jeudi 29 décembre 2016

Merî kurisumasu !
...qu'on peut écrire encore "melii kulisumasu", c'est la japonisation de l'anglais "Merry Christmas", et en japonais aussi, bien sûr, ça veut dire "Joyeux Noël". Car si le japonais n'a pas de mot spécifique pour cette fête, c'est qu'il s'agit, tout comme pour Halloween (voir l'article daté du 5 novembre), d'un évènement importé de l'Occident. Et tout comme pour Halloween, les raisons pour lesquelles Noël trouve aussi bien sa place au Japon sont essentiellement commerciales. Cependant, il faut avouer qu'en Occident également, Noël ne conserve que difficilement sa dimension religieuse, écrasée sous la fête de la consommation. Au final, Noël au Japon et en France ne diffèrent pas tant que ça...


Dans un cas comme dans l'autre, Noël est évidemment synonyme d'illuminations. Dans les quartiers animés, on décore les arbres, les façades, les jardins... On trouve plusieurs marchés de Noël, souvent liés à la culture allemande, comme cette tour en bois (qui devrait évoquer pas mal de choses chez mon ami Wandrille !), car ici, on oublie moins qu'en France que la tradition de Noël trouve beaucoup de ces racines en Allemagne (je ne le savais moi-même pas très bien !). Le "Doitsu Center" de la photo l'affiche clairement : "Doitsu" signifie "Allemagne".
Mais globalement, Noël reste pour les Japonais une fête européenne, où la France a aussi sa place, surtout la France à l'ancienne, la Gaule, quoi ! Quant au "Gaulois sucre", c'est juste un problème d'accent, il faut bien lire "sucré".
On retrouve la figure du Père Noël un peu partout, pas différent du nôtre, et le sapin est toujours l'arbre de Noël, avec ses guirlandes et ses boules. On boit du vin chaud, pas mauvais, et on peut manger du stollen, ce délicieux gâteau alsacien. Il y a même des crèches, mais je ne sais pas dans quelle mesure les Japonais connaissent l'histoire du christianisme. Après tout, si cette fête sert aussi à se cultiver, pourquoi pas.


















En fait, la principale différence entre un Noël français et un Noël japonais, c'est que Noël n'étant pas traditionnel ici, ce n'est pas une fête de famille, c'est plutôt quelque-chose qu'on partage entre amis, voire en couple. Les cadeaux ne sont pas aussi institutionnalisés qu'en France, et le coup des chaussures devant la cheminée encore moins. Par contre, à l'inverse de ce qui se passe en Europe, le Jour de l'An est un évènement familial important, et c'est plutôt ce jour-là que la famille se réunit.


Quant à moi, histoire de ne pas trop oublier quand même mes racines, j'avais acheté une guirlande et trois boules, un mini-sapin qui s'illumine, et hop, c'est Noël à la maison !


samedi 17 décembre 2016

Le mont Tsukuba
Je continue à découvrir la nature japonaise... Ma ligne de train s'appelle Tsukuba Express car le terminus est la ville de Tsukuba, à une petite heure de Tôkyô. Pour une fois, j'ai donc emprunté le train dans l'autre direction, tournant le dos à Akihabara (l'autre terminus, en plein cœur de la capitale) pour prendre le vert. La ville de Tsukuba fait déjà ville de province : il n'y a pas vraiment de grande tour, les boulevards sont beaucoup plus larges, plus aérés. C'est un centre universitaire important, et je crois que le cargo qui vient de ravitailler l'ISS a été conçu (ou construit ?) par les chercheurs de Tsukuba. Depuis la gare, on prend un bus pour rejoindre le mont Tsukuba, qui fait partie des "cent montagnes célèbres du Japon", les cent montagnes considérées comme les plus belles. Le mont Tsukuba est la plus petite de ces montagnes (877 mètres), et se gravit donc assez facilement.
L'ascension commence comme il se doit par la traversée de quelques toriis.

On peut faire un petit détour par le temple pour se recueillir.
La balade est tout en sous-bois, ça embaume le pin, ça fait un bien fou ! C'est un peu dur mais pas trop, juste ce qu'il faut pour en profiter, suer un bon coup et respirer un grand bol d'air frais. Le jour où j'y étais, il y avait une compétition et tout une bande de furieux montaient en courant ! Moi j'avais envie de prendre mon temps, et j'ai mis 1h30 pour arriver là-haut.
Sur cette photo ci-dessous, vous pouvez apercevoir des randonneurs en bas, ça vous donne une idée de la taille des arbres.
Arrivé au sommet, il faisait un froid de canard, mais le grand beau Soleil était bien agréable. Et le paysage, c'est la récompense. On aperçoit même Tôkyô, loin, très loin à l'horizon. Et le soir, en redescendant, j'ai vu un coucher de Soleil sur le mont Fuji enneigé, inoubliable. Ah quelle belle journée !

