mercredi 17 avril 2024

Le Japon, la France, notre Terre

Je viens de France, je suis au Japon, nous vivons tous sur Terre. La seule planète habitable dans tout l'univers connu. Mais plus si habitable que ça, très bientôt.

Si vous ignorez à quel point l'état de notre maison commune m'inquiète, vous pouvez lire ou relire ce billet, ce sera plus facile de comprendre de quoi je vais vous parler aujourd'hui. Vous pouvez aussi consulter l'article de mes huit ans au Japon, j'y fais également allusion. Je vous préviens : cette fois encore, je vais faire long. Alors installez-vous et prenez le temps de me lire, s'il vous plait.
Parce que voilà : j'ai écrit au maire de Nagareyama. Suite à la dévastation du paysage devant mes fenêtres, je ne pouvais pas rester muet. Voici la lettre que je lui ai adressée.

Monsieur le maire,

Je vous félicite pour votre travail acharné dans notre municipalité depuis tant d'années. Je sais que vous êtes particulièrement concerné par les questions environnementales, et que vous ambitionnez de faire de Nagareyama une cité où la nature aurait toute sa place.
J'habite à Nagareyama depuis 7 années, et à l'époque où je me suis installé, j'ai été très heureux de découvrir cette ville charmante, si proche de Tôkyô et qui avait pourtant su garder un caractère rural que j'appréciais particulièrement.
Cependant, au cours de ces années, j'ai vu de nombreux changements apparaitre, et cela commence à m'inquiéter sérieusement.
En effet, je constate que les espaces verts se réduisent à une vitesse vertigineuse, laissant la place à des maisons individuelles. Par exemple, le petit bois situé juste en face de la poste principale a récemment totalement disparu. Quant au bois en face de chez moi, à Edogawadai, il est à présent remplacé par un lotissement. Je suppose que vous autorisez la destruction de la nature au nom du développement, mais quel développement souhaitez-vous ? L'économie qui nous a apporté tant de confort hier est la même économie qui nous fera tous souffrir demain. Le monde a changé, et nous ne pouvons plus continuer dans la même direction. Il est à présent nécessaire de prendre en compte les nouvelles réalités et de préparer la ville aux bouleversements qui s'annoncent. Il existe de nombreuses mesures à prendre pour adapter les zones urbaines au changement climatique, comment pouvez-vous, en tant que maire, les ignorer ? Par exemple, tous les experts s'accordent sur le fait qu'il est indispensable de préserver un maximum de végétation afin de créer des ilots de fraicheur, qui permettent d'absorber une partie de la chaleur lors des épisodes caniculaires. Pourquoi autorisez-vous à couper autant d'arbres dans votre municipalité ? Autre exemple : tous les bâtiments devraient être munis de toits blancs, afin de repousser une partie des rayons solaires. Pourquoi autorisez-vous la construction de bâtiments au toit noir ? Les maisons individuelles sont extrêmement énergivores, alors quitte à bâtir des logements, pourquoi ne pas construire des immeubles, beaucoup plus économiques ? Ou bien encore, pourquoi ne pas rénover les maisons déjà existantes ? La demande du public ne peut pas être invoquée : il existe des lois pour nous protéger, et en tant qu'élu municipal, votre devoir est de mettre en place une réglementation qui interdise à certains de s'accaparer l'air que nous respirons tous.
La nature, que vous avez autrefois tant chérie et respectée, s'efface de nos paysages. Je me souviens par exemple des lapins que je voyais traverser nos rues : il n'y en a plus un seul. La biodiversité est en danger, vous le savez, et avec elle, c'est l'espèce humaine elle-même qui est menacée, comme l'a à plusieurs reprises souligné António Guterres, le secrétaire général des Nations Unies.
Je le répète : le monde a changé. Que comptez-vous faire pour adapter la ville à notre nouvelle époque ? Avez-vous l'intention de persister dans une politique qui appartient au passé, qui privilégie l'économie au vivant ?
Je vous pose des questions précises, et j'espère que vous saurez m'apporter des réponses précises.

Je vous prie d'agréer, monsieur le maire, mes salutations les plus respectueuses.

Sur le site de la mairie, il est inscrit que le maire s'engage à répondre à toutes les lettres qui lui seront adressées. J'attendais donc sa réponse avec impatience. Voici ce que j'ai reçu, quelques jours plus tard (ma traduction, avec l'aide de Google Translate).

Monsieur Torréton,

J'ai bien lu votre lettre.
Merci pour votre retour au sujet de la préservation du milieu naturel en relation avec le développement de la ville. Concernant le développement urbain de la ville de Nagareyama, nous mettons en œuvre les initiatives suivantes.

