Des visites
Pendant toute ma première année d'exil, je n'ai eu aucune visite de France. J'étais certes toujours en contact avec ma famille et mes amis par Internet, mais ma vie quotidienne n'était accompagnée que de mes nouvelles connaissances, et c'est ainsi que je me suis construit de nouveaux repères. Puis les vacances de printemps sont arrivées, et j'ai reçu trois visites à la suite !
Ce fut d'abord mon père et sa femme, puis Wandrille, un ami d'enfance, lui aussi avec sa femme, puis une copine pas vue depuis très longtemps, avec ses trois enfants que je ne connaissais pas.
Comme je m'y attendais un peu, ce regard à la fois proche (des gens qui me connaissent depuis longtemps) et extérieur (parce que totalement étranger à ma réalité quotidienne) m'a permis de mesurer le chemin accompli en un an d'expatriation.
Je ne suis certes pas japonais et ne le serai jamais, mais petit à petit, la culture japonaise s'est insidieusement infiltrée en moi. Je ne parle pas ici des habitudes locales que j'ai faites miennes consciemment, mais de la part subliminale de mon intégration. Par exemple, quand j'ai vu mon père commencer à entrer sans enlever ses chaussures dans l'appartement qu'il avait loué, j'ai fait un bond ! J'avais oublié qu'en France, on ne se déchausse pas toujours en pénétrant dans un domicile, et je ne conçois plus de faire autrement. En prenant l'escalator, je me place systématiquement à gauche, et c'est en voyant mon père aligné sur la droite que je me suis rendu compte qu'il s'agissait là d'une habitude locale. Quand Wandrille et Isabelle ont halluciné sur les voix nasillardes des démarcheuses dans la rue (surtout à Akihabara), ça m'a rappelé que moi aussi, lors de mon premier séjour au Japon, j'avais été surpris par le timbre de voix des filles qui vous hèlent pour faire la promo des maid-cafés et autres. Maintenant, je ne le remarque même plus, j'ai intégré ça à ma "normalité". Foule de petits détails anodins de ce style ont émergé, et j'ai pu constater à quel point ma nouvelle vie m'avait changé.
J'ai également pu prendre conscience de mon accoutumance au Japon en faisant le guide pour mes visiteurs. Moi qui me sens tout de même encore bien débutant dans ma vie nippone, j'étais finalement assez à l'aise pour diriger des Français qui mettaient pour la première fois les pieds à Tôkyô. Même s'il me reste encore énormément à découvrir, je connais désormais suffisamment de quartiers, de restaurants, de coutumes, etc., pour que mes hôtes passent (je l'espère !) un séjour agréable et enrichissant.
Ces visites ont aussi été l'occasion de partager des moments privilégiés, des moments rares et chaleureux, du fait d'être dans un contexte inédit, surtout avec mon père. J'étais très content de lui présenter mes nouveaux amis, qu'on aille au resto tous ensemble, et même au karaoké ! Emmener mon père au karaoké, j'avais vraiment pas imaginé qu'un jour je ferais ça ! Et le top du top, c'est qu'on a fait un duo ensemble, sur Le temps des cerises. Certes, cette interprétation ne restera sûrement pas gravée dans l'Histoire de la musique, mais dans nos cœurs, oui, là dessus je n'ai aucun doute.
D'autres réflexions intéressantes sont nées de ces visites, comme par exemple une grosse question que je me pose : comment puis-je me sentir aussi serein dans un pays socialement très conservateur (une écrasante majorité de la population est pour le maintien de la peine de mort, même pas en rêve on ouvre le débat sur le mariage pour tous, etc.), et dont tout le système repose sur l'ultra-capitalisme ? L'embryon de réponse qui me vient à l'esprit est que le Japon propose tellement d'autres aspects qui s'accordent parfaitement à mes valeurs (le sens du respect, le dévouement, etc.) que ça compense les divergences qui apparaissent entre mes idéaux et la société japonaise. La question est complexe et entremêle sans doute des paramètres plus personnels, et le sujet mérite d'être encore approfondi, mais il semblerait bien qu'après un an de vie au Japon, je sois devenu beaucoup plus ouvert et tolérant.
J'ai également pu prendre conscience de mon accoutumance au Japon en faisant le guide pour mes visiteurs. Moi qui me sens tout de même encore bien débutant dans ma vie nippone, j'étais finalement assez à l'aise pour diriger des Français qui mettaient pour la première fois les pieds à Tôkyô. Même s'il me reste encore énormément à découvrir, je connais désormais suffisamment de quartiers, de restaurants, de coutumes, etc., pour que mes hôtes passent (je l'espère !) un séjour agréable et enrichissant.
Ces visites ont aussi été l'occasion de partager des moments privilégiés, des moments rares et chaleureux, du fait d'être dans un contexte inédit, surtout avec mon père. J'étais très content de lui présenter mes nouveaux amis, qu'on aille au resto tous ensemble, et même au karaoké ! Emmener mon père au karaoké, j'avais vraiment pas imaginé qu'un jour je ferais ça ! Et le top du top, c'est qu'on a fait un duo ensemble, sur Le temps des cerises. Certes, cette interprétation ne restera sûrement pas gravée dans l'Histoire de la musique, mais dans nos cœurs, oui, là dessus je n'ai aucun doute.
D'autres réflexions intéressantes sont nées de ces visites, comme par exemple une grosse question que je me pose : comment puis-je me sentir aussi serein dans un pays socialement très conservateur (une écrasante majorité de la population est pour le maintien de la peine de mort, même pas en rêve on ouvre le débat sur le mariage pour tous, etc.), et dont tout le système repose sur l'ultra-capitalisme ? L'embryon de réponse qui me vient à l'esprit est que le Japon propose tellement d'autres aspects qui s'accordent parfaitement à mes valeurs (le sens du respect, le dévouement, etc.) que ça compense les divergences qui apparaissent entre mes idéaux et la société japonaise. La question est complexe et entremêle sans doute des paramètres plus personnels, et le sujet mérite d'être encore approfondi, mais il semblerait bien qu'après un an de vie au Japon, je sois devenu beaucoup plus ouvert et tolérant.
Ouah, on est célèbres !
RépondreSupprimerDe retour en France mais physiquement seulement, j'aurai certainement bientôt plein de choses à te raconter, mais pour l'instant, j'ai l'impression d'avoir des centaines d'images qui jouent au Pachinko dans ma tête, je ne suis donc en mesure que de te dire deux choses: Moe Moe Yuuu et surtout arigato gozaimasu en m'inclinant bien bas pour ta contribution très active à ce voyage dont je reviens bouleversé.
Je comprends ton émotion de recevoir famille et amis français; tu me l'as d'ailleurs transmise en parlant de ton père... mais c'est aussi dû au fait que le mien soit si loin...
RépondreSupprimerJ'espère également profiter un jour de cette visitée guidée exceptionnelle!
Paroles émouvantes, sincères. c'est chouette d'avoir mis des photos de vous 2!
RépondreSupprimerJe crois que je préfère les habitudes Japonaises mm si en effet le côté conservateur me gêne aux entournures... on peut en parler longtemps je pense.
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