dimanche 26 juin 2016

Enoshima
Près de Kamakura se trouve la ville de Fujisawa, à environ 45 minutes en train du centre de Tôkyô. De ce que j'en ai vu, la ville en soi ne semble pas recéler d'intérêt particulier, mais depuis le littoral, un pont donne accès à la charmante petite ile d'Enoshima.
Enoshima n'est pas très grande, c'est juste comme un gros rocher posé sur la baie. On peut pourtant passer deux ou trois heures à s'y promener tant l'ambiance y est plaisante. L'ile a gardé un caractère "d'antan", avec ses ruelles étroites et pentues, où les maisons de style traditionnel datent sans doute de l'époque où les pêcheurs étaient plus nombreux que les touristes.
Malgré sa petite taille, Enoshima accueille de nombreux temples, et les visiter les uns après les autres est la récompense d'avoir gravi tous ces escaliers...



 

 

 

Mais Enoshima ne se repose pas que sur son patrimoine historique pour attirer les touristes, et tente d'innover avec par exemple cette "chandelle" qui, si j'ai bien compris, fait office de phare. Pourquoi pas...
L'air iodé, la chaleur moite et la végétation foisonnante donnent à l'ensemble un côté méridional assez dépaysant. C'est la sortie du dimanche. Les gens viennent en famille sur les rochers pour pêcher ou pour ramasser des crabes. Partout sur l'ile règne une ambiance bon enfant, même si les temples appellent à une certaine solennité.
 

Qui dit ile dit fruits de mer, et on trouve un peu partout ce type d'échoppe, où l'on fait cuire devant vous toutes sortes de poulpes ou de coquillages badigeonnés de sauce au soja. Bien entendu, j'ai voulu en gouter un maximum, et j'ai encore passé mon temps à me gaver, sans compter les glaces et autres friandises que je me suis envoyées, c'est le cas de le dire, derrière le cornet. En matière de nourriture, j'ai bien mérité mon surnom de Monster...
Le gros coquillage que vous voyez en bas à droite de cette photo, c'est délicieux, ça a vraiment le gout de la mer, c'est comme des bigorneaux géants.

Pour digérer, en quittant l'ile, je suis allé faire un tour sur la plage. Il y avait une compétition de surf. En visitant Kamakura, je m'étais dit que je reviendrais bien dans le coin cet été pour faire un coup de surf, mais finalement, je ne sais pas si c'est un si bon spot que ça. Ici, le surf, ça consiste essentiellement à rester assis sur sa planche pendant de longues minutes à attendre une vaguelette, puis quand celle-ci arrive enfin à se lever pour glisser sur cinq mètres avant de tomber à l'eau à cause du manque d'élan. En plus, le ciel était grisâtre, il y avait du vent, pas les conditions idéales pour profiter de la mer. Mais qu'à cela ne tienne, j'ai enfilé mon maillot de bain et je n'ai pas pu résister à l'envie de piquer une tête. Même si la saison de la baignade n'est pas encore commencée, la température de l'eau était largement suffisante pour que ce soit agréable. Je pense que d'ici un mois, la plage sera blindée, et d'ailleurs de nombreux bars provisoires sont en train d'être montés, alignés sur le sable, signe d'une activité estivale intense, j'imagine un genre de Saint Raphaël version Nippon.
Les gens autour de moi semblaient assez surpris que je me baigne déjà, alors que tous les surfers étaient en combinaison, mais tant pis, pour mon petit plaisir perso, je voulais absolument pouvoir me dire : "j'ai nagé dans la mer au Japon". C'est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup. Et ça y est, maintenant je peux le dire. J'ai nagé dans la mer au Japon.

dimanche 19 juin 2016

Bons plans
Si vous venez un jour à Tôkyô, voici le genre de bons plans qu'on peut facilement s'offrir.

Marre de l'agitation, besoin d'un bol d'air ? C'est possible, même en plein cœur de la capitale. A deux pas de la Tôkyô Station (la gare centrale de Tôkyô, qui ferait passer la gare Montparnasse pour un simple abri-bus), on trouve le grand magasin Takashimaya. Sur son toit, il y a une terrasse avec de la pelouse, des fontaines, un café, et là, on est totalement coupé du bruit de la circulation, un vrai havre de paix. Il y a même un (tout petit) jardin japonais qui contraste totalement avec les constructions environnantes, et qui vient renforcer la sérénité du lieu. Bref, une oasis bienvenue pour faire un break, avant de replonger dans le flux de la vie tôkyôïte.