1 - Concernant la planification urbaine
La planification urbaine porte sur la création d'infrastructures telles que les logements, les commerces, les routes et les parcs. Cette urbanisation est planifiée selon deux zones : une zone où l'urbanisation est prioritaire, et une zone où les activités de développement et de construction sont strictement limitées afin de préserver un environnement naturel riche.

2 - Concernant les zones à urbaniser
Dans ces zones, tout développement dépassant une certaine échelle, par exemple lorsqu'un propriétaire foncier envisage de subdiviser son terrain agricole ou forestier, nécessite l'autorisation de la ville conformément à la loi sur l'urbanisme. En outre, il est stipulé que l'autorisation de construire ne peut être accordée que si les normes de la loi sur l'urbanisme sont respectées et que les procédures sont terminées.

3 - Concernant le développement urbain de la ville de Nagareyama
Nagareyama vise à être une ville à "haute valeur ajoutée pour la qualité de vie" en maintenant et en améliorant un cadre de vie avec une végétation luxuriante et un environnement urbain confortable et agréable. Notre ville respecte des normes plus élevées que les autres villes à l'échelle nationale et dans la préfecture de Chiba. Non seulement nous servons de référence en promouvant la préservation des paysages, mais nous sommes à l'initiative de règles pour le développement urbain, comme le système de certification de la chaine verte, qui est une des rares règlementation du pays à établir une préservation de la nature en parallèle du développement urbain.
Voici les normes que nous appliquons :
- certification de la chaine verte (depuis 2006)
- ordonnance sur le paysage (depuis 2007)
- ordonnance concernant les normes d'autorisation pour les projets de développement (depuis 2010)
- ordonnance sur le développement de la ville (depuis 2012)
- introduction de restriction de hauteur absolue dans les zones d'altitude (depuis 2016)(je ne suis pas sûr du tout de cette traduction)
- ordonnance sur la publicité (depuis 2018)

4 - Concernant le système de certification de la chaine verte dans la ville de Nagareyama
En tant que "ville forestière la plus proche d'une mégapole", Nagareyama s'efforce de restaurer la verdure perdue en raison du développement, et de maintenir une haute valeur environnementale grâce au système de la chaine verte, qui nous permet d'évaluer si les constructions répondent aux normes, et de limiter le réchauffement climatique.
Ce système évalue le degré de préservation de l'environnement des nouvelles constructions grâce à sept indicateurs (contrôle de l'élévation de la température liée au revêtement routier, garantie de la ventilation entre les bâtiments, isolation des surfaces intérieures et extérieures, suppression de la chaleur rayonnante, évacuation de la chaleur, isolation des portes et ventilation), ce qui nous garantit des logements performants et fait de Nagareyama une ville verte.
Ce système a été mis en place en 2006, et au 31 mars 2020, un total de 9 237 bâtiments ont été certifiés, parmi lesquels des maisons individuelles, des complexes d'appartements et des zones résidentielles où la nature a toute sa place, répartis dans différents quartiers de la ville.

5 - Concernant la prise en compte de l'environnement
Afin de lutter contre le réchauffement climatique, nous accordons des subventions pour l'installation d'équipements de production d'énergie solaire, aussi bien pour les logements privés que pour les complexes d'appartements et les installations commerciales. Nous subventionnons également des équipements de recharge pour véhicules électriques. De plus, nous subventionnons d'autres installations d'énergie renouvelable. Nous envisageons par ailleurs des initiatives destinées à soutenir les entrepreneurs afin de construire des logements dotés d'une isolation à haute performance, dans le but de réduire la consommation d'énergie dans les logements privés.
Nous savons que la préservation de la nature et de l'environnement est importante, c'est pourquoi, même en zone urbanisée, nous souhaitons œuvrer à la création d'un cadre de vie à haute valeur environnementale et paysagère.

Le 21 décembre 2023,
Yoshiharu IZAKI, maire de Nagareyama

Sont joints à cette lettre les documents que voici, illustrant ce système de "chaine verte" et censés montrer que la nature détruite pour les constructions est remplacée par de nouvelles plantations.




