Matsuri à Ichigaya
Je me suis rendu à un matsuri à Ichigaya, près de Shinjuku. A cause du travail, je suis arrivé assez tard, et je regrette vraiment car le programme avait l'air alléchant.
Il ne s'agissait pas d'un matsuri comme j'en ai l'habitude, avec un défilé dans la rue. L'ambiance était beaucoup plus calme, voire feutrée. Le public était assis, on aurait davantage dit un spectacle. Seul le fait qu'on se trouvait dans un sanctuaire rappelait la dimension religieuse de l'évènement. Il n'y avait pas beaucoup de monde, ce qui conférait à l'atmosphère un caractère intime, confidentiel, voire secret.
J'ai d'abord assisté à une démonstration d'art martial, je n'ai pas bien saisi le nom, mais il s'agissait de katas (c'est-à-dire des enchainements chorégraphiés) avec un sabre en bois, comme on en pratique au kendô. Je crois c'est une ancienne forme de kendô, peut-être le ken-jutsu. Pour moi, forcément, c'était passionnant de pouvoir observer les différences et les similitudes avec ma propre pratique.
Il y a eu ensuite une démonstration de iaidô, qui se pratique avec un katana (un sabre réel). Ça, j'en avais souvent vu en France (mon ancien prof de kendô pratiquait le iaidô à un haut niveau). Pour les non initiés, ça doit être assez étrange d'assister à ce type de chorégraphie sans avoir la moindre idée de la signification de tous ces gestes.
Ensuite, il y a eu un concert de musique sacrée, c'était en fait la principale raison qui m'amenait à ce matsuri, et même si la représentation était assez courte, je suis très heureux d'avoir pu entendre cette musique de mes propres oreilles. Je connaissais déjà ce type de sonorités, mais avoir l'orchestre en face de soi, tout près, qui plus est dans l'enceinte d'un sanctuaire, c'est une véritable expérience mystique. Tout d'abord, les sons paraissent terriblement dissonants, on aurait presque envie de se boucher les oreilles tellement les couinements des instruments tranchent avec les harmoniques auxquelles la culture occidentale nous a habitués ; on aurait presque envie de rire tant on a du mal à qualifier ces bruits de musique. Et puis au bout de quelques minutes, une certaine profondeur s'installe, on cesse de sourire, les barrières tombent et on se laisse porter. Plus que ça, même, on se retrouve totalement envoûté. La musique nous pénètre, ce n'est plus de la musique, c'est une vibration, une respiration qui prend possession de nous. Le tempo lent nous fait sentir à quel point chaque instant est unique, on se retrouve plongé au cœur du présent. Il suffirait de fermer les yeux pour entrer en transe.
Mais fermer les yeux, ce serait se priver du spectacle, car bientôt des danseurs arrivent, parés de somptueux costumes. Les gestes semblent effectués au ralenti, et une fois de plus, sont en rupture totale avec les repères occidentaux. Autrefois, ces chorégraphies avaient une signification religieuse, il ne s'agissait pas d'une simple danse mais d'une prière. Aujourd'hui, seule l'esthétique reste, laissant au spectateur toute la latitude pour investir de ses propres élans transcendantaux les mouvements qui ondoient en communion avec l'air. Tout prend forme dans l'obscurité du cœur secret.
Qu'il est bon de prendre le temps de se connecter à soi-même.
Mais fermer les yeux, ce serait se priver du spectacle, car bientôt des danseurs arrivent, parés de somptueux costumes. Les gestes semblent effectués au ralenti, et une fois de plus, sont en rupture totale avec les repères occidentaux. Autrefois, ces chorégraphies avaient une signification religieuse, il ne s'agissait pas d'une simple danse mais d'une prière. Aujourd'hui, seule l'esthétique reste, laissant au spectateur toute la latitude pour investir de ses propres élans transcendantaux les mouvements qui ondoient en communion avec l'air. Tout prend forme dans l'obscurité du cœur secret.
Qu'il est bon de prendre le temps de se connecter à soi-même.
Musique tout à fait envoûtante c'est vrai! Même derrière l'écran...
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