vendredi 26 mai 2017

Matsuri à Asakusa
Asakusa est un quartier que j'adore parce qu'il est resté très traditionnel. Si vous avez une vision stéréotypée du Japon, c'est dans les rues d'Asakusa que vos images prendront corps. C'est un endroit très touristique mais pas dans le sens péjoratif, "fait pour les touristes" ; c'est son "authenticité" qui attire les touristes (je n'aime pas beaucoup ce mot ! Comme si Akihabara ou Shinjuku étaient moins authentiques !). D'ailleurs, les Japonais ne s'y trompent pas et ils restent majoritaires dans la foule qui fréquente les arcades et les boutiques d'Asakusa. On vient ici pour acheter des souvenirs, pour se recueillir au temple Senso-ji, immense et magnifique (on dit que c'est le plus ancien de Tôkyô), on vient pour se restaurer, se promener en famille, entre amis, en couple... Je crois que venir à Asakusa, c'est avant tout se ressourcer.
 

Alors pour mon premier matsuri de l'année (si on exclut celui de la nuit de la Saint-Sylvestre), Asakusa était le lieu idéal, surtout en ce dimanche digne d'une journée d'été. Les matsuris, vous vous souvenez, ce sont ces fêtes traditionnelles, souvent liées à une célébration religieuse (vous pouvez relire l'article de l'année dernière ici). Le matsuri d'Asakusa s'appelle le Sanja Matsuri et est réputé pour être un des plus importants de Tôkyô en nombre de visiteurs.

Pour vous situer l'ambiance, tout d'abord, qui dit matsuri dit wafuku, c'est-à-dire vêtement traditionnel. Les vêtements traditionnels japonais ne se limitent pas au kimono, même si c'est en général le nom que les Occidentaux utilisent pour toutes les tenues japonaises. Un dimanche de fête comme ça, c'est l'occasion typique pour se faire beau, et les gens rechignent très rarement à se laisser prendre en photo, il suffit de demander avec un grand sourire pour que les Japonais prennent la pause en vous rendant votre sourire au centuple. Moi, je n'en finis pas de m'émerveiller en admirant ces tenues, elles sont toutes plus belles les unes que les autres, je ne m'en lasse pas.
Ensuite, qui dit matsuri dit yatai, c'est-à-dire stand, ou échoppe. Dans ces petites baraques, on peut acheter, non seulement à boire et à manger, mais aussi des jouets, des éventails, etc. C'est un régal, et le plus dur pour moi est de choisir, parce que j'ai toujours envie de tout manger. Ce jour-là, j'ai jeté mon dévolu sur ces délicieuses brochettes au crabe. Et étant donné la chaleur, je me suis gavé de Ramune (une sorte de limonade) et de kakigôri, c'est-à-dire de la glace pilée avec du sirop.
Enfin, qui dit matsuri dit mikoshi, c'est-à-dire autel portatif. Ces mikoshis sont transportés à travers tout le quartier afin d'attirer les bonnes grâces des dieux. Pour s'encourager (un mikoshi peut peser jusqu'à une tonne), les porteurs scandent des "wasshoi ! wasshoi !", et même si tout le monde transpire à grosse gouttes, chacun des participants a le sourire aux lèvres. L'ambiance qui se dégage de ces processions est fantastique, pleine d'une énergie positive qui se transmet à tous les spectateurs. Je rêverais de participer au transport d'un mikoshi, un jour, pour voir... Mais il ne s'agit pas de s'inscrire, il faut être invité par une connaissance, c'est un privilège réservé aux initiés.
C'est incroyable, tous les mikoshis qu'il y a au Sanja Matsuri. Quand on se promène dans le quartier, on en croise à chaque coin de rue.




La plupart du temps, les mikoshis sont portés par des hommes, même si on voit de plus en plus de groupes de porteurs mixtes ou entièrement féminins. Par contre, je n'avais jamais vu autant d'enfants participer à un matsuri. Non seulement ils jouent de la musique, mais j'ai même vu un petit mikoshi spécial transporté exclusivement par des enfants.


Et pour les plus jeunes, un mikoshi miniature fait l'affaire ! Ils étaient trop mignons ces deux-là, en train de manger leur kakigôri !







Dans le cadre de ce matsuri, j'ai aussi regardé quelques minutes d'un extrait d'une pièce de kabuki (théâtre traditionnel), mais je crois que pour se plonger vraiment dans le spectacle, il faut suivre le déroulé complet. Je pense qu'on ne peut pas vraiment apprécier le kabuki en en voyant comme ça, en passant, en plein air, entre deux brochettes.

