vendredi 7 août 2020

Kanayama, le sanctuaire de la fertilité

La saison des pluies s'étant enfin terminée, je suis allé me promener à Kawasaki, dans la banlieue sud de la capitale. Peut-être aurai-je l'occasion de vous montrer d'autres photos, cette ville ne manque pas d'intérêt touristique. Mais les images que je souhaite vous montrer aujourd'hui sont... spéciales.
Je connaissais de réputation le sanctuaire Kanayama. Petite précision, avant de continuer : un sanctuaire est consacré à la religion shintô, tandis qu'un temple est dédié au bouddhisme. Cette précision est importante, afin de bien vous faire comprendre, dès le départ, qu'on va parler d'un lieu de culte, où se déroulent des cérémonies religieuses, de même qu'on pourrait parler, dans un contexte occidental, d'une église ou d'une basilique par exemple.
Je connaissais, disais-je, ce sanctuaire, car tous les ans, en avril, s'y déroule le festival Kanamara, ou Kanamara matsuri, célébrant la fertilité, lors duquel les fidèles se recueillent dans l'espoir de favoriser la venue d'un enfant. Ce festival attirant de plus en plus de monde chaque année, surtout des touristes étrangers d'ailleurs, il a maintenant une assez mauvaise réputation car il semblerait qu'il perde peu à peu son aspect religieux et traditionnel au profit d'une grande foire où la foule se bouscule pour nourrir des pages d'Instagram. C'est pour cette raison que je ne m'y suis jamais rendu.
Mais tout de même, ce sanctuaire dédié à la fertilité me rendait bien curieux, aussi suis-je allé le visiter en dehors du festival, au calme. A première vue, rien de spécial. Le site est plutôt petit, le bâtiment principal n'a rien d'extraordinaire, le jardin n'est pas d'une beauté remarquable... C'est quand on s'attarde sur les détails qu'on est, comment dire... interloqué.
Autrefois, les prêtres du sanctuaire Kanayama s'occupait surtout des maladies vénériennes, j'entends par là qu'ils priaient pour soigner, ou mieux, protéger des maladies vénériennes. Un lieu de culte dédié à la bonne santé, jusqu'ici, rien de surprenant. Le site était beaucoup fréquenté, parait-il, par les prostituées qui voulaient continuer à travailler en évitant les infections. Au 20e siècle, par extension, le sanctuaire s'est surtout consacré à la fertilité, et est devenu un lieu de prière pour toutes celles et ceux qui désirent avoir un enfant.
Et soyons clair : tout le monde sait comment on fait les bébés, n'est-ce pas... C'est là où Kanayama prend une dimension tout à fait pittoresque. La divinité qui est adorée (au sens religieux) ici, c'est la quéquette. Sans tabou, sans détour, sans évocation parabolique, on célèbre l'image de la biroute bien portante et fièrement dressée, prête à arroser le monde de son sperme divin, genre "croissez et multipliez" version shintô. En bois, en ciment, en métal, sur les ema (plaquettes votives), pas d'hésitation, vive la copulation !... Allez, pour équilibrer les choses, on voit aussi plusieurs images de la plus fidèle amie de monsieur braquemart, à savoir madame vulve, parce qu'avec une bite toute seule, on ne peut finalement pas faire grand-chose. L'aubergine à la moule, c'est tellement meilleur ! Kanayama, c'est le peep-show des kami (les dieux), en quelques sortes.
Quand on pense que dans les mangas, les images érotiques sont floutées ! Même chose dans les films pornographiques, où les organes génitaux sont systématiquement masqués. Encore un paradoxe typiquement japonais.
En avril, lors du festival, rien n'est caché, et les visiteurs s'arrachent, si j'ose dire, des friandises en forme de chinchin (le mot japonais pour zizi, se prononce de la même façon que quand on trinque en France). Tout le monde, jeunes et vieux, garçons et filles et même... enfants ! se trimbalent la zigounette à la bouche. Alors je me dis que finalement, même au risque de venir alimenter la foule, un de ces quatre, j'irais bien assister à ce festival hors du commun. Après tout, moi aussi je possède un dieu à vénérer.















2 commentaires:

  1. Petite angoisse en lisant ton post car je venais de donner de donner l'adresse de ton blog à un cousin qui s'intéresse à la culture japonaise. Vérification faite, il est majeur, tout va bien.
    Chouette sujet en tout cas, inattendu.

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