dimanche 11 décembre 2016

Momiji
Momiji signifie érable (on parle ici de l'érable du Japon, légèrement différent de celui qui orne le drapeau du Canada par exemple), mais ce mot désigne - surtout en automne - principalement la feuille d'érable. D'ailleurs, étymologiquement, les caractères utilisés  pour écrire momiji veulent dire "feuille rouge". Car quand les feuilles rougissent, le momiji est à l'automne à peu près ce que le sakura est au printemps. Le printemps a son o-hanami (voir les fleurs, pour mémoire vous pouvez consulter l'article daté du 6 avril 2016), l'automne a son momijigari : littéralement, "chasser la feuille d'érable". Je suis moi aussi allé chasser l'érable, et voici quelques-unes des nombreuses photos que j'ai prises.
Je ne sais pas quel temps il fait en France en ce moment, mais au Japon, nous avons souvent de belles journées où le ciel bleu et profond fait un écrin magnifique au Soleil levé et doré. Certains jours, il est même possible de rester en tee-shirt dehors l'après-midi. Mais quand souffle le vent glacial, on se rappelle que l'été est bien terminé. La fraicheur n'empêche cependant pas les Japonais de sortir admirer le spectacle de l'automne, et il y avait beaucoup de monde ce jour-là dans le parc Rikugien. On entendait des clic-clac de partout, les touristes étaient presque aussi nombreux que les locaux. Le parc Rikugien est, à l'instar du jardin Hamarikyû dont je vous parlais récemment, classé site d'exception. Il a été créé en 1702 en prenant pour modèle la structure des wakas, poésies traditionnelles d'origine chinoise.
Parfois, la foule se presse sous un arbre aux feuilles rouge vif et dont les branches jouent avec les rayons du Soleil, et on entend des "oh" d'exaltation, typiquement japonais. Il faut avouer qu'avec toutes ces touches de couleurs, toutes ces nuances qui vibrent au rythme de la respiration des arbres, dès qu'on pénètre dans le parc, on se croirait entré dans une peinture impressionniste, sentiment rehaussé par la forme de feuilles d'érable, évoquant des taches de pinceaux.






 





La brochette que je mange sur cette photo, ce sont des dango, des gâteaux à base de pâte de riz, avec de la sauce miso. Il existe un célèbre proverbe qui dit "Hana yori dango", qu'on peut traduire par "les dango plutôt que les fleurs", et qu'on cite pour pointer ceux qui préfèrent la nourriture terrestre à la nourriture spirituelle... Je m'interroge toujours : hana yori dango ?


Quoi qu'il en soit, je savais déjà que j'aimais le printemps et l'été japonais, je découvre l'automne avec émerveillement, que me réserve l'hiver ?...

samedi 3 décembre 2016

Lectures
Je suis un amoureux des livres depuis longtemps. Il faut toujours que j'en ai un en cours, sinon ça ne va pas. Je lis surtout dans les transports en commun, ou le soir au lit (c'est mon somnifère). Quand je vois que je vais bientôt en terminer un, j'en emporte un autre avec moi pour être sûr d'avoir de la lecture, et sitôt le livre refermé, j'enchaine avec le suivant. Je lis des romans, de la science-fiction, des chroniques sociales, des policiers, des grands classiques de la littérature française (La condition humaine d'André Malraux fait partie de mes dernières lectures) ou de la littérature étrangère (Notes de chevet de Sei Shônagon, un classique de la littérature médiévale japonaise), de la littérature contemporaine (Amélie Nothomb me colle une pêche d'enfer quand je ne suis pas au top, Michel Houellebecq me fait redescendre sur Terre quand je vais trop bien), je lis des essais (Le double d'Otto Rank, La puissance de la joie de Frédéric Lenoir), des livres pour le boulot, des BD, il m'arrive parfois de lire de la poésie ou du théâtre...
Avant de quitter la France, j'avais donc fait un stock, emporté dans ma valise. Et puis ce qui devait arriver arriva : j'ai fini par épuiser mon stock. Qu'à cela ne tienne, il existe une charmante petite librairie française située à l'Institut Français de Tôkyô (ne vous laissez pas abuser par la photo panoramique, elle est vraiment petite), connue par les Français sous le nom de Rive Gauche. Ce qui est bien, c'est qu'on y trouve un choix assez large pour répondre à tous mes gouts. Il y aussi beaucoup de livres japonais traduits, ou de livres sur le Japon. Ce qui est moins bien, c'est le prix : 6 700 yens (56€) pour quatre livres, ça fait un peu cher.
J'ai hâte de pouvoir lire en japonais pour faire des économies et pour me faire plaisir, mais pour l'instant, je suis à peine capable de déchiffrer les livres de la bibliothèque de l'école, et encore, je parle des livres avec des images, écrits tout gros, pour les lecteurs débutants, à partir de 5 ans quoi... Dès qu'on passe aux "à partir de 7 ans", c'est fini pour moi. Même en anglais, je ne suis pas assez à l'aise, ma lecture n'est pas fluide, ça m'empêche de me plonger dans le livre.
Si le Japon vous intéresse et que vous voulez en apprendre davantage, je vous recommande deux livres que j'avais achetés avant mon départ.
Pour replacer le Japon dans son histoire et son contexte, vous pouvez lire La dynamique du Japon, un ouvrage collectif dirigé par Jean-François Sabouret (je faisais du kendô avec son fils en France !), éditions Saint-Simon. On dit souvent que le Japon est resté médiéval jusqu'à la restitution de l'empereur Meiji en 1868 (après des siècles de gouvernance shogunale). Suite à quoi l'Empire du Soleil Levant serait entré d'un bond dans la modernité. Ce livre montre que si cette vision n'est pas entièrement infondée, elle reste simpliste d'une part, et n'exprime qu'un point de vue occidental d'autre part. En fait, les grands changements que connaitra le Japon sous l'ère Meiji étaient en gestation depuis plusieurs décennies, et se sont ensuite développés tout au long du 20ème siècle. Cet ouvrage fournit beaucoup de données économiques, parfois un peu ardues pour moi, mais il permet de bien comprendre comment la société japonaise a évolué, et il aide à tracer un portrait assez précis de l'archipel aujourd'hui, car à travers l'économie, c'est aussi toute une culture qui est explicitée.
Le second livre que je vous conseille contient également de nombreuses données sur l'économie, mais il est beaucoup plus digeste. Il s'agit d'un ouvrage intitulé Les Japonais, de Karyn Poupée, aux éditions Tallandier. Ce livre prend, en quelque sorte, la suite du précédent, puisqu'il débute son analyse à la période de l'après-guerre, pour s'intéresser essentiellement à l'époque contemporaine. Là encore, et de façon plus évidente que précédemment, le portrait économique permet de mieux cerner le fonctionnement de la société nippone. Le véritable sujet de ce livre n'est pas l'économie mais bien, comme le titre l'indique, le peuple du Japon. Dans un style fluide et agréable, Karyn Poupée réussit le tour de force de décrire les Japonais, ce qui est pratiquement impossible puisque, évidemment, tous les Japonais sont différents, comme tous les Français sont différents, tous les hommes, toutes les femmes, etc. Malgré quelques raccourcis faciles (du genre "les Japonais ont une grande force de travail"...), quelques généralisations forcément caricaturales, l'auteur donne une photo assez fidèle de la culture japonaise telle qu'elle se vit chaque jour. J'ai retrouvé dans ce livre beaucoup de choses de mon quotidien.
Bonnes lectures à tous !