Vous avez aimé Kill Bill, de Tarantino ? Moi, j'adore, évidemment. Vous vous souvenez de la scène où Uma Thurman découpe une bande de malfrats japonais dans un restaurant avec son sabre ? Mémorable...
Cette scène a été tournée en studio, mais le décor a été largement inspiré d'un restaurant réel, qui ne se prive d'ailleurs pas de faire sa publicité sur cette anecdote, et sur les nombreuses célébrités qui ont pu fréquenter l'établissement. Il est évident qu'on reconnait bien le décor du film, et on a un peu l'impression qu'on va voir Uma débouler dans sa combinaison jaune.
Le soir, il parait que le lieu est bondé, et qu'on n'entend même pas son voisin de table vous crier dans les oreilles, mais le midi, c'est très calme et très agréable. En plus, on propose un menu découverte tout à fait abordable et prodigieusement délicieux ! Plein de petits plats beaux et bons qui se succèdent, à la fin on ne sait même plus lequel on a préféré.
Ça s'appelle Gonpachi, c'est situé à Roppongi, et je vous le conseille.



dimanche 12 juin 2016

Encore du franponais
Vous reprendrez bien un peu de franponais ? Pour ceux qui ont raté le premier épisode, vous pouvez lire l'article daté du 15 avril.
Ce qui me frappe avec le franponais, ce n'est pas tant sa drôlerie, car il s'agit parfois d'un français "normal", mais c'est le nombre d'occurrences qu'on trouve. En comparaison, je ne remarque pas une telle fréquence de l'allemand et de l'espagnol, par exemple. L'article d'aujourd'hui n'est pas tellement destiné à illustrer l'usage décalé du français par les Japonais, mais à vous montrer la récurrence du phénomène. Et encore, je vous promets que je ne prends pas tout en photo, j'en laisse passer un bon paquet !

La gastronomie fait partie des grands classiques du franponais. La France est vraiment associée au bien manger. Surtout si la pâtisserie est "douce", ou si la France est "soft" ! Et par ailleurs, j'ai besoin de votre éclairage : je sais bien qu'on parle de "monter les œufs en neige", mais "monteur" est-il vraiment un terme culinaire ?!









 Bonbon sans pomme mais avec probablement beaucoup d'amour !
Et biscuits sucrés mais sans rat dedans.




 La raison de l'abondance du franponais dans les produits cosmétiques est plus obscure. Quoiqu'il en soit, c'est souvent l'image glamour de la France qui est utilisée.








 "Bouquet de savon", ça aurait encore à peu près un sens, mais "Savon de bouquet", ça sonne bizarre quand même.


 Quand j'ai pris cette photo, j'ai vraiment prié pour que personne n'arrive à ce moment-là, parce que je voulais pas trop passer pour un pervers qui collectionne les images d'urinoirs. Bon, personne n'est venu, l'honneur est sauf. Mais pourquoi donc prendre un urinoir en photo ? Eh bien en fait, je ne sais pas s'il s'agit vraiment de franponais, je veux dire que je ne sais pas si le nom de cette marque fait réellement (et consciemment) référence à une locution française, mais pour un urinoir, s'appeler Ce fion, j'ai tendance à croire que ce n'est pas tout à fait un hasard....






En fait, le franponais est assez révélateur du fossé culturel qui sépare la France et le Japon. Cette phrase, par exemple, serait tout à fait normale en japonais. Ce serait, disons, une belle maxime. Alors que quand on la traduit en français, on a un peu l'impression de lire un cadavre exquis. 

Cette phrase-ci passe mieux, tout de même. Mais ce qui m'interpelle, c'est l'association de français et d'anglais pour le nom de ce magasin.

On n'est sans doute moins surpris qu'un restaurant français porte un nom français. Ces noms évocateurs permettent de les identifier facilement.



 

 
 La pâtisserie à la française, encore et toujours garante de qualité. 
Mais comme on l'a vu, l'utilisation du français n'est pas toujours justifiée par une autre raison que le simple fait que "c'est du français". On trouve donc un peu n'importe quoi : Oui la vie pour des bijoux, Emu pour un salon de coiffure, Fruits de mer pour un magasin de maillots de bain, Le jardin vallée pour une résidence...
 
 

















 Cette boutique de vêtements fait un triplé : Chambre de Nîmes pour le nom, et les deux phrases en vitrine. Sans compter la tour Eiffel à l'intérieur !
Je ne suis pas allé vérifier, mais il me semble que ce bar Belle de jour est un "établissement de plaisir", sans doute un bar à hôtesses voire plus si affinités. Dans ce cas, la référence au film de Buñuel est pour une fois absolument pertinente.



 Et puisqu'on parle de plaisir, je n'ai pas compris pourquoi ce magasin, qui vend un peu de tout, s'appelle Bois de Boulogne. Un jour, il faudrait que j'aie le courage d'aller poser la question au propriétaire, mais c'est délicat...
 Pour finir, non, je ne ferai aucun commentaire sur le nom de cette boulangerie.