samedi 26 novembre 2016

Le marché de Tsukiji
Le côté sur-urbanisé de Tôkyô a tendance à masquer un peu la mer juste à côté, et on oublie souvent que la capitale du Japon est un port. Qui dit port dit poissons, et dit marché aux poissons. A deux pas du jardin de Hamarikyû (voir l'article précédent) se trouve le marché de Tsukiji, le plus important du pays en matière de fruits de mer. Le marché professionnel est fermé le dimanche, et je n'aurai donc sans doute pas l'occasion d'y aller vu que c'est un peu mon seul jour de congé. Mais juste à côté est situé le marché public, et il y avait foule le jour où je l'ai visité.
Les étals arborent de nombreuses espèces de poissons, ça sent le frais, on a envie de tout gouter... Il n'y a pas seulement des poissons, mais aussi toutes sortes de coquillages, et des produits dérivés, poisson séché, poulpes, sauce, des couteaux, des plats pour cuire à la vapeur, etc.








On peut venir à Tsukiji pour faire ses courses, on peut aussi y venir pour se régaler dans un des très nombreux restaurants. Si les restaurants sont si nombreux dans un si petit périmètre, c'est qu'ils sont souvent minuscules, tout en longueur.
On y trouve même un "bar à oursins", où on déguste debout les oursins préparés sous vos yeux.


Les huitres se mangent cuites à la vapeur ou crues avec de la sauce soja. Je n'en avais jamais vu d'aussi grosses ! Pas question de les gober en une bouchée, et c'est d'ailleurs bien la première fois que je croque une huitre !... Pour le gout, ça ne change pas vraiment, c'est-à-dire que ça n'a pas beaucoup de gout, mais c'est bon quand même.
Quant aux sushis, si vous aimez ça, c'est à Tsukiji qu'il faut aller...
Le marché de Tsukiji est ancien, il commence à être vétuste, et il ne répond plus aux normes antisismiques. Il est donc prévu de le transférer. Le problème, c'est que le site destiné à accueillir le nouveau marché fait l'objet de scandales à répétitions depuis quelques années, et les polémiques se sont intensifiées ces derniers mois. La presse japonaise rapporte régulièrement des problèmes de malversations financières et de travaux faits à la la-vite. Le dernier scandale en date fait état d'une dépollution inachevée, et il semble qu'il resterait des traces de mazout dans le sol du nouveau site. Pour un marché aux poissons, ça la fout mal. En fait, le déménagement aurait déjà dû avoir lieu, mais face aux polémiques, la date a été sans cesse repoussée. La nouvelle gouverneur de Tôkyô a promis que le transfert n'aurait pas lieu tant que les problèmes n'auraient pas été réglés, sans doute pas avant l'année prochaine. Il vous reste donc quelques mois pour venir découvrir Tsukiji !

samedi 19 novembre 2016

Le jardin de Hamarikyû
Au fil des saisons... Les cigales de l'été ont replongé dans le silence courant septembre, me laissant bien nostalgique. Les typhons ont marqué la transition vers la saison suivante, puis à leur tour ont disparu. L'automne est à présent bien installé. Les journées sont assez souvent ensoleillées, mais les matinées et les soirées sont très fraiches. Ce matin, j'ai vu le premier givre posé fragilement sur les potagers. Les arbres se parent de rouille, c'est le moment idéal pour respirer un peu de verdure. Je suis allé me promener dans le jardin Hamarikyû, en plein cœur de Tôkyô...
Ce jardin classé "site d'exception" et "site historique" a été aménagé au 17ème siècle par la famille du shôgun Ienobu Tokugawa dans le but, notamment, de pratiquer la chasse aux canards. Donnant sur la baie de Tôkyô, l'étang d'eau de mer est régulé par une écluse qui permet de faire monter ou descendre le niveau au gré des marées. Plusieurs espèces de poissons et d'oiseaux y trouvent refuge, et les canards, pas rancuniers, sont également très nombreux. Les trois pavillons de thé ont été restaurés et on y sert toujours le matcha.
Bref, une promenade sous le signe de la sérénité, mais voyez plutôt.