samedi 26 novembre 2016

Le marché de Tsukiji
Le côté sur-urbanisé de Tôkyô a tendance à masquer un peu la mer juste à côté, et on oublie souvent que la capitale du Japon est un port. Qui dit port dit poissons, et dit marché aux poissons. A deux pas du jardin de Hamarikyû (voir l'article précédent) se trouve le marché de Tsukiji, le plus important du pays en matière de fruits de mer. Le marché professionnel est fermé le dimanche, et je n'aurai donc sans doute pas l'occasion d'y aller vu que c'est un peu mon seul jour de congé. Mais juste à côté est situé le marché public, et il y avait foule le jour où je l'ai visité.
Les étals arborent de nombreuses espèces de poissons, ça sent le frais, on a envie de tout gouter... Il n'y a pas seulement des poissons, mais aussi toutes sortes de coquillages, et des produits dérivés, poisson séché, poulpes, sauce, des couteaux, des plats pour cuire à la vapeur, etc.








On peut venir à Tsukiji pour faire ses courses, on peut aussi y venir pour se régaler dans un des très nombreux restaurants. Si les restaurants sont si nombreux dans un si petit périmètre, c'est qu'ils sont souvent minuscules, tout en longueur.
On y trouve même un "bar à oursins", où on déguste debout les oursins préparés sous vos yeux.


Les huitres se mangent cuites à la vapeur ou crues avec de la sauce soja. Je n'en avais jamais vu d'aussi grosses ! Pas question de les gober en une bouchée, et c'est d'ailleurs bien la première fois que je croque une huitre !... Pour le gout, ça ne change pas vraiment, c'est-à-dire que ça n'a pas beaucoup de gout, mais c'est bon quand même.
Quant aux sushis, si vous aimez ça, c'est à Tsukiji qu'il faut aller...
Le marché de Tsukiji est ancien, il commence à être vétuste, et il ne répond plus aux normes antisismiques. Il est donc prévu de le transférer. Le problème, c'est que le site destiné à accueillir le nouveau marché fait l'objet de scandales à répétitions depuis quelques années, et les polémiques se sont intensifiées ces derniers mois. La presse japonaise rapporte régulièrement des problèmes de malversations financières et de travaux faits à la la-vite. Le dernier scandale en date fait état d'une dépollution inachevée, et il semble qu'il resterait des traces de mazout dans le sol du nouveau site. Pour un marché aux poissons, ça la fout mal. En fait, le déménagement aurait déjà dû avoir lieu, mais face aux polémiques, la date a été sans cesse repoussée. La nouvelle gouverneur de Tôkyô a promis que le transfert n'aurait pas lieu tant que les problèmes n'auraient pas été réglés, sans doute pas avant l'année prochaine. Il vous reste donc quelques mois pour venir découvrir Tsukiji !