mardi 27 mars 2018

Hiroshima
Pour la planète entière, le nom de cette ville est associé à l'explosion de la première bombe atomique en "conditions réelles". Hiroshima. Il faut bien avouer qu'il ne s'agit pas là d'un évènement anecdotique dans l'histoire de l'humanité, d'un point de détail dans le déroulement de la Seconde guerre mondiale, mais bien de l'apogée de la tuerie de masse, de l'acte issu de la zone la plus froide, la plus sombre et la plus mystérieuse de ce que le cerveau humain est capable de produire.
Je suis passé par Hiroshima sur le chemin de mes vacances, et il m'a semblé important de profiter de l'occasion pour visiter certains des lieux d'hommages consacrés aux victimes.
La ville reste bien entendu marquée par l'explosion de la bombe atomique, cyniquement surnommée Little Boy, c'est même totalement inscrit dans son identité. Tout d'abord, parce qu'ayant été totalement rasée, la forme actuelle de Hiroshima est le fruit d'une reconstruction complète. Rien de ce que fut cette ville n'existe encore, et même le château, d'apparence ancienne, est une construction moderne. Rien ne subsiste, à l'exception d'un bâtiment. Un seul : le fameux dôme. Ce bâtiment se trouvait presque à la verticale du point d'explosion, et paradoxalement, c'est pour ainsi dire le seul à n'avoir pas été totalement soufflé. Ce dôme a été conservé tel quel (et  même renforcé pour résister aux tremblements de terre), afin de témoigner de ce qui s'est passé ici. C'est le deuxième lien entre Hiroshima et la destruction atomique : depuis, la ville est devenue une sorte de pôle mondial pour la promotion du pacifisme et pour l'abrogation des armes nucléaires.
Se recueillir devant le dôme est déjà en soi un moment d'émotion lors duquel le visiteur ne peut que se plonger dans la tragédie qui a touché la ville. Dans le parc jouxtant le dôme, on trouve de nombreux monuments élevés en mémoire des victimes, ou bien des monuments appelant à la paix dans le monde. La grue en origami, notamment, est devenue l'emblème du pacifisme. Mais pour prendre pleinement conscience de l'apocalypse atomique, il faut se rendre au musée de la bombe.
Très bien fait, sans parti pris, la visite du musée débute par des images de Hiroshima avant sa destruction. Ville traditionnelle, avec beaucoup de maisons en bois, ville de garnison avec une grande activité liée à sa base militaire, ville très animée, vivante... Puis une reconstitution montre ce qui s'est passé. Il ne reste plus rien.

La suite de l'exposition donne tous les détails : comment les Américains ont développé la technologie de la fission nucléaire pour fabriquer la bombe ; qu'est-ce qu'une bombe atomique, précisément ; comment la ville a été choisie ; quels sont les effets exacts d'une telle explosion ; etc.
Puis les survivants, les effets secondaires liés aux radiations... Je vous fais grâce des photos.
Puis les traités de paix, et tout ce que les hommes politiques actuels tentent (ou ne tentent pas) de faire pour éviter qu'une telle horreur se reproduise.
L'exposition se termine par la présentation d'objets sauvés des décombres : l'uniforme d'un écolier, un vélo, des objets du quotidien, etc.
Inutile de préciser qu'il faut avoir le cœur bien accroché pour encaisser une telle vague d'émotions. L'exposition vous donne une leçon d'histoire à échelle humaine : ce ne sont plus des informations, des données, des chiffres ou des faits, ce sont des vies, des gens, des gens qui habitaient là. La personne qui m'accompagnait est née un 6 aout, trente ans jour pour jour après l'explosion. Forcément, son histoire personnelle la liait au cataclysme nucléaire de Hiroshima, et pour elle, la visite a été très dure à supporter. En sortant, je me suis dit qu'il faudrait emmener mes élèves voir ce musée. Ce qui s'est passé, ce sont des gens comme vous et moi qui l'ont voulu, et des gens comme vous et moi qui l'ont subi. A réfléchir, et quand on se trouve à Hiroshima, il y a matière à réfléchir.

2 commentaires:

  1. Ne jamais oublier... merci de ce partage !

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  2. Je me souviens de l'émotion et des cauchemars qui ont suivis ma visite au mémorial de la Shoah à Paris.
    D'une certaine manière, je peux imaginer la tienne...

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