vendredi 27 janvier 2017

Gastronomie
Ça fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de la cuisine japonaise, alors que la restauration nippone est absolument hors du commun, aussi bien pour ce qui se trouve dans l'assiette que pour ce qu'il y a autour. J'entame donc avec cet article une série pour vous faire partager mes découvertes culinaires et vous présenter quelques restaurants insolites.
Aujourd'hui, parlons haute gastronomie. Car au Japon comme en France, les fêtes de fin d'année sont l'occasion de beaux repas gastronomiques. En décembre, j'ai fait quelques expériences intéressantes et inédites que voici.

Le groupe scolaire pour lequel je travaille nous a invités dans un restaurant de fugu. Le fugu, c'est ce poisson qui se gonfle d'eau quand il se sent menacé, et devient tout rond avec plein d'épines, pas sympa. En d'autres termes, il se gonfle quand on le gonfle, ah ah ah. Il a cette autre particularité de secréter un poison très violent, et si on le prépare mal, c'est mortel, au sens littéral du terme. Il faut d'ailleurs que le chef ait une licence spéciale pour avoir le droit d'en proposer. Mes collègues se sont un peu foutu de moi parce que je m'étais renseigné sur les risques réels encourus avant de partir pour le restaurant. N'empêche, le dernier mort recensé remonte à 2011 alors c'est pas des blagues.
Deux bonnes nouvelles : le restaurant était magnifique et je suis pas mort. Moins bonnes nouvelles : le fugu c'est archi-fade et ça coute une fortune (bon, c'était pas moi qui payais). En fait, je pense que les Japonais en mangent plutôt pour le prestige et le frisson de se dire qu'on déguste un plat dangereux. Pendant tout le repas, on goute du fugu sous toutes les formes. En sashimi, ça n'a vraiment aucune saveur, mais je reconnais que c'est un peu mieux dans un bouillon, sans pour autant être remarquable. Dans du sake chaud, ça ne sent pas très bon mais c'est quand même là que le gout se révèle le plus, et finalement, c'est ce que j'ai préféré.
Pour conclure, je dirais que je suis content d'avoir eu l'occasion de gouter du fugu, mais ce mets ne rentrera pas au palmarès de mes plats préférés.


Dans un style beaucoup plus classique, je suis par ailleurs allé manger dans un restaurant de Nagareyama avec mon club de kendô. Outre le fait de partager un moment chaleureux avec des gens qui s'en donnent à cœur joie sur ma personne à longueur d'entrainement, ce repas a constitué pour moi une incroyable suite de découvertes savoureuses. Je serais bien incapable de vous citer le moindre nom des plats que j'ai pu gouter, et tout aussi embêté pour vous expliquer de quoi ces plats sont composés, malgré les explications de mes collègues kendôkas qui sont également très forts pour faire des phrases très longues avec des mots très compliqués. Quoi qu'il en soit, avant même de porter les aliments à la bouche, le premier délice est pour les yeux.
On trouve évidemment du poisson cru en sushis ou sashimis (et je vous rappelle que si vous n'avez jamais mangé de sushi au Japon, c'est que vous n'avez jamais mangé de sushi), ou du poisson cuit, mais aussi viande, tôfu, beignets de légumes, etc. Un régal qui frôle l'extase. Concernant les boissons, c'est assez surprenant, mais ce n'est pas tellement une démarche naturelle de boire de l'eau pendant le repas en Asie (j'avais déjà remarqué la même chose à Hong Kong). On peut en demander bien sûr, mais il est plus courant de boire du thé ou de la bière. Et puis on m'a fait gouter un sake qu'on ne sort que pour les grandes occasions : un sake aux paillettes d'or ! Une fois de plus, c'est le prestige qui prime, parce que même si ce sake est excellent, la présence d'or n'apporte pas grand-chose au gout. Et pour tout dire, quand on sait par où tout ça ressort une fois ingurgité, je trouve que c'est quand même un luxe dont on pourrait très bien se passer.


Allez, je ne vais pas faire le snob, et j'avoue que je m'en suis mis plein la panse sans trop de scrupules. Mais après les fêtes, je suis monté sur la balance, et le résultat a été fatal, implacable tout autant que logique : j'ai pris 3 kilos !
Cette nouvelle année commence donc pour moi sous le signe du régime.

