mardi 5 janvier 2021

Kyôto 3 : encore un peu d'évasion

Si vous avez loupé les deux premiers épisodes de mon périple à Kyôto, vous pouvez y accéder ici et .

Quand on rentre d'un voyage qui nous a marqué, beaucoup d'images nous restent en tête. Pour conclure cette petite escapade, voici quelques photos supplémentaires en vrac et sans commentaire, et une petite vidéo que je qualifierais de... mhm, disons, un glissement contemplatif.
N'hésitez pas à poser vos questions ou à laisser des commentaires.


















lundi 4 janvier 2021

Kyôto 2 : plongée dans l'Histoire

Entre Noël et le Jour de l'An, je suis allé à Kyôto. Si vous avez raté le premier épisode de mon voyage, vous pouvez vous rattraper ici.
Voici la suite de ma visite.


Le jour suivant, je me suis rendu dans un temple méconnu, le Tenryû-ji. Comme souvent, l'architecture du complexe (bâtiments et jardin), élégante et épurée, invite à la réflexion et à la sérénité. Certains jours, il parait qu'on peut admirer un étrange dragon qui orne le plafond d'un des pavillons. Pas de chance, c'était pas ce jour-là.





Mais juste derrière le temple se trouve une bambouseraie célèbre autant qu'enchanteresse. Le chemin qui la traverse est très court, on aimerait pouvoir s'y balader des heures, mais la beauté ensorcelante du site compense largement la frustration.

Non loin de là se trouve le fameux Pavillon d'Or, mais je l'avais déjà visité auparavant, aussi ai-je préféré faire un peu plus d'autobus (en fait, beaucoup plus ! Il faut retraverser toute la ville😑) pour aller admirer son homologue, le Pavillon d'Argent. Quand j'avais voulu le visiter, il y a douze ans, il était entièrement démonté pour rénovation. Cette fois-ci, je suis content d'avoir pu le voir, mais je préfère définitivement son grand frère doré. Le jardin, lui, reste magnifique, incontournable.









Dans la petite rue qui redescend du Pavillon d'Argent, j'ai trouvé un glacier tout à fait inédit. Les glaces qu'il sert sont recouvertes d'une feuille d'or ! Il propose aussi des feuilles d'argent, tout aussi comestible. Oui oui, l'or et l'argent purs sont comestibles, et parait-il très bons pour la santé. Je risque d'en choquer plus d'un, mais oui, je n'ai pas résisté à la tentation. Manger une glace à l'or quand certains sur la même planète meurent de faim, ça peut paraitre indécent, mais ce n'est finalement pas plus cher que d'autres mets proposés dans de bons restaurants, il s'agit - presque - d'un aliment comme un autre, disons juste un peu plus haut de gamme. Le gout n'a rien de remarquable, c'est surtout pour les bienfaits que ça apporte au corps. Pourtant, je comprends que l'image (manger de l'or) puisse heurter, aussi je ne vous en voudrai pas si vous m'en voulez.

Tout près du Pavillon d'Argent, on peut suivre la Promenade de la Philosophie, chemin qui longe une petite rivière, où les philosophes d'autrefois venaient méditer sur le monde. J'avais déjà arpenté ce sentier, je n'ai donc pas éprouvé le besoin d'y retourner, mais j'ai inscrit le lieu sur ma liste des choses à faire au printemps, au moment du hanami, quand les cerisiers éclosent. Je suis sûr que ce doit être absolument féérique.
En rentrant vers l'hôtel, devant la gare, je suis tombé sur une exposition de compositions florales. Je ne suis pas un expert, et j'imagine que ça doit porter un nom bien précis. A mon avis, ce que j'ai vu est bien trop élaboré pour être assimilé à de l'ikebana, où dominent en général la pureté et la simplicité. Là, les fleurs ne formaient qu'une petite part des compositions, entremêlées le plus souvent à des branches de toutes formes, c'était vraiment impressionnant.




Le lendemain, avant de prendre le train du retour, je disposais encore de quelques heures, et j'en ai profité pour aller voir le Higashi Hongan-ji, un temple à proximité de la gare, qui lui aussi était en travaux lors de ma précédente visite. Je ne m'attendais pas à une telle magnificence ! Non seulement les bâtiments sont sublimes, mais ils sont gigantesques. Se poser dans ce vaste espace, c'est plonger dans un moment d'humble recueillement, inattendu en ce qui me concerne, et particulièrement précieux.