Pour finir, voici une photo d'une autre tenue traditionnelle qui a de quoi surprendre. Non non, il a pas perdu son pantalon, le monsieur ! Il porte un fundoshi, un pagne traditionnel pour homme, et ici, ça ne fait rire que les Occidentaux.

mardi 9 mai 2017

Shibamata
Il faut vraiment habiter au Japon pour avoir l'idée d'aller visiter Shibamata. C'est une toute petite ville, elle ne figure dans aucun guide touristique, et il est nécessaire d'emprunter un petit tortillard pour s'y rendre, pas le genre de grandes lignes auxquelles on est habitué quand on voyage à travers le pays. Ce n'est pourtant pas si loin de Tôkyô, une trentaine de minutes peut-être, et ça vaut vraiment le coup. Dès qu'on descend du train, la joyeuse foule qui grouille est la preuve que s'il est inconnu des touristes, cet endroit est réputé auprès des Japonais. Cette célébrité, Shibamata la doit en partie à une série de films produits depuis la fin des années 60 jusqu'au milieu des années 90, C'est dur d'être un homme, dont l'action principale se déroule dans la bourgade. Une statue du héros, Tora-san, trône d'ailleurs sur la place à la sortie de la gare. Mais le décor des déboires amoureux de Tora-san n'est pas le seul centre d'intérêt de Shibamata, loin de là.
La petite rue piétonne a su, à l'instar de Yanesen (voir l'article correspondant) conserver son atmosphère à l'ancienne. Les charmantes petites échoppes proposent des tas de gourmandises traditionnelles, salée ou sucrées, on trouve aussi des boutiques de confiseries au parfum d'autrefois, les façades des maisons en bois nous plongent dans le passé, il ne manque que le bruit des socques battant le pavé pour parfaire l'atmosphère d'antan. Dépaysement assuré.
Au bout de cette petite rue se trouve un joli petit temple, le Taishakuten. Un très joli temple, en fait. Ses façades sont totalement ornées de sculptures sur bois. Une multitude de panneaux racontant la vie du bouddha recouvre tout le bâtiment. C'est délicat et minutieux, on pourrait passer des heures à contempler chaque détail, à étudier la représentation de telle ou telle scène, c'est magnifique.

























Tout proche de là se situe un jardin japonais. Un petit jardin tout ce qu'il y a de plus classique. Sauf que là encore, c'est super beau, et ça fait un bien fou de se promener autour du petit étang, en empruntant la passerelle couverte. Hors de l'espace, hors du temps, de quoi combler mon besoin de verdure, connexion avec soi-même...
Une simple petite visite, un jour de vacances, mais tellement, tellement agréable.

lundi 1 mai 2017

Arts
Moi qui vante depuis longtemps les qualités de Paris pour ce qui est de sa richesse culturelle, moi qui me suis émerveillé tant de fois au Louvre ou à Orsay, moi qui ai visité tant et tant d'expos, grandes ou confidentielles, j'aurais été bien frustré si la vie artistique de Tôkyô n'avait pas été à la hauteur de mes besoins d'images, d'imaginaires. Mais c'est loin, très loin d'être le cas. Il me reste encore beaucoup d'endroits à visiter, mais je suis déjà comblé.
Je ne vais pas vous faire un listing de tous les musées à voir absolument ou des expos immanquables - vous trouverez ça dans tous les guides touristiques - mais voici quelques impressions parfaitement subjectives de ce que la capitale nippone peut proposer, à titre d'exemple.
En matière d'art, le quartier où je me rends le plus fréquemment, c'est Roppongi. C'est souvent sous une araignée géante qu'on se donne rendez-vous : il s'agit d'un des douze exemplaires de Maman, une oeuvre de la Française Louise Bourgeois. Un hommage à sa mère, parait-il...
On compte à Roppongi au moins trois musées importants. Je n'ai pas vu que des chefs-d'oeuvre au Mori Art Museum, mais l'expo sur le thème Art et univers était vraiment bien faite. Je garde en particulier un souvenir ému de la projection complète (quatre murs, sol et plafond), dans une grande salle, qui vous plonge totalement dans une tornade lumineuse et enivrante, un véritable moment de grâce.
J'ai vu aussi une expo très originale sur la représentation du musée du Louvre (oui oui, le vrai, celui de Paris !) à travers quelques exemples de bandes dessinées.
Non loin de là se trouve le musée qui pour l'instant reste mon préféré, le National Art Center. Toutes les expositions que j'y ai vues étaient absolument fabuleuses.




La rétrospective Dali était incroyable, très complète, et permettait de retracer son parcours de façon précise et passionnante.


L'expo sur Mucha était surprenante parce qu'en plus des oeuvres produites par Mucha en tant qu'illustrateur, que tout le monde connait notamment à travers les affiches de Sarah Bernhardt, on pouvait admirer des toiles géantes époustouflantes.
Mais l'expo qui m'a le plus marqué dans ce musée, c'est sans conteste celle consacrée à Yayoi Kusama. Là encore, une quantité d'oeuvres à donner le tournis, qui offrait un panorama très large sur le travail de l'artiste.







J'ai aussi eu l'occasion de visiter le musée Ghibli, dont l'objectif est de présenter l'ensemble du travail produit par les studios Ghibli (célèbres dans le monde entier notamment grâce aux oeuvres de Hayao Miyazaki, Le voyage de Chihiro, Princesse Mononoke, etc.). On commence par expliquer ce qu'est, précisément, un dessin animé, puis on passe en revue tous les postes de la chaine de création. C'est très clair, accessible à tous, c'est beau et c'est intéressant. Super visite. Seul hic : il faut réserver son billet un mois à l'avance !
Tout ça pour dire que malgré mon attachement à Paris en tant que ville des arts, le Louvre et Orsay ne me manquent pas.