dimanche 5 août 2018

Des vacances à la campagne
Je suis enfin en vacances ! Et cette année, j'ai décidé de prendre un grand bol de verdure. J'ai embarqué dans le Shinkansen (le TGV japonais) jusqu'à la préfecture d'Akita, au nord-ouest de l'ile de Honshû (la principale des iles qui forment l'archipel). Mais je ne suis pas allé jusqu'à la ville d'Akita, je suis descendu avant, en pleine campagne, pour y passer une petite semaine de rêve, et découvrir un Japon que je connaissais moins bien, le Japon rural.
La première chose qu'on remarque, dès que le train quitte les zones urbaines, c'est que le Japon produit une énorme quantité de riz. Dans les plaines, ce ne sont que rizières immenses, d'un vert émeraude uniforme, sublime. La région où je séjournais, près de la ville d'Ômagari, est cerclée de montagnes, et même quand on prend un peu d'altitude, la moindre parcelle plate est consacrée à la culture du riz. Les systèmes d'irrigation doivent être vraiment au point, parce que lors de mon séjour, le temps était particulièrement sec (il a fait très beau et très chaud), ce qui n'empêchait pas la terre des champs de riz d'être imbibée d'eau, à la limite du marécageux. Quand je parle de montagne, il ne s'agit pas de haute montagne, on est loin des paysages alpins, mais en hiver, les stations de ski de la région sont assez populaires.
Outre le riz, les autochtones semblent assez fiers de leur lavande, mais sa culture reste anecdotique.
J'ai pu louer un vélo à l'hôtel, et faire un petit tour pour me plonger davantage dans les paysages du Japon profond. Mais je ne me suis pas aventuré bien loin car c'est assez dangereux : les montagnes alentours sont infestées d'ours. Moi, je trouve ça plutôt mignon, un ours, et il y en a si peu en France que ça parait exotique, j'aurais bien aimé en voir un. Mais ici, personne ne se laisse attendrir. Partout, des panneaux vous mettent en garde, et dans l'hôtel, on vous explique la conduite à tenir pour éviter de les attirer, et que faire si par malchance vous en croisez un. Des attaques mortelles ont lieu tous les ans, alors ça rigole pas.
Une des choses qui marque le plus le voyageur, c'est qu'à Akita, les gens ne parlent pas le japonais, ils parlent le dialecte d'Akita. Déjà que mon japonais est encore insuffisant pour une conversation moyenne, autant vous dire que là, la communication avec les autochtones était bien difficile. Le dialecte d'Akita (en japonais : Akita-ben), c'est un peu comme un fort accent. La prononciation est sensiblement différente, certains mots et expressions n'apparaissent que dans la région, c'est pratiquement inaccessible pour quelqu'un comme moi en cours d'apprentissage du japonais. Les locaux sont capables de comprendre le japonais standard (qu'ils appellent "langue de Tôkyô") puisqu'ils l'entendent à la télé, mais ils ont souvent beaucoup de mal à le parler, et ils sont un peu gênés devant une personne qui ne peut pas les comprendre. Du coup, ils ne s'adressaient pas directement à moi, ils posaient les questions qui me concernaient à ma compagne, c'est-à-dire qu'ils parlaient de moi devant moi comme si je n'étais pas là ("Il vient d'où ? Il aime les sushis ?", etc.).
Ceci dit, je n'ai ressenti aucun signe de rejet de leur part. Au contraire, les Occidentaux sont rares dans la région, et j'étais plutôt un objet de curiosité. Pour tout dire, je n'ai vu aucun Occidental entre le moment où je suis descendu du train et le moment où je l'ai repris cinq jours plus tard ! Petite anecdote : dans un centre commercial, un jeune garçon trisomique m'a aperçu, et je pense que j'étais le premier Occidental qu'il voyait, en tout cas c'était tout comme. Il a écarquillé les yeux et s'est mis à marcher droit vers moi, bien décidé à tâter la marchandise, et sa mère a dû le rattraper par les épaules pour l'écarter de ses projets.
Loin des grandes villes, la relation à la famille est restée assez traditionnelle. J'ai rendu visite à une famille dans une maison où quatre générations cohabitent. L'arrière-grand-mère a dans les 95 ans, et la plus jeune fille a une dizaine d'années. La maison a beau être grande, ce ne doit pas être facile tous les jours, et je me suis laissé dire que certaines animosités existaient. Même si cet exemple de quatre générations est un peu extrême, il n'est pas si rare que ça au Japon, et il est même fréquent que trois générations vivent sous le même toit, surtout dans les campagnes.
Dans la rubrique "tourisme", j'ai visité un village avec des maisons autrefois habitées par des samouraïs, et entretenues comme à l'époque. Ce village abrite un petit musée présentant de magnifiques armures, et où on peut aussi découvrir le travail artisanal du bois de cerisier. La mer n'étant pas très loin, une journée sur le littoral pour déguster des fruits de mer, ça vaut également le coup, et j'ai pu manger les huitres les plus grosses que j'avais jamais vues ! A 6 € l'huitre, quand même... La plage était déserte et l'eau à température idéale, on se serait cru en Corse.
Et à part ça, dans l'hôtel il y avait une piscine, un onsen (avec rotenburo, c'est-à-dire un bassin extérieur), un sauna, une chambre à la japonaise... Et puis bien sûr, les repas traditionnels. Le poisson grillé ou les champignons au petit-déjeuner, j'ai encore un peu de mal, mais on s'y habitue. Par contre, les sushis bien frais, qui fondent dans la bouche, dès le matin, ça le fait.
A l'écart de l'éclairage urbain, on peut également savourer le spectacle d'un planétarium grandeur nature et méditer sur la chance qu'on a d'être ici. Une semaine de rêve, je vous dis !

5 commentaires:

  1. Ça fait envie... Même les ours

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  2. Un ours c'est mignon en doudou oui!
    Tu aurais fait quoi face à lui sur ton vélo?!
    C'est quoi les recommandations? Ne pas crier, ne pas courir et lui parler gentiment?

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    1. J'ai eu des recommandations contradictoires : lever les bras pour être plus grand que lui et crier pour l'effrayer, ou bien reculer doucement sans l'exciter. Donc, si j'avais rencontré un ours, je serais mort !

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    2. Ah ah!
      Euh...plus grand que lui les bras levés, pas sûr! ;)

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  3. J'adore toujours ta façon de raconter les choses.... merci 😉

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