mercredi 26 juin 2024

Vapeurs

 Ça faisait un an que je n'avais pas séjourné dans un ryokan, beaucoup trop long. Certes, il y avait bien eu le petit chalet à Nebukawa, mais malgré la présence de plusieurs onsen, l'ambiance, quoi que parfaitement charmante, était assez éloignée de celle des ryokan traditionnels, sans pour autant que cela gâche le plaisir. Mon dernier vrai ryokan, c'était à Atagawa, il y a un an, donc. C'est pourquoi il me fallait recharger mes batteries. Pour ce faire, je me suis rendu - pour la troisième fois - à Kusatsu.
Si vous avez oublié à quoi ressemble Kusatsu, je vous avais raconté ça en détail ici, lors de mon premier séjour, et je vous avais parlé brièvement de mon deuxième séjour ici.
J'adore découvrir de nouveaux endroits, mais depuis maintenant huit ans que j'habite au Japon, j'aime aussi retrouver des endroits que je connais un peu. C'est étrange, cette façon de se construire des repères dans un pays qui n'est pas le mien, cette impression d'être comme un habitué, retourner dans les cafés ou les restaurants que j'avais aimés, acheter les souvenirs dans le magasin où je sais que je vais trouver ce que je cherche, ne plus être surpris par le parfum du soufre qui embaume dans toute la ville. Oui, de nouveaux repères, loin des anciens.

Je ne vais pas vous faire un long récit de ce petit voyage, tout est comme avant, ou presque. On trouve bien quelques bâtiments nouveaux, mais dont l'architecture moderne ne jure pas avec les vieilles bâtisses alentour. Une promenade dans la ville offre une petite plongée dans un Japon qui a su se préserver.
Le ryokan Nushiyû était en plein centre-ville. Un vieux ryokan, passablement usé, qui fleure bon l'authenticité comme on dit, sans surprise et c'est ça qui est bien. De la fenêtre de la chambre, on distinguait le yubatake, vous savez, le champ de vapeur dont les effluves se développent en volutes infinies tel un baume respirable. Le bain privatif était étroit mais suffisant pour deux personnes. Le bain des hommes, plus large et plus lumineux, était classique, sobre et très appréciable, tout à fait convenable. Quant au rotenburo, le bain extérieur, sur le toit, j'y suis allé le premier soir. Après la douche, j'ai commencé à pénétrer dans l'eau, mais... j'ai aussitôt fait un bond en arrière. Certaines des sources de Kusatsu sont si chaudes que je me demande comment les Japonais font pour s'y immerger. J'ai profité d'être seul pour verser de l'eau froide dans le bassin, mais rien n'y a fait, et il m'a fallu renoncer.

Les ashiyu, onsen pour les pieds, en ville ou dans la nature, sont beaucoup plus abordables. J'avais adoré, j'y suis retourné. Et puis quel plaisir que de s'assoir de nuit, sous des éclairages psychédéliques, entouré d'arbres et de montagnes, et de tremper ses pieds en ne faisant rien d'autre que de savourer l'instant. Savourer l'instant. Être dans le présent. S'arrêter. C'est important, s'arrêter.
Je m'arrête donc là, et vous laisse avec les photos. S'arrêter. Réfléchissons-y.
























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