mardi 18 décembre 2018

Le franponais philosophique
Si vous ne connaissez pas le franponais, je vous redonne ici le lien pour retrouver mon précédent article sur le sujet, et de là vous pourrez accéder aux autres.
Le franponais, ce n'est pas seulement des mots, c'est aussi des phrases, et souvent, des phrases qui se veulent philosophiques et/ou poétiques. Comme toujours, la gastronomie est une inépuisable source d'inspiration pour les franponeurs (ou les franponistes ?). Je me demande si les Japonais qui rédigent ces textes ont déjà suivi des cours de français et commettent eux-même ces traductions approximatives, ou bien s'ils n'ont jamais étudié la langue de Molière et s'en remettent totalement à Google Trad... Quoiqu'il en soit, je vous laisse juges du résultat, et pour une fois, ça se passe de commentaire.













dimanche 9 décembre 2018

Le Krampus
Pour une fois, je ne vais pas vous parler du Japon mais de l'Autriche ! Car, comme c'est le cas pour Halloween ou Noël, les Japonais aiment faire leurs des coutumes venues d'ailleurs. Pour un pays qu'on dit plutôt fermé, le Japon se nourrit en vérité abondamment de l'influence étrangère. La tradition que je vais vous présenter est certes encore loin d'être intégrée à la culture japonaise, mais elle pourrait bien, au fil des ans, y trouver sa place. Il s'agit d'une tradition autrichienne appelée Krampus.
Si je m'en réfère à Wikipédia (car je n'avais moi-même jamais entendu parler de cette légende quand j'habitais en Europe), le Krampus est une créature mythique folklorique associée à saint Nicolas, lui-même à l'origine de notre Père Noël. Saint Nicolas, c'est le type sympa qui vient distribuer des friandises aux enfants qui ont été gentils, on connait. Mais pour l'équilibre, il fallait bien inventer quelque chose pour les enfants qui n'ont pas été sages. Dans certains pays, l'alter ego négatif de saint Nicolas s'appelle le père Fouettard. Tout de noir vêtu (ou de rouge, suivant les régions), celui-ci vient en général fouetter les enfants récalcitrants pour leur apprendre les bonnes manières, non mais. Il devrait venir faire un tour à l'école Gyôsei, il y aurait du boulot pour lui.
Le Krampus (ou simplement Krampus, si on considère que c'est son petit nom), c'est la version extrême du père Fouettard, son apogée horrifique. On le représente le plus souvent comme une bête à cornes, une sorte de bouc démoniaque, parfois avec une longue langue pendante, et sa particularité est d'être absolument terrifiant à voir, bien plus que le père Fouettard. En Europe de l'est, le Krampus défile en grognant dans les rues à l'approche de Noël, muni de chaines ou de cloches (les mêmes attributs que le père Fouettard), et il distribue des coups de fouets à tous ceux qui n'ont pas été cool avec leurs parents et/ou leur prof de français. Les costumes de Krampus, les masques en particulier, sont véritablement effrayants, à faire passer une fête d'Halloween pour une réunion de Bisounours. Ceux que vous voyez sur ces photos ont été importés d'Autriche. Parmi toutes ces créatures, je ne sais pas si une d'entre elles représente le Krampus officiel, ou si elles ont toutes droit à l'appellation Krampus. Franchement, même vous, en tant qu'adultes, vous ne les trouvez pas totalement effroyables ?
En ce début décembre, je me suis rendu à Itabashi, un quartier du nord de Tôkyô, pour assister au quatrième défilé du Krampus organisé au Japon. Déjà, moi qui croyais avoir été gentil cette année, je suis tombé de haut, parce qu'avec tous les coups de fouets que je me suis pris dans les jambes, j'ai dû faire pas mal de bêtises sans m'en rendre compte. Pardon petit Jésus. Mais moi, c'est rien. Parmi les enfants assistant à la parade, il y en avait certes quelques-uns que ça faisait bien rire, et qui se faisaient prendre en photo avec les gros messieurs pas beaux tout poilus. Mais pour d'autres enfants, la dimension festive de l'évènement n'était pas - mais alors pas du tout - évidente ! Les hurlements que j'ai entendus ce jour-là n'avaient rien d'un jeu, et les visages terrorisés de ces petits garçons et de ces petites filles continuent d'hanter ma mémoire. Il faut dire, chers lecteurs, que votre humble serviteur est un ex-traumatisé qui en a cuit. Quand je vous parle de trauma, je sais de quoi je cause, et en présence de tous ces enfants en larmes, je ne peux que compatir. Leurs cris réveillent en moi une douleur solitaire et profonde que j'ai trop souvent connue.
Certes, personnes n'était obligé de venir assister à la parade, mais je ne suis pas sûr que tous les enfants présents étaient parfaitement informés de ce qui les attendaient ce jour-là. Je reste très partagé. Doit-on permettre à un enfant d'approcher ses peurs pour apprendre à les dompter ? Après tout, ça a semblé bien marcher pour certains d'entre eux. Voire même, quelques pots de colle s'amusaient à aller faire chier les acteurs qui défilaient, et les services de sécurité avaient fort à faire pour calmer les plus excités. Mais pour ceux qui ne savaient pas ?... Pour tous ces enfants qui ne prenaient aucun plaisir à voir apparaitre devant eux des créatures que leurs pires cauchemars n'auraient jamais fait naitre ? Quel est le bénéfice affectif, psychologique ? J'ai beau réfléchir, et lutter pour mettre de côté mes cicatrices personnelles, je ne vois que souffrance inutile. Soumettre un enfant à un tel spectacle, quand c'est vécu avec autant d'angoisse, j'appelle ça de la maltraitance, voire de la torture psychologique. Et visiblement, ils sont quelques parents à n'éprouver aucun scrupule à torturer leurs enfants. Ce qui m'inquiète le plus, c'est que j'ai le vague sentiment que c'est le type de tradition qui a tout pour s'implanter confortablement au Japon. Quitte à importer des coutumes étrangères, je me dis qu'il vaudrait mieux choisir les meilleures que les pires...
       