 Ci-dessous, le pin tri-centenaire, dont les lourdes branches sont soutenues par les piliers.

lundi 14 novembre 2016

Les mascottes
Quand on veut faire la promotion de quelque chose au Japon, rien de tel qu'une mascotte. Ici, on les appelle yuru-kyara, ce qui pourrait se traduire par personnage décontracté. Une mascotte est représentée en général par un acteur déguisé dans un gros costume avec une grosse tête, un personnage de carnaval, quoi. Si la mascotte a du succès, elle peut être déclinée en de nombreux produits dérivées : tee-shirts, portes-clés, autocollants, etc.
La mascotte sert à promouvoir n'importe quoi : une équipe de foot, une ligne de train, les pompiers, le don du sang, une spécialité culinaire, n'importe quoi. Ce gros chien rouge, par exemple, c'est Chiba-kun. Il sert à faire la promotion de la préfecture de Chiba, et son nom est un astucieux jeu de mots : en japonais, la préfecture de Chiba se dit Chiba-ken (comme dans mon adresse !), mais Chiba-kun se traduirait par le petit Chiba, comme on parle du petit Nicolas. Si vous le regardez de profil, sa silhouette est dessinée selon la forme géographique de la préfecture de Chiba. Sur ces photos, Chiba-kun fait la quête, je crois que c'est pour la Croix-Rouge locale. Il est plutôt populaire dans la région, mais je ne connais pas sa popularité ailleurs. Pour certaines mascottes, le succès dépasse largement les frontières de la préfecture d'origine, comme Kumamon, l'ours noir qui sert à représenter l'image de la préfecture de Kumamoto.


Certaines mascottes remportent moins de succès, et de petits malins s'amusent d'ailleurs à élire chaque année la mascotte la plus moche.
Parfois, je pense que c'est plutôt les acteurs qui se glissent dans le costume qui ont moins de chance : quand on sait la chaleur qu'il faisait ce jour-là, on imagine la souffrance de ce poussin qui a l'air perdu... Ah non, ça y est, il a trouvé des amis, ouf !







Malgré leur aspect "peluche géante", ne croyez pas que seuls les enfants adorent les mascottes, les adultes les aiment tout autant, chacun a souvent sa préférée. Le grand plaisir, pour petits et grands, est de se faire prendre en photo aux côtés de la mascotte sortie pour faire un coup de promo.

Quant à moi, je ne me suis encore fait jamais prendre en photo aux côtés d'une mascotte, mais le jour où je me lance, je vous envoie le résultat. Ou pas.

