La saison des cerisiers en fleurs est officiellement commencée, mais les bourgeons sont loin d'être éclos partout. De plus, la météo très capricieuse n'incite pas vraiment à aller se poser dans les jardins publics pour profiter de la vue et de la vie. Pour patienter, dès février, on peut admirer la floraison des pruniers. Ces fleurs et celles des cerisiers se ressemblent beaucoup. Il fait encore trop frais pour piqueniquer, mais aussitôt qu'un rayon de soleil apparait, les promenades sont autant de bons prétextes pour s'extirper de la torpeur hivernale.
Depuis longtemps, la visite du Kairaku-en, parc réputé pour ses pruniers, était sur ma liste des choses à faire au Japon, projet deux fois repoussé pour cause de pandémie. Profitant d'une éclaircie et d'une baisse des infections, j'ai enfin pu me rendre sur place, après plus de deux heures de train. Certes, la magie n'est pas aussi émouvante que pour les fameux sakura, mais cela est sans doute lié à l'affectif qu'on y projette. Parce qu'en ce qui concerne les fleurs en elles-mêmes, c'est tout aussi somptueux.
En plus, au Kairaku-en, il y a un petit côté matsuri, puisque les yatai (les stands traditionnels de snack à manger sur le pouce) sont de sortie. Bref, c'est la fête !
Outre la magnificence du paysage épanoui, ce qui m'a le plus marqué, c'est la forme des troncs. On voit clairement qu'on a affaire à de vénérables multi-centenaires, dont beaucoup nécessitent un soutien. L'image qui m'est venue, c'est celle de vieux sachems qui s'appuieraient sur leur canne pour continuer à distiller dignement sous forme de fleurs la sagesse et la connaissance du monde dont ils sont dépositaires. Le message n'est pas à comprendre, il est à ressentir.
J'ai humé l'air qui m'était offert avec autant d'humilité que possible, mais la vie humaine parait bien futile quand la beauté transcende le fil du temps au-delà des mots.
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