En gros, M. Izaki nous dit qu'il respecte la loi, et qu'il est super-écolo puisqu'il ne coupe pas TOUS les arbres de la ville. Je n'ai pas besoin d'analyser en détail cette réponse, car même en prenant en compte toutes les approximations de ma traduction, vous pouvez voir par vous-même qu'il s'agit là d'un pur exemple de green-washing. Je n'en attendais pas plus de sa part, je ne suis donc pas déçu.
Vous remarquerez juste en passant que malgré ma demande, le maire ne répond à aucune des questions précises que je lui pose.
La réalité de Nagareyama, elle est là :
Et ça, c'est juste un exemple, parce que ce que vous voyez sur cette photo est en train de se produire partout dans la ville.
Quant à l'espace entre les maisons (ventilation) dont le maire parle, le voici :




Il est évident que M. Izaki est totalement à côté de la plaque, et qu'il n'a pas compris à quel point sa politique était criminelle. Il continuera donc à détruire méthodiquement toute trace de vie dans la ville.
Vous pourriez alors m'objecter que ma lettre n'a servi à rien. Si, ma lettre a servi à plusieurs choses :
- à me dire qu'au moins, j'aurai fait ça. J'ai pris la parole pour dire que la direction que suivait la mairie n'était pas la bonne. J'ai fait entendre ma voix. Je peux me regarder dans le miroir sans honte. Même s'il n'y avait rien d'autre de positif dans ma démarche, ce serait déjà suffisant. Ça, c'est pour moi.
- Je ne suis évidemment pas le seul, mais je suis désormais un de plus qui n'approuve pas la politique de M. Izaki, et il ne peut pas faire semblant de l'ignorer. Ça, c'est pour lui.
- Ce type de lettre est la première chose à faire. Pas la dernière.
Certes, il est inutile de revenir à la charge auprès du maire. Il a montré, par sa réponse, qu'il ne savait pas comment faire face aux enjeux, ou plus exactement, qu'il était persuadé d'adopter l'attitude adéquate. Il n'y a aucun espoir de son côté. De plus, mon amie (japonaise) m'a fait comprendre que maintenant que j'avais osé protester de façon si directe (ce qui est assez peu courant dans la culture japonaise), mon nom était probablement noté dans un dossier de la mairie, et qu'il valait mieux que je ne me fasse pas remarquer davantage.
Quelque part, je n'en veux pas à M. Izaki, ni aux autres responsables politiques de tous pays. Enfin si, je leur en veux à mort, mais ce que je veux dire, c'est qu'après tout, la plupart des élus font ce pour quoi ils ont été élus, et ils ont été élus par nous. Leur seul et unique objectif étant d'être réélu, leur popularité est le seul baromètre auquel ils se réfèrent. Ce qui se passe dans le monde n'entre aucunement dans leurs considérations. C'est donc à nous, électeurs et citoyens, de leur montrer le chemin. S'ils sentent que leurs actions ne nous satisfont pas, ne correspondent pas à nos attentes, ils n'auront d'autre choix que de changer de cap. Je vous parlerai plus bas de ce que nous pouvons faire.
Avant, je voudrais vous rappeler ce qu'est la réalité de la situation. Rassurez-vous, je ne vais pas répéter tout ce que je vous disais dans l'article Macadam massacre, mais je vais me contenter de donner quelques exemples concrets et récents, parce qu'on pourrait croire que j'exagère en parlant d'attitude criminelle, que je dramatise en parlant de l'élimination de la vie. Hélas, ce qui m'inquiète n'est pas le futur mais le présent, ce ne sont pas des spéculations mais des observations.
En mars, dans la région de Tôkyô, nous avons connu un épisode neigeux. Rien de plus normal à cette saison, une belle tempête de neige. Mais ce qui est tout à fait inhabituel, c'est qu'en même temps qu'il neigeait, il y avait de l'orage ! Un orage de neige, avec du tonnerre et des éclairs ! C'est complètement contraire à ce qu'on nous a appris à l'école, où on nous a enseigné les échanges thermiques et tout ça, et que c'est pour cette raison que les orages ne se produisaient qu'en été. Peut-être que certains météorologues expliqueront que c'est tout à fait normal, que c'est rare mais pas impossible, mais n'empêche, j'ai discuté de ce phénomène avec des Japonais et des expatriés qui vivent au Japon depuis longtemps, et personne n'avait jamais vu ça. Le climat est en train de tourner maboul sous nos yeux. Ce n'est pas "peut-être un jour", c'est maintenant. Chez vous, en France, c'est le sable du Sahara qui est venu se déposer dans vos rues. Là encore, on pourra peut-être expliquer que c'est normal, mais honnêtement, vous aviez déjà connu ça dans votre enfance ? Et vos parents ou vos grands-parents vous ont-ils déjà parlé du sable du désert qui arrivait en France quand ils étaient petits ? Vous n'avez pas le sentiment que le vent tourne, au sens propre comme au figuré ? Dans un autre domaine (mais c'est lié), vous aviez déjà vécu des confinements mondiaux dus à des pandémies ? Et les chercheurs nous préviennent : plus on s'attaquera à la biodiversité, plus on réduira l'habitat des espèces sauvages, et plus ces pandémies se produiront (voir l'étude complète de Marie-Monique Robin, La fabrique des pandémies, parue chez La Découverte). La destruction des écosystèmes, c'est notre autodestruction.
Selon RFI, lundi 15 avril, le thermomètre est monté jusqu'à 25° à Sapporo, dans la préfecture de Hokkaidô, au nord du Japon. Pour cette saison, c'est un record depuis que les statistiques existent, c'est-à-dire depuis 1877. Dans un article daté du 4 avril, le journal Libération rappelait que le mois de mars avait - encore - battu tous les records de chaleur, avec 45°C au Soudan du Sud, 44°C au Guatemala, 39,2°C en Thaïlande... Deux jours plus tard, dans ce même journal, un autre article annonçait qu'aux Philippines, 5 000 écoles avaient fermé à cause des températures extrêmes. Vous aviez souvent entendu ça, dans votre enfance ?
Moi, non. Le monde a changé.