Après cette sélection de photos (sur les quelques 250 que j'ai prises !), vous aurez, dans l'article suivant, un petit complément d'images.

dimanche 3 janvier 2021

Kyôto 1 : la montagne des dieux

La seule fois où je m'étais rendu à Kyôto, c'était en septembre 2008, lors de mon premier voyage au Japon. J'y avais passé presque une semaine, et en avais gardé un merveilleux souvenir. Kyôto est une ancienne capitale, et est de ce fait très riche d'un point de vue culturel. Tellement riche que je n'avais bien sûr pas eu le temps de visiter tout ce que j'avais envie de voir. L'idée d'y retourner me trottait donc dans la tête depuis que j'ai fait du Japon ma terre d'adoption. Aussi ai-je profité des vacances d'hiver pour me couper un peu de l'intensité de ma vie professionnelle et aller me plonger à la fois dans mes souvenirs et dans le cœur d'un Japon totalement fascinant. Un petit voyage bien rempli, que je souhaiterais partager avec vous en plusieurs épisodes.


Quand je découvre une ville, j'aime commencer par prendre de la hauteur, littéralement, pour me faire une image globale des lieux avant d'aller en explorer les rues et les secrets. C'est ce que j'avais fait il y a douze ans, et c'est ce que j'ai refait dès mon arrivée à Kyôto. Ma première visite fut donc une sorte de pèlerinage à la Kyoto Tower. Certes, ce n'est ni la plus haute ni la plus belle tour du Japon, mais située au centre de la ville, juste en face de la gare, elle offre un panorama circulaire sur l'ensemble de l'agglomération et les montagnes qui l'encerclent.
Quelle émotion que de retrouver cette vue ! Comme sous l'effet d'une madeleine de Proust, les sensations de ma première visite me sont revenues. A l'époque, j'étais loin d'imaginer qu'un jour j'habiterais au Pays du Soleil Levant. J'aurais peut-être à peine osé en rêver. Quel chemin accompli, depuis, songeais-je en contemplant le soleil se coucher...

Je me suis ensuite rendu à la gare, que je n'avais autrefois visité que de jour. Visiter une gare, quelle drôle d'idée me direz-vous. Détrompez-vous, celle de Kyôto est un chef d'œuvre architectural, immense et époustouflant. Peu de changements dans la gare, si ce n'est la disparition d'une salle de cinéma au nom français ("Ciné libre" !), mais le plaisir de découvrir le bâtiment de nuit, qui plus est agrémenté des illuminations de Noël. Tout simplement magique.




Le lendemain, j'ai pris le bus pour me rendre au Fushimi Inari-Taisha, un sanctuaire dont les images sont mondialement célèbres, et dont la visite était restée en suspens sur ma liste des choses à faire, faute de temps.

Quiconque s'intéresse un tant soit peu au Japon a déjà vu les photos de ce chemin balisé de dizaines de torii, ces portiques vermillons qui marquent l'entrée du territoire des dieux. Ce que je ne savais pas, c'est que ce chemin fait tout le tour de la montagne sur un trajet d'environ quatre kilomètres, et que ce ne sont pas des dizaines mais des milliers de torii qui jalonnent le sentier ! Ce n'est pas qu'un simple sanctuaire qui est consacré (au sens religieux), mais toute la montagne ! Dès lors, arpenter le chemin ne peut pas être considéré comme une simple promenade, mais prend la dimension d'un acte spirituel, presque une prière. La route est suffisamment éprouvante pour que l'effort fourni tienne lieu de pénitence, mais malgré tout accessible à tous pour que son ascension reste un plaisir. D'innombrables représentations du dieu Inari, sous sa forme de renard la plupart du temps, veillent sur le pénitent d'un regard à la fois sévère et protecteur. Après avoir contourné toute la montagne, on revient à son point de départ avec le sentiment d'avoir vécu une expérience mystique.







Cette excursion ayant pris plus de temps que ce que j'avais planifié, j'ai 
tranquillement terminé ma journée par une promenade nocturne dans le quartier de Gion. C'est ici que se concentrent la majorité des okiya, les maisons de geishas. Tant que j'y suis, si certains s'imaginent encore que les geishas sont des sortes de prostituées, je vous renvoie à ces deux excellentes vidéos qui, j'espère, mettront définitivement fin à cette croyance tenace. J'avais déjà arpenté ce vieux quartier de jour, et étais tombé sous le charme de ses maisons traditionnelles en bois et de ses rues étroites. De nuit, le charme opère tout autant, et se double d'une aura mystérieuse. Que cachent ces élégantes façades aux rares fenêtres voilées ? Certains établissements s'affichent clairement (quoique discrètement, ce qui me fait penser que les clients doivent surtout être des habitués) comme des restaurants, mais pour les autres ?... S'agit-il d'okiya, de maisons de particuliers, ou de lieux secrets auxquels seuls quelques initiés ont accès ? Voilà de quoi stimuler l'imaginaire. Cette fois, j'ai renoncé à prendre des photos, aucune de ce que mon matériel - et mon talent - m'aurait permis de prendre n'aurait en effet su retranscrire la magie qui s'est emparé de moi au cours de cette déambulation.

J'ai repris mes forces en savourant les délicieuses spécialités locales. La cuisine de Kyôto est extrêmement raffinée, toujours surprenante, et particulièrement saine. J'étais prêt à attaquer la journée du lendemain.
A suivre...