dimanche 22 janvier 2017

Nikkô
Depuis ma toute première visite au Japon, en 2008, Nikkô faisait partie des endroits que j'avais envie de visiter. Mais comme ma liste des choses à faire et à voir était longue (elle l'est d'ailleurs toujours), il aura fallu patienter jusqu'à ces vacances de Noël pour pouvoir accomplir ce vieux rêve. Et l'attente a été largement récompensée...
Située à deux heures de train au Nord de Tôkyô, Nikkô est, à l'instar de Nara, une ville petite par la taille mais de première importance d'un point de vue historique. Je ne vais pas vous raconter ici comment et pourquoi cette citée a été bâtie, mais l'essentiel est de savoir que l'endroit est étroitement lié au shogun Tokugawa Ieyasu, un des grands unificateurs du Japon. Redoutable chef de guerre du début du 17ème siècle, il est devenu le premier shogun à régner à la place de l'empereur, et sa lignée n'a lâché le pouvoir qu'avec la restitution de l'empereur en 1868.
Dans le musée qui lui est consacré à Nikkô, un film retrace sa vie sans aucune - mais alors AUCUNE - prise de recul ! C'est une véritable hagiographie à la gloire de Tokugawa Ieyasu, sans la moindre modération, balayant toute remise en cause, déifiant véritablement celui qui conduisit pourtant de nombreuses batailles sanglantes, et qui fit, entre autres délicatesses, décapiter sa première femme et son fils ainé. Un esthète, quoi. Je ne veux pas avoir l'air de jeter le bébé avec l'eau du bain, et si les Japonais l'adorent, c'est qu'il a fortement contribué à l'édification du Japon moderne. Toujours est-il que c'est en grande partie en son honneur que les sanctuaires de Nikkô ont été construits juste après sa disparition, en particulier le Tôshôgû, où se trouve son mausolée.
Les temples et sanctuaires de Nikkô ont un style très particulier, fourmillant de détails, extrêmement riche. On est loin de l'épuration zen traditionnelle, on serait plutôt dans un style rococo oriental. Par bien des aspects, les bâtiments me rappellent ce que j'ai pu voir en Thaïlande ou au Cambodge. Pour les construire, les artisans les plus réputés du pays ont été recrutés, et le résultat est époustouflant. La beauté des constructions est magnifiée par la majesté du site, puisque Nikkô se situe à l'orée de la montagne, et la nature environnante sublime la création de l'Homme.
Assez parlé, voici les photos.



























Un peu à l'écart de la ville, Nikkô recèle également des sites naturels très réputés, en particulier un lac et une cascade. Il était impossible de tout visiter en une journée, et en plus, avec le froid qu'il faisait, je ne suis pas sûr que j'aurais apprécié les paysages à leur juste valeur !
Tant mieux, ce sera l'occasion de revenir aux beaux jours.

samedi 14 janvier 2017

Le retour du franponais !
Si vous êtes un lecteur régulier de ce blog, vous connaissez le franponais. Sinon, vous pouvez consulter les articles datés du 15 avril et du 12 juin. Vous pouvez aussi vous régaler sur le site http://lefranponais.fr/ . Pour commencer la nouvelle année en souriant, voici quelques images glanées au fil des mois.


L'image de la vieille France fait toujours recette.





Pia, qui est simpathique mai qui a pa vérifié l'ortograf avant de fer son ensègne...

Bon, pour être tout à fait honnête, je ne sais pas d'où vient ce nom, après tout, ça existe peut-être vraiment, Châteraisé. N'empêche, parmi les douceurs qu'ils proposent, il y a des glaces, alors moi tout de suite, j'ai eu plein d'idées de slogans publicitaires, genre : "Faites-vous plaisir, léchez une bonne Châteraisé", ou alors "La Châteraisé en été, ça rafraichit !"



Parce que ce serait un bistrot mort, on aurait moins envie d'y aller, c'est sûr.






C'est pas la peine de crier, il arrive ton café !













Ce qui est pratique avec le franponais, c'est qu'on peut inventer des noms bizarres pour des logements, les gens qui habitent là ne s'en rendront même pas compte.
Concernant l'accent sur "La Forét", il faut excuser les Japonais, parce qu'il n'y a pas d'accent dans leur langue.
Par contre, on ne sait pas pourquoi le "i" de "cerisier" a disparu. Le dessin et la transcription en japonais ne laissent pourtant planer aucun doute : c'est ben de l'arbre qu produt la cerse dont l s'agt !














Il n'y a certes pas d'accent en japonais, alors je ne sais pas pourquoi on en met là où on devrait écrire "laissez-passer"...




Et puis il y a tout ce qui touche à la gastronomie, les grands classiques du franponais...
Les sardines qui vont bien, en tout cas on espère pour elles, et une bonne demitasse de café...
Vous allez encore penser que j'ai l'esprit pervers, mais je ne sais pas bien comment interpréter "Passer du bon temps avec des gâteaux délicieux", quand il s'agit de gâteaux avec un trou au milieu...

Parfois, il n'y a pas vraiment de grosse faute d'orthographe, on peut même dire que certaines phrases en franponais sont tout à fait correctes, grammaticalement parlant. Mais c'est la tonalité générale de la phrase qui produit un effet étrange. En japonais, cette phrase ci-dessous passerait sans doute pour une maxime élégante, elle présenterait la ligne de pensée de cette entreprise de façon raffinée. Mais en français, cette manière de s'exprimer apparait comme complètement artificielle et donne au discours une emphase complètement déplacée. Et c'est ça qui est drôle !
 