Je me demande jusqu'à quand les climato-négationnistes continueront d'essayer de nous rassurer. Personne n'a envie de parler de la fin d'une civilisation, mais il faut bien mettre des mots sur les maux. Personne n'a envie de voir la catastrophe enclenchée, mais il faut ouvrir les yeux. Il est grand temps d'inventer le monde suivant, si on ne veut pas que le monde suivant s'impose à nous. Arrêtons de nous leurrer en avançant le soi-disant découplage, qui est un concept inventé par les multinationales afin de continuer leurs affaires, et qu'on nous ressert avec de belles couleurs hypnotiques, comme Kaa chantant à Mowgli : "Aie confiance, crois en moi...". En vérité, les ultra-riches qui pillent notre planète savent très bien ce qu'ils font, et nombreux sont ceux, comme Mark Zuckerberg, à faire construire des bunkers où ils pourront survivre de nombreuses années, pendant que nous brulerons, affamés et rongés de remords.
Pendant de longs siècles, de par sa tradition animiste et son héritage bouddhiste, le Japon a vécu dans le respect voire le culte de la nature. Mais à la fin du 19e siècle, prenant le virage de la "modernité", les Japonais ont tout sacrifié pour rejoindre le pseudo modèle du monde occidental. Alors que, eu égard à sa position insulaire, la population de l'Archipel pratique la pêche depuis ses origines, les autorités ont récemment décidé de verser dans la mer l'eau contaminée de Fukushima ! Ils ont tenté d'être rassurants : ne vous inquiétez pas, tout est mesuré, tout est contrôlé, on est dans les normes. Et parallèlement à ça, ils ont fait passer dans l'opinion publique, à force de marteler leurs communications stratégiques, qu'on n'avait pas le choix, qu'il n'y avait pas d'autre solution. J'ai bien une solution à leur proposer, moi : cette eau contaminée, qu'ils la boivent ! Si cette opération ne pose vraiment pas de problème, que ceux qui l'ont ordonnée assument. Mais sérieusement, quel responsable politique, quel directeur de centrale nucléaire accepterait de préparer le biberon de son enfant avec une eau pareille ? Ce qui va se passer, on le sait très bien : dans quelques temps, on découvrira que des données ont été manipulées, que des chiffres ont été falsifiés, peut-être même que des pots-de-vin ont été versés... Les responsables présenteront leurs excuses publiques, ils s'inclineront longuement sous le crépitement des flashs des journalistes, pratique typiquement japonaise. Mais ce sera trop tard. La mer aura bel et bien été contaminée, et les enfants atteints d'un cancer devront se battre pendant des années pour faire condamner les coupables. Et tout le monde de s'étonner : "on nous avait pourtant assuré qu'il n'y avait aucun risque..." Arrêtons de croire ceux qui nous promettent que "ça va bien se passer". Non, ça ne va pas bien se passer.
Le "business as usual" ne peut plus durer. Depuis quelques semaines, je donne des cours à domicile chez une famille franco-japonaise qui habite une maison toute neuve. Ah, elle est belle, cette maison, et grande ! Mais quand je pense à la quantité d'arbres qu'il a fallu couper pour la construire, aux tonnes de minerais qu'il a fallu extraire, quand je pense aux années qu'il faudra pour que la Terre se reconstitue, tout ça pour faire plaisir à quatre personnes (cinq, si on compte le nouveau-né), ça me rend malade. Et c'est pareil avec la maison d'à-côté, et celle d'à-côté. Les parents s'imaginent certainement que c'est bien pour leurs enfants. Mais quand leurs enfants mendieront dans le monde pourri que cette maison aura contribué à créer, que restera-t-il de ce bienêtre ? A-t-on vraiment besoin de toujours plus ?
Je l'ai dit et je le redis : je ne jette la pierre à personne, je ne suis pas un exemple, et je n'ai pas de leçon à donner à qui que ce soit. On pourrait très bien me reprocher, par exemple, mon voyage en avion en janvier pour aller à Hokkaidô. En toute sincérité, si ça n'avait tenu qu'à moi, j'y serais sans doute allé en train voire en bateau, mais quand on part en couple, il faut bien composer. C'est une explication, pas une excuse. Je fais de mon mieux, mais je suis loin d'être parfait. J'ai fortement diminué ma consommation de viande, j'en achète moins d'une fois par mois. Pour mes légumes, je me fournis désormais autant que possible auprès des petits agriculteurs du quartier. Ça ne va pas changer le monde, j'en ai bien conscience, et je n'ai de toute façon pas pour ambition de changer le monde. Je fais ce que je peux, à ma petite échelle, et je ne fais qu'inviter chacun à réfléchir à ce qu'il peut et veut faire, car si toi aussi tu changes ta vie, et toi aussi, et toi, et toi, alors oui, notre monde va changer. Nous ne sommes que des grains de sable, mais tous ensemble, nous formons une belle et grande plage. On ne peut rien décider pour les autres, décidons pour nous-mêmes. Faisons notre part sans attendre.
Comment faire notre part ? La première chose, encore et toujours, est de s'informer. Je vous mets ci-dessous quelques liens pour savoir quoi répondre à ceux qui disent qu'il n'y a ni réchauffement climatique ni effondrement de la biodiversité. Ensuite, il y a des centaines de façons d'agir, chacun en fonction de sa sensibilité, de sa personnalité, à vous de voir ce qui vous sied le mieux. Si votre truc, c'est de grimper dans les arbres pour empêcher qu'on les abatte, allez-y. Si vous préférez bloquer la circulation pour attirer l'attention, allez-y. Vous pouvez rejoindre des groupes, signer des pétitions, participer à des opérations diverses, ou les organiser vous-même. Vous pouvez écrire à vos élus, ou les interpeler quand ils paradent sur le marché, ça leur colle toujours un peu la pression. Vous pouvez écrire des livres ou au pire, un blog.
Pour ma part, j'ai rejoint la Coalition océan, ce n'est pas compliqué, vous pouvez le faire aussi :
Et puis pour vous informer, voici encore quelques liens.
Regardez donc ce beau film avec la glaciologue Heidi Sevestre :
Je n'approuve pas tout dans le documentaire suivant, mais il a le mérite de nous mettre clairement sous le nez ce que nous faisons vraiment quand nous achetons un steak :
Il y a beaucoup de personnes intéressantes qui témoignent  sur la chaine Sismique :
Et encore des entretiens profonds avec des personnes érudites sur la chaine Metabolism of Cities :
Et puis, pour rappel, encore et toujours, je ne peux que vous recommander les entretiens de Paloma Moritz sur Blast :
Et pour finir, les entretiens de Vinz sur Limit :

