Depuis que j'habite au Japon, c'est la quatrième fois que je me rends à Hakone, et ce bol de verdure me procure toujours autant de plaisir. Cette fois-ci, je voulais surtout voir les kôyô, les arbres aux couleurs de l'automne.
Le trajet jusqu'à Hakone s'est un peu compliqué depuis ma dernière visite. Le typhon Hagibis est passé par là, et il a laissé de gros dégâts. Certaines routes sont toujours coupées, et le petit train qui serpentait dans la montagne est totalement à l'arrêt. Un glissement de terrain a complètement arraché une partie de la voie ferrée. D'après les rumeurs entendues dans les bus de remplacement, il y en aurait pour un an de travaux, ce qui correspond en effet aux images parues dans les journaux. La route encombrée d'embouteillages et battue par la pluie m'a parue bien longue, et j'étais bien soulagé d'atteindre enfin le ryôkan. Je ne compte plus les auberges traditionnelles où j'ai pu séjourner, mais celle-ci se situait parmi les meilleures. La chambre aux parois coulissantes, le sol couvert de tatamis, les repas gastronomiques, et bien entendu le onsen, tout ça représente désormais à mes yeux une certaine image du bonheur, ou tout au moins de la complétude.
Mais après une nuit de pluie incessante, les averses ne semblaient pas décidées à s'interrompre le matin venu, alors que les épais nuages engluaient les montagnes alentours, et c'est sous mon parapluie que je suis parti visiter le musée Pôla. Hakone recèle de nombreux musées, et celui-ci accueillait une exposition temporaire qui m'intéressait. Le concept était de mettre en dialogues, en résonance, dans chaque salle, une œuvre d'art classique avec une œuvre d'art contemporaine. Très, très réussi. Et puis rien que le fait de pouvoir laisser ses yeux se perdre chez Monet, Magritte, Delacroix ou Picasso suffit déjà à créer l'apaisement.
En sortant du musée, la pluie s'était arrêtée et le ciel éclairci. Inespéré et tellement bienvenu ! Dans le parc du musée, un sentier s'aventurait en sous-bois, il ne m'en fallait pas plus pour me plonger dans la nature. Une installation sonore diffusait le chant d'une flute, donnant le sentiment d'une discussion entre les hêtres, les chênes et les érables. Ce parfum de forêt après la pluie, un peu comme une madeleine proustienne faisant réapparaitre les promenades de mon adolescence, je le humais à pleins poumons. Les gouttes d'eau accrochées aux branches faisaient étinceler les feuilles comme si tous les arbres alentours étaient l'œuvre d'un maitre verrier un peu fou qui aurait une obsession pour les couleurs du feu. Le tableau éblouissant que j'avais devant moi n'avait rien à envier à ceux que je venais d'admirer à l'intérieur du musée. Les kôyô, c'est ce que j'étais venu voir, et j'en ai pris plein les yeux. Voici...
Waahhh c'est trop beau! Le musée aussi donne envie.
RépondreSupprimerEt quelle belle plume encore et encore :)