A part ça, j'ai découvert une nouvelle forme de franponais, appelons ça le franponais oral. Beaucoup de mots passent d'une langue à l'autre. Du japonais, les Français utilisent couramment les mots "kamikaze" ou "tsunami", par exemple. Ce type d'emprunt est courant dans de nombreuses langues, avec parfois un certain décalage par rapport au sens original. Je connaissais la dimension internationale du mot français "encore" dans le sens de "rappel", lors d'un concert, mais je ne l'avais jamais entendu en contexte, jusqu'au concert de Noël de l'école. Quelle surprise, quand le public s'est mit à scander en français "Encore !" (là où les Français réclament habituellement "Une autre !"). Enfin, avec la prononciation japonaise, ça donnait plutôt quelque-chose comme : "ane-kô-lu !"...

samedi 7 janvier 2017

Kôbe - Nara
J'ai profité de mes vacances d'hiver pour aller voir mon amie Hiroko, que j'avais connue à Paris, mais qui habite à Kôbe. Sa fille Céline, qui fut longtemps une de mes étudiantes en France (et qui plus est, une des meilleures !) était là aussi, venue passer les fêtes chez sa mère. Avec Hiroko, nous avions eu l'occasion de nous revoir à Nagareyama lors d'une de ses visites sur la région, mais avec Céline, c'était nos grandes retrouvailles depuis mon départ de la France. Quel plaisir que de passer trois jours en leur compagnie !
Kôbe est une ville de taille moyenne bordée par la mer d'un côté et la montagne de l'autre. C'est d'ailleurs assez surprenant de passer d'un décor à l'autre en un clin d’œil. Imaginez : on traverse le pont qui relie l'ile (il y a plusieurs iles dans la baie) au centre-ville, et on est ébloui par les reflets de la mer. Quelques instants plus tard, on est en plein cœur de Kôbe, avec ses grandes avenues et ses buildings, ses commerces et ses quartiers animés. Puis au détour d'une rue, la route commence d'un seul coup à grimper en lacets, tous les bâtiments disparaissent au profit de la forêt, on plonge en pleine nature, c'est incroyable. La montagne abrite de nombreux temples très paisibles, c'est un véritable enchantement.



































A Kôbe, j'ai également pu visiter une fabrique de sake, l'alcool de riz traditionnel japonais. Même si je ne suis pas un grand buveur de sake, c'était très intéressant de découvrir un peu ce mode de fabrication complexe, et de pouvoir faire une petite dégustation. En comparant différentes sortes de sake, on peut sentir la subtilité des arômes, le parfum est vraiment très délicat, les saveurs particulièrement raffinées.
Kôbe est aussi mondialement (et tristement) connu pour son terrible tremblement de terre qui avait fait plus de 6 400 morts en 1995. Je suis allé visiter le mémorial consacré à cette catastrophe. Difficile de rester de marbre devant les images captées par les caméras de vidéosurveillance de la ville. C'est toute une cité qui s'effondre en quelques secondes. Difficile de ne pas verser de larmes devant le témoignage de tant de vies balayées le temps d'un souffle. Cependant, ce mémorial est très bien fait, très complet, et malgré l'émotion, sa visite me semble indispensable pour prendre conscience de ce que peut être un séisme de grande ampleur. Sensibilisé par cette exposition, quand je suis rentré chez moi, j'ai commencé à me préparer un sac de survie avec le nécessaire pour faire face aux situations d'urgence, en espérant ne jamais avoir à m'en servir.


Hiroko, Céline et moi sommes allés visiter Nara, à une heure de voiture de Kôbe (quand il n'y a pas d'embouteillage...). Nara est une petite ville très ancienne, c'est la première capitale du Japon. En arrivant, on est surpris de voir les daims en liberté dans la ville. Non seulement ils ne sont pas farouches, mais en plus ils ont l'habitude qu'on leur donne des biscuits, alors ils viennent réclamer ! A part ça, Nara est très riche en patrimoine culturel, il y a un grand nombre de temples, on pourrait facilement y passer deux jours à tous les visiter.
 

































Le temple le plus impressionnant de ceux que j'ai vus est le Tôdaiji, qui passe pour être le plus grand bâtiment en bois du monde. Il abrite un bouddha en bronze de 15 mètres de haut, saisissant.
A chaque fois que je visite un temple, je reste en admiration devant l'enchevêtrement des poutres. Si vous vous intéressez à l'architecture, il y a de quoi faire de beaux croquis !
Le centre-ville de Nara a été très bien préservé, et on trouve une multitude de petites ruelles très étroites où tous les bâtiments sont en bois, certains ont plus de cent ans. C'est un vrai régal que de s'y perdre, de déambuler au hasard, on a l'impression qu'on va croiser un samouraï !
Une belle plongée dans le Japon traditionnel.