vendredi 27 mai 2016

Harajuku
Entre le quartier de Shibuya et celui de Shinjuku, à l'ouest de Tôkyô, il y a le quartier de Harajuku. Il n'est pas très étendu géographiquement, mais il offre de multiples visages. Ainsi, on y trouve le parc Yoyogi, où les tôkyôïtes se rendent en masse dès qu'il fait beau, le Meiji Jingu, un temple très réputé... Tout ça, ça fait partie du circuit touristique classique (que j'avais fait lors de mon tout premier séjour au Japon).
Et puis il y a des choses moins classiques, beaucoup moins classiques...
Par exemple, à l'entrée du parc Yoyogi, le weekend, des rockeurs (et quelques rockeuses) se réunissent pour danser. Des rockeurs genre rockabilly, avec blouson noir ou veste en jean, et une banane à la Margerin. Et c'est quelque chose, je vous assure...

 



















Continuons notre promenade... A deux pas de ces fous furieux du bon vieux temps du rock'n roll, on tombe sur la Takeshita Street, étroite rue piétonne joyeuse et bondée.
Harajuku est surtout réputé pour être un temple de la mode. Quand je dis "mode", ici, je ne parle pas spécialement des grands couturiers, de la mode qu'on voit dans Elle (pas même dans Elle Japon), de la mode institutionnalisée, tout ça... Non, à Harajuku, c'est la mode de la rue, spontanée, créative, amusante, la mode où on peut tout se permettre, surtout si c'est osé, extrême, haut en couleurs. Pour ceux qui connaissent, la chanteuse Kyari Pamyu Pamyu est un exemple typique du style Harajuku, une véritable ambassadrice du quartier. Et Harajuku, c'est aussi un haut lieu du cosplay (contraction de "costume player", c'est-à-dire le fait de se déguiser en personnages de manga, de dessin animé, de jeu vidéo, de film, etc.). Bref, on croise des looks de folie tous les dix mètres, et tout le monde a le sourire aux lèvres. Personne ne se prend trop au sérieux, on est là avant tout pour se faire plaisir, et les gens acceptent facilement de poser pour vous. C'est d'ailleurs, à mon avis, une des caractéristiques du Japon : en général, on ne se prend pas trop au sérieux, même si on fait les choses sérieusement. On se donne à fond pour un truc, mais ça ne procure pas la grosse tête. Voici donc quelques personnages entraperçus lors de ma déambulation.




Oui oui, on peut même croiser Spiderman et Captain America qui achètent une crêpe, pépère... Les crêpes, c'est d'ailleurs la spécialité culinaire de Harajuku.


Vu les looks délirants de Harajuku, il n'est pas étonnant qu'on trouve en plein cœur de ce quartier un bar nommé le Kawaii Monster Café, autrement dit le café des monstres mignons. Les consommations n'ont rien d'extraordinaire, mais la déco... On est en plein psychédélisme kawaii, à mi-chemin entre l'univers de Tim Burton et celui de Lewis Carroll. C'est, comme son nom l'indique, à la fois gai et horrifique.

Le comptoir par exemple, il ressemble à une espèce de méduse multicolore. Les murs sont recouverts de cornets de glace éclatés, de macarons, ou d'animaux roses dignes d'un cauchemar de Füssli, tout ressemble à des bonbons écœurants (et ceux qui me connaissent bien savent que j'adooore les bonbons écœurants !).


 














On sert les consommations dans des éprouvettes ou des tubes à essai, les couleurs sont bizarres, mais c'est bon, pas de danger.

Et au milieu trône un gâteau géant qui tourne comme un manège...












Pas facile de prendre des photos dans ce bar, parce qu'avec l'éclairage type discothèque, les lumières et les couleurs changent tout le temps, mais j'espère qu'avec ça, vous avez une bonne idée de l'ambiance de Harajuku.
Cette ambiance me fascine, et je ne saurais pas dire en quoi, exactement, elle s'accorde avec mon imaginaire intime. Ce trip régressif totalement assumé, c'est comme si, à Harajuku, on pouvait savourer les plaisirs de l'enfance avec une intelligence d'adulte, comme si l'expérience de la vie ne nous éloignait pas de l'innocence, mais au contraire la rendait encore plus forte. Se plonger dans Harajuku, ce n'est pas vraiment vivre une deuxième enfance, c'est plutôt chercher la voie de l'innocence de l'adulte, la légèreté dans la maturité. J'extrapole sans doute, mais peut-être qu'au Japon, la prise de conscience de la mort, qui vient avec l'âge, loin de nous assombrir, nous fait davantage apprécier les bonbons roses. C'est parfois le genre de pensées qu'éveille en moi la culture pop japonaise.

mardi 17 mai 2016

Excursion à Kamakura (2)
De temple en temple, je ne sais pas combien de kilomètres à pied j'ai fait ce jour-là, mais beaucoup ! Voici la suite des photos de ma longue promenade à Kamakura...




 Un long chemin mène vers la montagne...
Sur la photo ci-dessous, vous pouvez voir l'escalier bien raide, et au loin, la plateforme d'arrivée, tout en haut à gauche.

 Arrivé au sommet, c'est la récompense. Les montagnes ondoient à perte de vue, le temple perce la végétation, un peu plus loin c'est la ville, et derrière la mer... J'ai même pu apercevoir le mont Fuji, mais comme le ciel était voilé, ça ne donne rien du tout en photo. N'empêche, j'ai vu le mont Fuji, pour la première fois de ma vie. Et il est magnifique. Majestueux. J'ai vu le mont Fuji...