 

Pourquoi pensé-je que cette tradition a toute sa place dans la culture japonaise ? D'une part, la dimension grotesque (pas dans le sens de ridicule mais dans le sens d'excessif et d'inquiétant) de l'évènement me semble répondre aux gouts des Japonais, si j'en juge la façon dont ils se sont approprié Halloween (vous pouvez relire mon article sur le sujet ici) ; ensuite, la cruauté perverse du défilé du Krampus peut même se rapprocher, d'une certaine manière, de la fascination pour le morbide qu'on trouve dans la littérature noire japonaise, Edogawa Ranpo en étant un exemple frappant ; et puis il y a encore cette appétence pour le déguisement présente dans des tas de pans de la culture nippone, depuis les cosplays jusqu'aux jeux érotiques. Mais surtout, la tradition du Krampus ressemble fort à une tradition purement japonaise, le Raihô-shin, qui vient d'être inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. On peut toutefois considérer qu'au contraire, la place du Krampus (j'entends par là, son rôle social et symbolique) étant déjà occupée par le Raihô-shin, le démon venu d'Europe de l'est ne pourra rester qu'en marge.
Le Raihô-shin est un rituel lors duquel des démons effectuent une visite dans les maisons des particuliers (mais je crois que la cérémonie peut également se dérouler dans la rue), au moment de la nouvelle année. Il existe plusieurs déclinaisons de cette tradition, la plus célèbre étant le Namahage (prononcez "nama-hagué", avec un H aspiré). Le Namahage est originaire du nord de l'ile de Honshu (l'ile principale de l'archipel), du côté de la préfecture d'Akita. Les démons, portant masques et costumes à l'aspect effrayant, réclament des enfants désobéissants ou paresseux pour les emporter avec eux, et les parents répondent qu'il n'y en a pas chez eux. Puis, par principe, les démons terrorisent encore un petit coup les enfants avant de repartir. Bien que les enfants soient généralement en larmes, ce rituel est considéré comme une source de bénédiction. Cherchez l'erreur. Je fais chaque jour mon maximum pour m'ouvrir l'esprit et intégrer en moi ma culture d'accueil, et je sais bien que d'un point de vue ethnologique, mon regard empreint de culture occidental n'a que peu de valeur, mais il me faudra sans doute vivre longtemps au Japon avant de pouvoir banaliser ces pratiques dans mon esprit. D'ici-là, le Krampus se sera peut-être implanté au Pays du Soleil Sanglant...

vendredi 23 novembre 2018

Ici l'on pêche
Mon père est venu au Japon pour la deuxième fois, et c'était pour une occasion bien particulière : fêter son 80ème anniversaire ! Alors à circonstances spéciales, restaurant spécial. On est allés manger en famille à Zauo, un endroit qui était inscrit sur ma longue liste des choses à faire au Japon. Il s'agit d'un restaurant de fruits de mer d'un genre unique : la particularité de cet établissement, c'est qu'on pêche soi-même le poisson qu'on va manger. Et pas de prise, pas de repas !
Tout une partie du restaurant est en forme de bateau, ça donne le ton (ça donne le thon ! ah ! ah ! ah !). Nous, on était dans un box privatif, avec vue directe sur le bassin de poissons, ça met cyniquement en appétit. Mais pas le temps de lambiner devant l'aquarium. On prend une canne à pêche, et hop, à nous de jouer ! En fonction de la formule choisie, on a droit à un certain nombre de tickets. Les poissons sont classés en nombre de tickets : plus votre prise a de la valeur, plus elle vous coute cher en tickets. Et si vous dépassez votre quota, il faudra mettre au bout au moment de l'addition. Sachant que certains poissons valent très chers, il vaut mieux être prudent et ne pas s'approcher du bassin des bestioles de luxe (heureusement, séparé). Après, c'est une question de chance : un petit poisson (à un ticket) fera l'affaire pour une personne, un plus gros sera partagé.
Pendant que je prenais les photos, ma famille semblait bien en peine pour nous attraper de quoi nous sustenter. J'ai empoigné une canne à pêche, et hop, en moins de dix secondes, ça mordait ! Une belle prise ! (un gros coup de bol) Par contre, ça éclabousse, c'est clair. Après, on confie l'animal qui s'agite au personnel qui s'agite moins, et on donne le nombre de tickets correspondant, on indique le numéro de sa table, et surtout, on commande la cuisson : à la vapeur, grillé, frit, il y a pas mal d'options possibles. Mais quand même, ma belle dorade (je crois bien que c'en était une) ne suffisait pas à nourrir cinq personnes, alors on a continué. Et là, c'est ma petit sœur qui a eu la main heureuse ! Mais pour les photos, mon père a fait croire que c'était lui. Après tout, c'était son anniversaire ! Et comme ça, il a eu droit à un roulement de taiko (les tambours traditionnels).

Nous n'avions plus qu'à regagner notre place. Salade, sashimis et autres nous attendaient déjà sur la table. Et quand on vous sert votre poisson (qui fait moins le malin), quel bonheur ! Déjà, on est assuré de la fraicheur, et puis c'est un vrai plaisir que de se régaler de sa propre pêche.
Voilà une excellente soirée qui associe gastronomie et convivialité. Bon anniversaire papa !

dimanche 11 novembre 2018

Oku Nikkô
Nikkô est une petite ville située à environ deux heures au nord de Tôkyô. Elle est surtout réputée auprès des touristes (japonais et étrangers) pour ses nombreux temples et sanctuaires inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. J'avais déjà eu l'occasion de m'y rendre en janvier 2017, et je vous avais raconté cette excursion dans cet article, que je vous invite à relire. Je m'étais promis de revenir, ce que je viens de faire. Mais cette fois-ci, je ne me suis pas arrêté à Nikkô-même, et je suis allé bien au-delà de la ville principale pour me rendre à Oku Nikkô.
On pourrait traduire littéralement Oku Nikkô par "au fond de Nikkô", ou par "le Nikkô profond". En effet, une fois arrivé à la gare, il faut encore prendre un bus qui vous emmène en serpentant sur une route sinueuse à l'ascension de la montagne. Et quand je dis "ascension", ce n'est pas une figure de style : ça monte raide ! Comme nous étions au moment d'un weekend prolongé, le trafic était chargé, et il m'a fallu une bonne heure et demie pour rallier ma destination. Quand on a envie de faire pipi, le trajet prend des allures d'exercice zen que je ne conseille à personne.
On arrive donc au bord d'un lac ceinturé de montagnes, le genre de paysage que j'affectionne particulièrement, et le grand air vous saisit aussitôt. Il faisait déjà bien plus frais à Nikkô qu'à Tôkyô, mais à Oku Nikkô, la fraicheur laissa place à un froid mordant. Prévoyant, j'avais bien emporté mon petit anorak, mais ni mes gants, ni mon bonnet, ni mon écharpe... et je le regrettai immédiatement. Oku Nikkô, c'est bel et bien la montagne, et la montagne en novembre, ça caille sa mère.
Moi qui avais donc hâte de me pelotonner dans le confort et la chaleur du ryôkan où je me rendais, je suis tombé de haut. Plutôt que d'une auberge traditionnelle, il s'agissait en fait d'un hôtel classique, avec une chambre certes à la japonaise, mais trop étroite pour s'y sentir à l'aise. Par ailleurs, le bâtiment était mal insonorisé, et toute la soirée (ainsi que la matinée du lendemain), ce ne fut que portes qui claquaient, ramdam des bruits de pas dans le couloir, et échos des conversations dans les chambres voisines. Je ne parle même pas de l'aspirateur en guise de chant d'adieu alors que j'essayais de me reposer avant de quitter les lieux.
En plus, dans un ryôkan, habituellement, un de mes gros plaisirs est le repas traditionnel. Là, le repas se prenait dans l'hôtel d'à côté, et la cuisine était tout ce qu'il y avait de plus occidental. Bon, OK, c'était très bon, il aurait plus manqué que ça.
Quant au onsen, il n'y avait en fait rien d'autre qu'une simple salle de bain, et comme j'étais scrogneugneu je vais dire une salle de bain toute pourrie où on pouvait même pas allonger ses jambes dans la baignoire, quant à y tenir à deux, c'était possible, mais seulement avec les genoux sous le menton, bonjour la détente.
Ah, j'oubliais le détail qui tue : pour se pelotonner dans le confort et la chaleur machin machin, il fallait choisir entre une chambre glaciale et une chambre surchauffée par un genre de poêle au mazout qui pue. Entre les deux, il y avait pas.
Oui, même au Japon, ce genre de déception (quelqu'un a un autre mot à me proposer ?), ça arrive.
On va se consoler en disant que la vue sur le lac était jolie...
Car heureusement, Oku Nikkô recèle d'autres centres d'intérêt que ses hôtels miteux, et l'environnement naturel, en particulier, y est fort attrayant.
Le petit temple Chûzenji par exemple, perché à flanc de montagne, est joli comme tout. Comme nous sommes en pleine saison des kôyô, la végétation exhibait ses rouges, jaunes et ocres avec fierté, et le paysage était splendide. Pour rappel, les kôyô, c'est quand les feuilles des arbres se parent de leurs couleurs d'automne, je vous en avais déjà parlé ici ou .




















Après, je suis allé visiter un petit musée consacré à l'écologie régionale. Outre la richesse de la flore, les montagnes alentours abritent, parait-il, pas mal d'ours et de singes. Pour nous, Français, ça sonne tout de suite exotique, mais pour les Japonais, c'est assez banal.
Enfin, en quittant le musée, réchauffé, je suis allé voir une cascade située à deux pas. Une cascade de 97 mètres, tout de même ! Impressionnante ! On peut prendre un ascenseur pour admirer la cascade d'en bas, la vue vaut vraiment le coup.
Puis il était temps de rentrer sur Nikkô pour prendre le train. Mais afin de profiter jusqu'au bout de mon weekend, j'avais réservé mon billet retour vers 19h. Ce que j'avais oublié, c'est qu'à partir de 17h, Nikkô devient une ville morte. Il fait nuit et tout est fermé. En plus, il s'est mis à pleuvoir. Il ne me restait plus qu'à attendre en grelottant dans la gare, en repensant à toutes ces belles images dont je venais de faire le plein. Un weekend bien agréable, malgré tout.

dimanche 30 septembre 2018

Un bol de verdure à Hakone
En train, Hakone se trouve à peine à deux heures de Tôkyô, ce qui en fait un lieu privilégié pour passer un weekend dépaysant sans trop s'éloigner de la capitale, et les touristes, japonais et autres, s'y dirigent en masse dès qu'ils ont besoin de prendre le vert. Moi-même, je viens de m'y rendre pour la troisième fois depuis que je vis au Japon.
La première fois, c'était juste pour une journée, il y a deux ans exactement, et je vous l'avais raconté ici. La deuxième fois, c'était pendant les vacances de printemps, et j'y avais visité deux musées, comme je vous le racontai ici. Cette fois-ci, j'avais surtout envie de prendre l'air pour, tel un Japonais, mettre un peu à l'écart les tracas de la vie quotidienne (non, je ne vous parlerai pas de mon travail aujourd'hui !😩).
Tout d'abord, je suis retourné à Ôwakudani voir les fumerolles de soufre s'échappant de la montagne. C'est toujours aussi impressionnant. Cette fois-ci, j'ai pu gouter aux œufs durs cuits, si j'ai bien compris, directement à la chaleur des émanations volcaniques. La coquille devient toute noire, mais après quelques heures, elle prend des reflets mordorés. On mange ces œufs encore chauds, le parfum est subtil et délicieux, et en plus il parait que c'est bon pour la santé. Après, bien sûr, je n'ai pas résisté à l'envie d'une glace noire (elle aussi, cuite sur le volcan ?!😮), dont le gout n'a rien de particulier, c'est juste pour le délire. Comme le site est en altitude, j'ai aperçu le mont Fuji (à cette saison, on ne le voit pas depuis Tôkyô). Bref, une visite qui rafraichit bien la tête, parfaite pour ouvrir ce weekend.
Hakone, ce n'est pas vraiment une ville comme on l'entend habituellement. C'est plutôt une multitude de quartiers, comme des micro-villages, répartis dans la montagne couverte de forêt. Pour aller de l'un à l'autre, on prend un bus ou un petit train qui serpente lentement en zigzag à travers la verdure. On a vraiment le sentiment d'être loin de tout, et on comprend pourquoi cette destination est tellement populaire auprès des Tokyoïtes.
Le soir, j'ai dormi dans un petit ryôkan (auberge traditionnelle), et j'ai pu me prélasser dans un rotenburo, un onsen en extérieur. Les onsen de Hakone sont nombreux et très réputés. Le ryôkan était situé dans un quartier un peu ancien, aux ruelles étroites, assez mignon. Depuis la chambre, vue sur la montagne, on imagine difficilement plus relaxant.
Le lendemain, beau soleil, direction le lac. Ça faisait longtemps que je voulais voir le lac Ashi, c'est un point de vue assez réputé d'où, par temps clair, on peut admirer le mont Fuji. Bon, il faisait beau, mais pas à ce point-là, et le Fuji est resté caché derrière les nuages, dommage.
 






Toujours motivé par mon besoin de respirer un grand bol d'air frais, j'avais très envie de faire une balade en bateau sur le lac. Ce que je ne savais pas, c'est que les bateaux qui font la boucle sont des reproductions de galions ayant réellement existé, et représentent l'image archétypale du bateau pirate. Certes, tout est en toc et ça fait un peu Disneyland, mais pour compléter le dépaysement, ça marche bien, alors j'ai pas boudé mon plaisir.
Près du lac, on peut aussi arpenter un petit tronçon rescapé de l'ancienne route de Tôkaidô, qui reliait autrefois Tôkyô à Kyôto. Les cèdres qui bordent le chemin ont 400 ans, et tout en se promenant, on se plait à rêvasser aux voyageurs d'antan empruntant cette route, marchands, seigneurs, brigands, à pied, à cheval, ou en palanquin. Dommage que la route actuelle ait été construite si près du chemin, le bruit de la circulation gâche un peu la poésie.
J'ai terminé ma journée par une visite du Hakone-jinja, ou sanctuaire de Hakone, charmant, mais dont le torii, aux pieds dans l'eau, est assailli par les touristes, qui font la queue pour se prendre en photo devant ce paysage, il est vrai, ravissant.
De retour dans mon petit appartement à Nagareyama, le soir, j'avais du mal à réaliser que le matin même, je me baignais dans une source chaude en pleine nature. J'avais besoin de changer d'air : opération réussie !