samedi 24 février 2018

Kawagoe
A une heure de Tôkyô en train (30 minutes si on prend un rapide), vers le nord, se trouve la petite ville de Kawagoe. Surnommée la petite Edo, en référence à l'ancien nom de Tôkyô, Kawagoe recèle en effet de nombreux bâtiments historiques, alors que ceux de la capitale ont en grande partie été détruits par les incendies et les bombardements.
Le gros plaisir de la visite, c'est qu'effectivement, l'alignement des maisons anciennes est assez unique (si on exclut la merveilleuse Kyôto), et nous plonge directement dans un délicieux Japon à l'ancienne. Les charmantes petites rues voient fleurir des restaurants et des magasins de confiseries traditionnelles, on se croirait dans un film d'époque, d'autant plus que beaucoup de femmes (et quelques hommes) portent des vêtements traditionnels. Quand on vient de quitter les buildings de verre de Tôkyô, le dépaysement est assuré.
L'emblème de la ville, c'est le clocher, Toki no Kane, qui sonne quatre fois par jour (j'ai eu la chance d'arriver exactement à l'un de ces quatre moments). Le son de cette cloche a été sélectionné comme l'une des cent ambiances sonores du Japon, dans le cadre d'une campagne de préservation du patrimoine menée par le Ministère de l'Environnement.










Le point noir de Kawagoe, c'est que la principale rue commerçante est un important axe de circulation, et que la promenade s'en trouve fortement affectée. Voitures, camions et autres autobus viennent sans cesse perturber l'atmosphère et polluer la sérénité de votre déambulation. Selon moi, la ville gagnerait beaucoup à rendre l'axe piétonnier.
Il y a de nombreuses spécialités culinaires à Kawagoe, dont beaucoup sont à base de patate douce. C'est une tentation permanente, et il vaut mieux éviter d'aller là-bas si on est en plein régime. Ce n'est pas mon cas, alors je me suis goinfré toute la journée. J'avais un excellent prétexte : c'était de la curiosité culturelle.
Pour apprécier pleinement cette excursion, je pense que j'aurais dû me rendre à Kawagoe au début de mon séjour au Japon, parce que finalement, on en a vite fait le tour. Mais puisqu'il n'est pas possible d'aller à Kyôto tous les weekends, cette visite m'a fait malgré tout le plus grand bien, et j'ai pu remplir mes yeux d'images traditionnelles, qui me font toujours autant rêver.

mardi 6 février 2018

L'éclipse de Lune
Vous l'avez vue, l'éclipse du 31 janvier ? Je ne sais pas comment c'était, vu de France, mais d'ici, on en a bien profité.
Moi, j'aime bien le ciel et les étoiles. Non pas que je m'y connaisse en astronomie ou quoi, mais j'adore rêver le nez planté dans la voûte céleste, c'est sans doute un héritage des aventures du Petit Prince, que j'ai lues quand j'étais enfant. Il y a quelques mois, je suis allé au planétarium d'Ikebukuro, magnifique. Et puis il y a trois semaines, j'ai visité le TenQ, un petit musée de vulgarisation sur l'espace, charmant. Alors quand j'ai lu qu'on annonçait une éclipse de Lune toute particulière (Lune très proche de la Terre, éclipse totale, "Lune de sang"), j'ai noté le rendez-vous dans mon agenda, je ne voulais surtout pas rater ça. C'était un mercredi, je me suis donc sauvé très vite après le cours de français du 80's Café, et je me suis rendu à la Tokyo Sky Tree, non pas pour monter au sommet de la tour mais pour chercher un endroit dégagé où m'installer tranquillement.
Déjà, en quittant Akihabara, la Lune commençait à se teinter légèrement de bleu en disparaissant dans l'ombre de la Terre. Dans la rue, de nombreux Japonais s'arrêtaient pour savourer le spectacle. Mais c'est surtout en arrivant au pied de la Tokyo Sky Tree que j'ai été surpris par l'engouement populaire : quelques télescopes avaient été installés par - me semble-t-il - des amateurs éclairés, et des dizaines et des dizaines de personnes, seules, en couple ou en famille, faisaient la queue pour jeter un œil au phénomène. Sur la terrasse, les parasols chauffants aidaient à braver le froid. D'habitude, c'est le genre de choses contre lesquelles je peste (chauffer l'extérieur !!!), mais j'avoue que là, bon, la nuit étant bien fraiche, je n'ai pas du tout pesté. Sur une table, des tas de paires de jumelles étaient gracieusement à disposition. Si on faisait ça en France, combien de paires de jumelles auraient disparu à la fin de la soirée ? Ici, les gens se servent et les reposent après, c'est naturel. Bref, rien qu'à l’œil nu, le spectacle était déjà impressionnant, mais avec une bonne paire de jumelles, c'était absolument magnifique.
Plus la Lune entrait dans le cône d'obscurité de la Terre, plus elle devenait orange sombre, jusqu'à disparaitre presque complètement. Le croissant orange a lentement glissé de la gauche vers le bas, puis vers la droite de la Lune. Quand celle-ci a commencé à reprendre sa teinte blanche normale, les promeneurs du soir sont progressivement rentrés chez eux, et j'ai pu à mon tour m'approcher d'un télescope, ce qui m'a permis de réaliser ces clichés. Oui oui, on peut coller son téléphone portable à l’œilleton du télescope, je ne le savais pas mais ça fait des super photos !
En japonais, éclipse de Lune s'écrit 月食, ça se prononce "gesshoku" (ou "guéche-chokou" si vous préférez), et les deux idéogrammes qui composent le mot signifient respectivement la Lune et manger. Une éclipse, c'est la Lune qui se fait manger ! Moi, je l'ai dévorée des yeux, et c'était délicieux...