jeudi 23 février 2023

Une petite marche pour une grande cause

 Ça faisait bien longtemps, bien trop longtemps, que je ne m'étais pas sauvé à travers bois, pour échapper pendant quelques heures à la société (j'emploie à dessein ce mot galvaudé pour sa polysémie). Trop occupé par le travail, dépassé par le rythme entêtant des jours et des semaines laborieux, embourbé dans mon quotidien, je n'arrivais plus à me ménager ces moments de fugue. Et j'en étais triste, très triste.
Et puis.
Et puis ça faisait un moment aussi que je me disais qu'il fallait passer à l'action, faire quelque chose pour le vivant. Faire quelque chose, n'importe quoi qui puisse traduire en acte mon inquiétude et ma colère de voir l'éradication de la nature qui avance à grands pas, et ses conséquences inéluctables qui se précisent et se rapprochent. N'importe quoi qui va dans le sens opposé à l'extractivisme. N'importe quoi qui puisse sonner comme un "non", comme un "stop", comme un "arrêtons". Même si ça ne sert à rien, parce qu'Elon Musk et Jeff Bezos sont plus forts que moi, même si ça ne sert à rien, parce que la prochaine COP 28 sera présidée par le PDG d'une grande compagnie pétrolière (ça sonne comme une sale blague mais ça n'en est pas une), même si ça ne sert à rien, puisqu'on est fous, puisqu'on est seuls, puisqu'ils sont si nombreux... Faire quelque chose, même quelque chose qui ne sert à rien, c'est toujours mieux que de ne rien faire du tout, pour au moins une raison : parce que c'est devenu insupportable de rester les bras ballants.
J'ai trouvé une ONG qui organise chaque dimanche une sortie dans la nature, alors malgré ma réticence à crapahuter en groupe, je me suis joint à eux.
La marche en soi n'était pas une grande ascension où j'en ai sué, comme j'ai déjà connu. C'était plutôt tranquille, une promenade de santé. Mais ce qui comptait surtout, pour moi, c'était que cette excursion était en compagnie de cette ONG, donc, Friends Of The Earth, et plus exactement de sa branche locale, Friends Of The Earth Japan. Il n'y a pas besoin de s'inscrire, il suffit de se rendre au rendez-vous indiqué pour participer, moyennant une petite contribution pour la carte de l'itinéraire et pour le café, et surtout pour soutenir la cause. Même si en général je préfère avancer à mon rythme et dans le silence (ou plutôt, à l'écoute du bordel qui s'agite dans ma tête), ce n'était pas désagréable de profiter de cette petite rando pour échanger quelques mots autour d'une cause commune. D'ailleurs, je n'ai pas rencontré que des obsédés de l'environnement, on discute aussi de tout et de rien, comme ce petit vieux qui me faisait écouter de vieilles chansons françaises, dont certaines chantées par des Japonais ! Il faut dire qu'ils étaient plutôt surpris d'avoir un gaijin - un étranger - parmi eux, apparemment, ce n'est pas si souvent. Je suis content et même fier d'avoir pu m'intégrer à ce groupe à la noble cause. La seule cause valable, en vérité.
Je n'exclus pas de me joindre à eux pour d'autres balades, mais surtout, maintenant que le contact est pris, je me demande comment participer à des actions plus militantes. Je vais étudier attentivement leur site (et mon emploi du temps serré) pour réfléchir à ça. Je n'ai pas la moindre idée de la forme que pourrait prendre mon engagement, mais peu importe, il faut faire quelque chose. Le temps est venu.











Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire