Digital Art Museum : Team Lab
Un nouveau musée a ouvert ses portes en juin à Odaiba. Son nom complet est Mori Building Digital Art Museum : Epson - Team Lab - Borderless... que je me permets donc d'abréger dans le titre de cet article.
Odaiba est un quartier très moderne de la capitale, c'est un peu la vitrine technologique du Japon. On y trouve par exemple le Mirai-kan, le musée du futur, un peu l'équivalent du Musée des Sciences et de l'Industrie de Paris, version nippone (c'est-à-dire avec des robots !), ou la salle de jeu JoyPolis déjà évoquée dans mon billet sur les salles de jeux. En matière de modernité technologique, le Digital Art Museum frappe fort. Pour moi, c'est du jamais vu, un vrai coup de foudre culturel que je voudrais partager avec vous.
Team Lab est un collectif d'artistes qui utilisent essentiellement des techniques de projection et des images créées sur ordinateur pour composer des environnements immersifs. Bien que le collectif soit originaire du Japon, ses oeuvres sont exposées un peu partout dans le monde, et elles sont d'ailleurs passées cet été par la Grande Halle de la Villette à Paris, pour une installation intitulée Au-delà des limites, qui vient tout juste de se clôturer. Pour ma part, j'avais découvert Team Lab totalement par hasard dans une expo à Tôkyô il y a deux ans, et déjà, j'avais eu un coup de cœur. Le Digital Art Museum est le premier lieu d'exposition permanent qui lui est consacré.
Pourquoi ce musée s'appelle-t-il "Borderless" (littéralement, "sans limite" ou "sans frontière") ? Parce que dans les dispositifs créés par Team Lab, il n'y a pas vraiment de démarcation entre l'oeuvre et le monde "extérieur", celui dans lequel nous évoluons, pas de séparation entre l'art et le quotidien. Le spectateur est plongé dans l'espace artistique, il en fait partie intégrante ; à moins que ce soit l'inverse, et que ce soit la création artistique qui se détache du cadre où elle est habituellement confinée, s'échappant du monde étiqueté "artistique", pour s'étaler dans l'espace infini de la vie séculière.
Le double mouvement de ce procédé répand l'art partout autour de nous, les lumières et les couleurs forment une sorte de réseau, de filet, qui relie les spectateurs. Les spectateurs, quant à eux, ne sont plus des spectateurs, ils deviennent - ou redeviennent - des éléments de cette création artistique aléatoire, la modifiant de leurs mouvements, et ce faisant, ils participent à la même oeuvre. Il n'y a donc plus de séparation, plus de frontière, plus de limite, entre les hommes et femmes qui marchent sur Terre, c'est du moins la volonté de Team Lab.
En ce qui me concerne, j'ai surtout ressenti, en me laissant porter par les formes proposées dans le musée, une évocation des lois secrètes qui unissent l'infiniment petit à l'infiniment grand. C'est probablement mon obsession pour la physique quantique qui oriente ma sensibilité, j'en ai bien conscience. Cependant, comment ne pas percevoir la décomposition à l'infini des éléments, fleurs, animaux, lumière, comme une espèce de plongée fractale au cœur même de la matière ? Et comment ne pas mettre en parallèle cette réflexion (dans les deux sens du terme) avec le mouvement des océans, des planètes, des lumières - encore et toujours la lumière - évoqué à travers différentes installations ? Certains effets lumineux m'ont même fortement fait penser à la décomposition de l'espace-temps telle qu'elle est représentée dans le magnifique film Interstellar, (attention, spoiler !) quand le héros se retrouve au cœur d'une singularité. La vivacité des couleurs qui crépitent comme autant d'étincelles évoque parfois quant à elle le travail de Yayoi Kusama.
Illumination indicible, contemplation muette et mysticisme obscur. Une visite transcendantale, un merveilleux moment.
Pourquoi ce musée s'appelle-t-il "Borderless" (littéralement, "sans limite" ou "sans frontière") ? Parce que dans les dispositifs créés par Team Lab, il n'y a pas vraiment de démarcation entre l'oeuvre et le monde "extérieur", celui dans lequel nous évoluons, pas de séparation entre l'art et le quotidien. Le spectateur est plongé dans l'espace artistique, il en fait partie intégrante ; à moins que ce soit l'inverse, et que ce soit la création artistique qui se détache du cadre où elle est habituellement confinée, s'échappant du monde étiqueté "artistique", pour s'étaler dans l'espace infini de la vie séculière.
Le double mouvement de ce procédé répand l'art partout autour de nous, les lumières et les couleurs forment une sorte de réseau, de filet, qui relie les spectateurs. Les spectateurs, quant à eux, ne sont plus des spectateurs, ils deviennent - ou redeviennent - des éléments de cette création artistique aléatoire, la modifiant de leurs mouvements, et ce faisant, ils participent à la même oeuvre. Il n'y a donc plus de séparation, plus de frontière, plus de limite, entre les hommes et femmes qui marchent sur Terre, c'est du moins la volonté de Team Lab.
En ce qui me concerne, j'ai surtout ressenti, en me laissant porter par les formes proposées dans le musée, une évocation des lois secrètes qui unissent l'infiniment petit à l'infiniment grand. C'est probablement mon obsession pour la physique quantique qui oriente ma sensibilité, j'en ai bien conscience. Cependant, comment ne pas percevoir la décomposition à l'infini des éléments, fleurs, animaux, lumière, comme une espèce de plongée fractale au cœur même de la matière ? Et comment ne pas mettre en parallèle cette réflexion (dans les deux sens du terme) avec le mouvement des océans, des planètes, des lumières - encore et toujours la lumière - évoqué à travers différentes installations ? Certains effets lumineux m'ont même fortement fait penser à la décomposition de l'espace-temps telle qu'elle est représentée dans le magnifique film Interstellar, (attention, spoiler !) quand le héros se retrouve au cœur d'une singularité. La vivacité des couleurs qui crépitent comme autant d'étincelles évoque parfois quant à elle le travail de Yayoi Kusama.
Illumination indicible, contemplation muette et mysticisme obscur. Une visite transcendantale, un merveilleux moment.
Fascinant ! Et comment ne pas penser au Kasuga Taisha, le sanctuaire des lanternes de Nara et sa pièce noire ponctuée de lanternes lumineuses et tendue de mirroirs, dans laquelle les notions de temps et d'espace s'effacent pour inviter à un voyage au plus profond de soi ?
RépondreSupprimerJe suis allée la voir l'expo Team Lab dans la Grande Halle de la Villette: c'était trop beauuuu! C'est marrant d'être si loin et de voir la même expo! ;)
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