lundi 3 avril 2023

Fragilité de l'instant

 Outre sa beauté, ce qui crée la valeur du hanami, c'est non seulement sa courte durée, mais aussi le côté aléatoire des conditions qui se présentent : suivant les années, on a de la chance ou on n'en a pas. Cette année, je n'ai pas eu beaucoup de chance.

C'est un incontournable de ce blog et de la culture japonaise, et si vous ne savez pas ce qu'est le hanami, vous pouvez vous mettre à jour en cliquant ici ou .
Le mois de mars a été particulièrement chaud, laissant envisager une floraison précoce des cerisiers. Avec mon amie Laura, ancienne collègue de l'école primaire, nous avons eu envie d'organiser un piquenique pour admirer les fleurs, activité on ne peut plus traditionnelle, mais surtout, nous avons voulu inviter nos anciens élèves. Pas tous, évidemment, seulement ceux avec qui on est restés en contact, les gentils, ceux qu'on aime bien. Et leurs parents et leurs copains, tant qu'à faire. Et quelques collègues, aussi. La date arrêtée, nous avons donc contacté tous ceux que nous voulions voir, et beaucoup ont répondu qu'ils seraient présents. Une super après-midi s'annonçait. Mais quelques jours avant l'évènement, la météo, de quasi estivale, est passée à franchement maussade, voire absolument merdique. Presque un retour à l'hiver, avec gros nuages noirs toute la journée, pluie incessante et vent glacial, et la nécessité de remettre le chauffage. La mort dans l'âme, nous avons dû annuler notre piquenique la veille même. Mais le mari de Laura a eu une excellente idée de rattrapage : il a réservé une salle à la dernière minute, et nous avons proposé aux enfants de venir faire des jeux de société (7 familles, Uno, ce genre de choses).
Certes, pas de piquenique, pas de fleur à admirer, mais nous avons pu passer l'après-midi avec nos chers anciens élèves, nos bouts de chou, et ça, c'était vraiment merveilleux. Bon, les jeux dans la salle avec une vingtaine d'enfants, c'était bruyant, mais tellement chaleureux et plein de joie. Je n'avais pas revu la plupart d'entre eux depuis deux ans, quelle émotion ! Je ne peux évidemment pas vous montrer les photos, mais nous avions tous du bonheur plein le cœur. Ça a été une occasion sympa de discuter avec les parents aussi, chose nouvelle puisque à l'époque où je travaillais à l'école, il était interdit aux professeurs de communiquer avec les parents (vous n'avez pas mal lu, c'est bien une des aberrations de cette école).
Le hanami, je l'ai donc fait surtout en parcourant la ville, pour aller au supermarché ou sur le chemin de la gare, à chaque fois que je longeais un jardin. Trop occupé, je n'avais pas le temps de déambuler. Beau, bien sûr, mais un peu frustrant.
Une ultime chance s'est présentée dimanche dernier : la météo s'est améliorée, et j'ai pu faire un piquenique avec ma fiancée dans le petit parc près de chez moi, où nous avions piqueniqué il y a deux ans. C'était déjà la fin de la saison, beaucoup de pétales jonchaient le sol, les arbres verdissaient, nous avons raté le pique de floraison, mais nous étions contents quand même, c'était mieux que rien. Un autre groupe piqueniquait pas loin de nous, l'ambiance festive était bien là. Et quand le vent soufflait, faisant s'envoler les dernières fleurs, nous étions en plein cliché japonais, magnifique et émouvant.

Quand je dis que la météo s'est améliorée, c'est par rapport à la semaine précédente, celle de notre piquenique raté. Parce que bon sang, il faisait bien froid tout de même, et nous avons écourté la célébration, transis que nous étions ! Mais si on compare à l'année précédente, c'était finalement plutôt réussi : l'année dernière, nous avions eu encore moins de chance avec la météo, nous avions dû totalement renoncer au piquenique, et on avait mangé des chips dans ma cuisine, la loose complète. Alors réjouissons-nous de l'instant que nous avons pu vivre, si fragile.




Un "cola" au gout "sakura" : pur produit marketing de saison !


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