jeudi 2 janvier 2020

Okinawa - épisode 1 : un autre Japon

Il y a peu de chances que le nom d'Okinawa vous soit totalement inconnu. Pour certains, il s'agit de l'endroit où l'espérance de vie est la plus longue au monde, et où on trouve le plus de centenaires. Pour d'autres, et c'est d'ailleurs sans doute lié au point précédent, Okinawa est associé à un régime alimentaire réputé pour être particulièrement sain. Pour les férus d'arts martiaux, Okinawa est la patrie d'origine du karaté. Pour les fans de musique pop japonaise, il s'agit de la patrie d'origine de plusieurs stars, comme Namie Amuro ou les membres du groupe Speed. Si vous vous intéressez à l'histoire ou à la géo-politique, vous savez probablement qu'à Okinawa se trouve une importante base militaire américaine qui fait fréquemment parler d'elle, certains locaux réclamant son démantèlement, et ce débat engendre de délicates questions diplomatiques. Si vous suivez les actualités, vous savez qu'un des joyaux architecturaux d'Okinawa, le château de Shuri, est parti en flammes le 31 octobre dernier, une catastrophe culturelle comparable à l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris. Si vous demandez aux Japonais eux-mêmes ce qu'évoque pour eux le nom d'Okinawa, beaucoup vous répondront : "c'est le Hawaii du Japon." En ce qui me concerne, Okinawa était avant tout associé à une culture insulaire animiste, qui tout en étant partie intégrante de la culture japonaise possédait ses propres spécificités, en particulier en ce qui concerne la langue et les arts.
Bref, depuis plus de trois ans que j'habite au pays du Soleil Levant, j'avais en tête d'aller toucher du doigt cet autre Japon. Encore un rêve qui s'est réalisé, puisque j'ai donc pris l'avion le jour de Noël, direction Naha, capitale de la préfecture d'Okinawa, pour aller passer cinq jours sur place. Mon séjour a été incroyablement riche en expériences et en découvertes, aussi vais-je vous raconter tout ça en plusieurs billets. Pour ce premier épisode, je vais essayer de vous dresser une présentation générale d'Okinawa.
Avant de continuer, je vous rappelle que mon blog a pour objectif de partager avec vous mon expérience du Japon tel que je le vis au quotidien. Il s'agit donc de mon point de vue personnel et subjectif, avec toutes les incertitudes et les approximations que ce postulat suppose, et je n'ai aucune prétention d'amener un savoir quelconque, je n'ai fait aucune étude sur le sujet, et mes propos ne peuvent en aucun cas servir de référence certifiée. Pour des données encyclopédiques, je vous invite à consulter des sites comme Wikipédia ou celui de l'office du tourisme d'Okinawa, il existe énormément de sites en français très bien faits, beaucoup plus à même de vous apporter des informations fiables.
Ceci étant précisé, continuons.
Okinawa est un archipel japonais situé à environ deux heures trente de vol au sud de Tôkyô. Dès qu'on sort de l'avion, la première chose qui nous attrape au corps, c'est la chaleur. On a quitté un Tôkyô gris et grelottant, et on arrive pas loin des tropiques dans un air chaud et moite. Le dépaysement est total et instantané. Les nombreux palmiers qui bordent les routes, jusque dans Kokusai Dôri, la principale rue commerçante de Naha, finissent de compléter le tableau exotique. La seconde chose qu'on remarque, c'est que les immeubles ne sont pas très élevés. On ne voit pas de grande tour comme à Tôkyô ou Ôsaka. De plus, les bâtiments présentent souvent des murs en béton plutôt que des façades en verre. En effet, si Okinawa est relativement épargné par les tremblements de terre, l'archipel est battu par les vents et les typhons y sont particulièrement ravageurs, le béton semble donc plus approprié à ce type de climat. Si on s'éloigne un peu du centre de Naha, on voit bien que l'architecture souffre de la proximité de la mer, tout parait un peu abimé, un peu ancien.
Pour le piéton tôkyôïte que je suis devenu, la surprise suivante est anecdotique mais néanmoins significative : c'est la longueur des feux aux carrefours ! Il faut attendre un sacré moment avant de pouvoir franchir une route. Il parait que c'est en raison du nombre de personnes âgées vivant ici. Il faut bien leur laisser le temps de traverser la rue...
Au niveau gastronomique, les spécialités locales sont nombreuses. La viande de porc est réputée, ainsi que les steaks de toutes sortes. Les légumes comme le gôya, sorte de concombre amer, font partie des entrées incontournables, de même que le raisin de mer, une algue au gout simple et raffiné. On trouve aussi des ananas gros comme je n'avais jamais vus, ou petits comme je n'aurais pas pu imaginer. La patate douce fait également partie du menu, sous toutes ses formes, le plus souvent sucrée. J'ai eu l'occasion de boire un étrange breuvage à mi-chemin entre le thé et le bouillon de soupe couvert d'une mousse épaisse, pas mauvais mais pas délicieux. Par contre, j'ai adoré le jus de shîkwâsâ, un petit citron des iles. Okinawa produit aussi une bière, la Orion, fierté locale dont le logo orne de nombreux tee-shirts. Il y a encore une marque de crème glacée, la Blue Seal, qui propose des parfums inédits : patate douce, canne à sucre, cheese cake... Je m'en suis fait une orgie. Et les biscuits ! Plein de sortes de biscuits, là encore, je m'en suis fait pété la panse ! Ah, si pendant une semaine je me suis effectivement nourri exclusivement de produits d'Okinawa, je ne suis pas sûr d'avoir pour autant rallongé mon espérance de vie...