dimanche 6 novembre 2016

C'est ça, Halloween !
Au Japon pas plus qu'en France, Halloween n'est une fête traditionnelle. Cet évènement a été importé des Etats-Unis pour des raisons commerciales, l'empire Disney n'y étant pas pour rien (la promotion de Disneyland Tokyo étant intimement liée à l'essor d'Halloween au Japon). Il y a 20 ans, personne ne fêtait Halloween ici.
Il existe bien quelques résistances : différents groupes liés à l'extrême droite japonaise rejettent cette tradition parce qu'elle n'est pas purement nippone, et ont occasionnellement organisé des manifestations contre l'invasion de la culture étrangère. A leur décharge, il faut avouer que les étrangers, de passage ou résidents au Japon, ne se comportent pas toujours très bien, et certains d'entre eux cherchent à réhabiliter l'esprit d'Halloween au sein des festivités en s'amusant à taquiner les passagers dans le métro (l'esprit "Trick or treat"). Mauvaise idée, car si Halloween s'est si bien implanté au Japon, c'est justement parce que les Japonais ont su l'adapter à leur culture, et leur culture est difficilement compatible avec la démarche qui consiste à aller emmerder des inconnus juste pour rigoler.
Les Japonais sont tout à fait conscients de l'alibi commercial qui domine cette fête. Comment ne le seraient-ils pas, devant l'abondance de produits en rapport avec le thème qui, de début septembre à début novembre, s'étale dans tous les rayons : confiseries, objets de décorations, gadgets en tous genres, tee-shirts, chaussettes, casquettes, jouets, etc., et bien sûr, déguisements. Les Japonais adorent se déguiser, vous avez d'ailleurs sans doute déjà entendu parler du cosplay, et si le mot "cosplay" est la contraction de deux mots d'origine anglaise ("costume", "player") l'association de ces mots et le concept qui correspond sont purement japonais. On dit que le masque permet de relâcher la pression sociale, particulièrement prégnante dans la culture japonaise. C'est sans doute vrai, mais je ne vais pas me lancer ici dans une analyse psychosociale du déguisement. Le résultat est que si on donne aux Japonais un bon prétexte pour se déguiser, ils ne vont pas se priver, peu importe que cette tradition vienne d'ailleurs ou que les entreprises du grand capital ne fassent en vérité que manipuler les masses par la communication publicitaire pour gagner de l'argent sur le dos des travailleurs. Alors on met ses scrupules aux oubliettes et on fait la fête.
A l'école où je travaille, la préparation d'Halloween nous a occupés pendant un bon mois. Les parents ont joué le jeu bien plus que je l'imaginais, et tous sont venus déguisés. Bien entendu, les déguisements en rapport avec le thème de l'horreur sont très présents, mais là n'est pas l'essentiel, et tous les costumes sont les bienvenus. Quand d'habitude on croise les pères en costume-cravate et les mères en tailleur, ça fait drôle de les voir arriver en squelette, en chevalier, en sorcière ou en Blanche-Neige ! Je peux vous dire qu'ils avaient mis le paquet, et les costumes étaient sacrément beaux ! Quant à moi, j'ai organisé un jeu : en résumé, j'étais déguisé en monstre, et les enfants devaient attraper des mots en français sur le "corps" du monstre (un carton), et les classer dans la bonne catégorie. S'amuser en révisant son français ! C'est dommage mais non, je n'ai pas de photo, et quand bien même j'en aurais, je ne pourrais pas vous les montrer pour cause de confidentialité scolaire et de protection des élèves... En tout cas, les parents étaient ravis, les enfants se sont, comme il se doit, gavés de bonbons, et j'ai eu les félicitations de ma direction.
A part ça, j'ai aussi fêté Halloween au 80's Café, et ça donne ce que vous voyez sur les photos ci-dessous. Une excellente soirée, bonne rigolade, rencontres sympas, comme toujours au 80's.
 Le zombi, à gauche, c'est moi !
 


Quand on porte un masque, il faut boire sa bière à la paille, c'est pas pratique ! 




A la fin de la soirée, on tombe les masques...


La fée Clochette en avait un coup dans l'aile, et c'était pas la seule...











Le samedi soir, direction Shibuya avec mon collègue et ami Romain, plus quelques autres copains. Et c'était de la folie ! Le carrefour de Shibuya est déjà réputé pour être le plus grand du monde, brassant des milliers de piétons chaque jour, et là il était complètement envahi de milliers de gens déguisées !...  J'ai lu qu'environ 100 000 personnes s'étaient rassemblées ce soir-là dans le quartier. Certaines rues étaient même interdites à la circulation pour laisser tout le monde parader. Pour une tradition récente et totalement artificielle, c'est incroyable de constater à quel point les Japonais ont intégré Halloween parmi leurs festivals. L'ambiance était bon enfant, les déguisements souvent magnifiques, j'ai vraiment adoré. Mais voyez plutôt...


 





Dès que les festivités d'Halloween se sont terminées, les rayons des magasins et les décorations des rues se sont soudainement et totalement transformées... Maintenant, on prépare Noël !!!...