Eu égard au constat pour le moins sombre que je dresse au sujet de la société japonaise concernant les changements enclenchés, vous pourriez légitimement me demander pourquoi je reste dans ce pays. La réponse est comme souvent multiple et complexe, mais pour faire simple, voici un élément de réflexion. Quand j'ai montré la réponse du maire de Nagareyama à la personne qui avait traduit ma lettre, elle s'est exclamée : "Ah, il est super, ce maire !". Les Japonais sont loin, très loin d'être conscients que le monde qu'ils ont connu est terminé. A leur décharge, les médias n'en parlent pas. J'ai donc encore beaucoup de choses à faire pour les aider à ouvrir les yeux. Je ne vais pas sauver le Japon, mais si je peux permettre à quelques personnes de mon entourage de se préparer, ce sera déjà une grande victoire.
En guise de conclusion, je vous propose un poème de Drew Dellinger (ma traduction).

Il est 3h23 du matin
et je suis réveillé
parce que mes arrières-arrières-petits-enfants
ne me laissent pas dormir.
Mes arrières-arrières-petits-enfants
me demandent en rêve :
Qu'as-tu fait pendant que la planète était saccagée ?
Qu'as-tu fait quand la Terre s'effondrait ?
Tu as sûrement fait quelque chose quand les saisons ont commencé à s'emmêler ?
Quand tous les mammifères, reptiles et oiseaux mouraient ?
Es-tu descendu dans la rue pour protester quand la démocratie était volée ?
Qu'as-tu fait, une fois que tu savais ?

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