Concernant la végétation, elle est très dense, et les forêts sont typiques des paysages tropicaux. La fleur qu'on voit partout, c'est l'hibiscus, rouge, rose ou orange, magnifique, un des symboles de l'ile.
Quant à la faune, Okinawa abrite une sale bête endémique : le habu. Cette sorte de vipère, potentiellement mortelle, connait cependant un bien triste sort : le habu est utilisé pour produire un alcool très fort, le habushu, sorte d'eau de vie au venin, je ne sais pas comment ils rendent ça comestible. Dans Kokusai Dôri, les vitrines étalent des bocaux où trempent des habu morts enroulés, la gueule ouverte et tous crocs dehors, c'est assez dégoutant à voir. Et encore, un ou deux serpents dans le bocal, c'est rien à coté de la cuve où l'alcool est produit en masse ! Une véritable vision de cauchemar.
Moi, je bois très rarement de l'alcool et je déteste les serpents, alors cette boisson, c'est vraiment pas fait pour moi. Mais poussé par la curiosité culturelle, j'ai pris mon courage à deux mains et un soir, au resto, j'ai commandé un shot. Il parait que tous les clients avaient les yeux braqués sur moi quand le serveur s'est approché avec son bocal. Je me suis lancé. 40° quand même, ça arrache son slip, à faire passer la liqueur de crapaud des Bronzés font du ski pour du sirop de grenadine. Et puis finalement, la première gorgée avalée, on s'y fait. Bref, j'ai bu du venin de serpent😵.
Voilà pour ce qui est de la présentation générale d'Okinawa. Maintenant que le décor est planté, je vais vous raconter un peu plus en détail ce qu'on y trouve et ce qu'on y fait. Rendez-vous au prochain épisode...


2 commentaires:

  1. On te sent comme en rupture de sérénité sur la deuxième vidéo.
    Ton thé / bouillon, c'était pas du goishi-cha des fois ?
    https://www.thes-du-japon.com/index.php?main_page=product_info&cPath=1_130_114&products_id=728

    Une belle année 2020 à toi et autour de toi.
    W.

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    Réponses
    1. Tu m'étonnes que j'étais pas serein. J'avais qu'une trouille, c'était que le serpent se réveille d'un coup et saute de son bocal !
      Le thé, c'était du buku-buku-cha, une spécialité d'Okinawa.
      Une très belle année à toi et aux tiens.

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