais est encore insuffisant pour une conversation moyenne, autant vous dire que là, la communication avec les autochtones était bien difficile. Le dialecte d'Akita (en japonais : Akita-ben), c'est un peu comme un fort accent. La prononciation est sensiblement différente, certains mots et expressions n'apparaissent que dans la région, c'est pratiquement inaccessible pour quelqu'un comme moi en cours d'apprentissage du japonais. Les locaux sont capables de comprendre le japonais standard (qu'ils appellent "langue de Tôkyô") puisqu'ils l'entendent à la télé, mais ils ont souvent beaucoup de mal à le parler, et ils sont un peu gênés devant une personne qui ne peut pas les comprendre. Du coup, ils ne s'adressaient pas directement à moi, ils posaient les questions qui me concernaient à ma compagne, c'est-à-dire qu'ils parlaient de moi devant moi comme si je n'étais pas là ("Il vient d'où ? Il aime les sushis ?", etc.).
Ceci dit, je n'ai ressenti aucun signe de rejet de leur part. Au contraire, les Occidentaux sont rares dans la région, et j'étais plutôt un objet de curiosité. Pour tout dire, je n'ai vu aucun Occidental entre le moment où je suis descendu du train et le moment où je l'ai repris cinq jours plus tard ! Petite anecdote : dans un centre commercial, un jeune garçon trisomique m'a aperçu, et je pense que j'étais le premier Occidental qu'il voyait, en tout cas c'était tout comme. Il a écarquillé les yeux et s'est mis à marcher droit vers moi, bien décidé à tâter la marchandise, et sa mère a dû le rattraper par les épaules pour l'écarter de ses projets.
Loin des grandes villes, la relation à la famille est restée assez traditionnelle. J'ai rendu visite à une famille dans une maison où quatre générations cohabitent. L'arrière-grand-mère a dans les 95 ans, et la plus jeune fille a une dizaine d'années. La maison a beau être grande, ce ne doit pas être facile tous les jours, et je me suis laissé dire que certaines animosités existaient. Même si cet exemple de quatre générations est un peu extrême, il n'est pas si rare que ça au Japon, et il est même fréquent que trois générations vivent sous le même toit, surtout dans les campagnes.
Dans la rubrique "tourisme", j'ai visité un village avec des maisons autrefois habitées par des samouraïs, et entretenues comme à l'époque. Ce village abrite un petit musée présentant de magnifiques armures, et où on peut aussi découvrir le travail artisanal du bois de cerisier. La mer n'étant pas très loin, une journée sur le littoral pour déguster des fruits de mer, ça vaut également le coup, et j'ai pu manger les huitres les plus grosses que j'avais jamais vues ! A 6 € l'huitre, quand même... La plage était déserte et l'eau à température idéale, on se serait cru en Corse.
Et à part ça, dans l'hôtel il y avait une piscine, un onsen (avec rotenburo, c'est-à-dire un bassin extérieur), un sauna, une chambre à la japonaise... Et puis bien sûr, les repas traditionnels. Le poisson grillé ou les champignons au petit-déjeuner, j'ai encore un peu de mal, mais on s'y habitue. Par contre, les sushis bien frais, qui fondent dans la bouche, dès le matin, ça le fait.
A l'écart de l'éclairage urbain, on peut également savourer le spectacle d'un planétarium grandeur nature et méditer sur la chance qu'on a d'être ici. Une semaine de rêve, je vous dis !