 J'ai eu la chance d'assister à une cérémonie shinto, c'était saisissant. Je n'ai pas la moindre idée de ce qui était célébré, mais quel ferveur et quelle dévotion autour de moi ! Et cette musique, aux sonorités si étranges... D'abord, ça vous met un peu mal à l'aise, et petit à petit, ça vous pénètre, ça vous berce, et pour finir ça vous envoûte comme une sorte ivresse. Quant à la beauté des tenues, je ne saurais pas l'évoquer sans aligner les poncifs, alors regardez plutôt...



 Puis je suis allé visiter le Bouddha géant, la fierté de Kamakura. Pour vous donner une échelle, chaque œil mesure environ un mètre de long.


 On peut entrer à l'intérieur de la statue, mais devant la file d'attente, j'ai renoncé.

Certaines femmes - jeunes pour la plupart - et quelques rares garçons portent un vêtement traditionnel, c'est en quelque sorte la tenue du dimanche, qu'on porte pour marquer une occasion particulière, sans doute une envie de beauté qui s'harmonise avec la beauté alentour.


Tout au bout de la ville, la plage. Changement total d'ambiance : sur le littoral, Kamakura prend des allures de petit Hawaï. Bon, ce n'est pas du beau sable blanc et fin, on est plutôt sur du sable gris, région volcanique oblige, mais il y a des planches à voiles et surtout pas mal de surfs, les gens se baladent avec leur planche sous le bras, on trouve plein de magasins Billabong (hors de prix) et des boutiques spécialisées (combinaisons, etc.).
Au-dessus de la plage, ce ne sont pas des mouettes, mais des faucons qui guettent, et qui fondent sur vous pour essayer de chaparder un morceau de votre piquenique, impressionnant !
Quant à moi, je me suis pris un méchant coup de Soleil sur la face et sur le dessus du crâne, quelque chose de bien. Mais c'est pas ça qui aurait pu gâcher ma journée car comme vous l'avez compris, j'étais bien, très bien. Même avec la tête à 42°, je me sentais bien. Merveilleusement bien. J'espère que ces photos vous auront permis d'apercevoir une partie de ce bien-être. Le reste est dans mon cœur.
La nature nous avertit par un signe précis que notre destination est atteinte. Ce signe est la joie. (Bergson)

Si vous voulez d'autres photos, je peux vous les envoyer par mail, il n'y a qu'à demander.

vendredi 13 mai 2016

Excursion à Kamakura (1)
La semaine dernière, c'était la Golden Week, une semaine avec plusieurs jours fériés, et les Japonais en profitent souvent pour faire le pont et prendre quelques jours de vacances. J'ai donc eu droit, moi aussi, à ma première semaine de congé. Mes cartons sont arrivés (ceux que j'avais expédiés par bateau), et j'ai profité de ce temps libre pour m'installer un peu mieux chez moi. Je me suis aussi reposé, et je suis allé passer une journée à Kamakura.
Kamakura est une belle petite ville au sud de Tôkyô, à une heure de train. Comme c'est une ancienne capitale, elle bénéficie d'un héritage foisonnant, et en particulier, elle est incroyablement riche en temples (bouddhistes) et sanctuaires (shintô). J'en ai visité au moins quatre ou cinq, ce qui ne constitue probablement pas le tiers de ce que recèle Kamakura. Il faisait super beau, il n'y avait pas trop de monde (en tout cas, le matin), j'en ai pris plein les yeux. Pour que vous puissiez profiter des détails, je n'ai pas compressé les photos. Voyez donc...






Certains bâtiments embaument l'encens ou la cire ; parfois, en longeant un jardin, c'est un nuage de jasmin qui vous enveloppe...
Et puis il y a les papillons miroitants, les oiseaux aux chants si exotiques, les grenouilles qui coassent de contentement dans l'eau tiède descendue des cascades tintinnabulantes...

Dans un temple, j'ai vu des moines s'entrainer au kyûdô, le tir à l'arc traditionnel.
Un peu plus tard, en me promenant en ville, j'ai entendu des cris dont la tonalité me rappelait de bons souvenirs, je me suis approché, et je ne m'étais pas trompé : il y avait bien une compétition de kendô. Maintenant que j'ai récupéré mon armure, il va vraiment falloir que je me trouve un club.






Et puis il y a les tortues, les hérons, les grues blanches, les canards, les carpes...
Et puis il y a le vent chaud chargé d'iode qui se dépose sur la peau pour aspirer vos dernières résistances. Désarmé, il ne vous reste plus que les larmes pour répondre à la beauté qui vous environne.
Il y a ces larmes de joie cachées dans chaque seconde qui s'égrène...
Le bonheur, c'est de continuer à désirer ce qu'on possède déjà. (attribué à saint Augustin) Je ne suis pas forcément d'accord avec cette définition qui associe bonheur et possession, sauf si on prend "posséder" dans le sens de "ce qui est là", "ce qui s'offre à nous", "ce dont on jouit." Alors dans ce cas, oui, on peut dire que je suis heureux.
J'ai pris plus de 130 photos lors de ma visite à Kamakura, je ne vais pas toutes les mettre sur le blog, mais d'autres viendront très prochainement.