lundi 30 avril 2018

Le franponais, c'est bon pour les cheveux !
Ça faisait un moment que je ne vous avais pas livré quelques clichés de franponais, n'est-ce pas ?! Pourtant, j'en ai encore un sacré stock... Pour ceux qui ne connaissent pas le franponais, séance de rattrapage possible en cliquant ici (pour le dernier article, et de là vous accéderez aux anciens, je vais pas vous remettre tous les liens à chaque fois).
Dans l'imaginaire des Japonais, une femme française typique, c'est Catherine Deneuve quand elle avait 30 ans, voire Brigitte Bardot à la fin des années 60. L'incarnation de la beauté, en quelques sortes. Il est donc assez naturel qu'on trouve de nombreux salons de coiffure ou autres centres de soins esthétiques portant des noms "à la française". Florilège.


- Tu as un belle cheveu, tu sais...
- Embrasse-moi.
Non, ça le fait pas...

















C'est lundi, c'est bigoudi !















J'hallucine ! Mais c'est Halu ! Salut Halu !


















Une tête coquette, c'est la fête !



















Je m'en réjouir à l'avance !


















Dans un salon de coiffure, on peut rencontrer beaucoup de gens. Mais il faut surveiller l'heure, parce qu'ici, le temps est compté...



















Kamakura, capitale du franponais...












On peut mélanger le franponais avec le japlish ("Japanese English") et ça donne des trucs trop bizarres comme Your Lecheveu.






















Dans cette boutique, on assume : ce n'est pas la beauté intérieure qui compte, c'est la beauté physique.











Bien entendu, on trouve aussi des produits de beauté dans la même veine : La vie en rose - Nous amusons !
Ils n'ont donc personne qui parle français pour les relire avant d'imprimer ?! Non, sinon le franponais n'existerait pas...
















Sous la douche, "Passe-moi le shampoing, ma chérie"... Une variante de "Passe-moi la savonnette..."


















La vie en rose, le lycée blanc... Pourquoi pas le parfum noir, tant qu'on y est ?!

Ah bah ça y est, ils l'ont fait !










La France, pays des congés payés !



Et pour terminer, quelques photos non classées, pour vous montrer à quel point le franponais est partout, vraiment partout...


Je reconnais : c'est la belle vie, à Asakusa...












Encore un mélange de français et d'anglais : Chocolate au lait. Après tout, c'est vrai que les Japonais boivent du kafeole (prononcé "kaféolé"). C'est pas des blagues, l'expression "au lait" est pratiquement entrée dans la langue japonaise, mais la plupart des Japonais en ignorent l'origine.











N'importe quoi, du moment que ça sonne français...












Non non, ne cherchez pas sur Google Map, c'est inutile, je vous confirme : il n'y a pas de Chamonix au Japon, c'est bien celui de la France qu'ils sont allés chercher pour le nom de cette boutique.











Je vous laisse avec mon préféré du moment : un papier dans lequel sont servies des frites. Tant qu'à faire, pourquoi ne pas prendre un véritable journal français, je ne sais pas... Question de droits, peut-être. En tout cas, ça fait de la lecture pendant le repas. Amusez-vous bien !
(ou plutôt : Vous amusez !)

samedi 21 avril 2018

Deux musées à Hakone
La ville de Hakone est assez étendue mais ne possède pas de centre historique ou commerçant, ou alors, je ne l'ai pas trouvé. Pas de balade sympa dans les ruelles. Elle abrite en revanche de nombreux musées disséminés sur son vaste territoire, et pour y accéder il faut prendre un autobus serpentant à travers de sinueuses routes de montagne ; on se sent déjà loin de tout et ça fait du bien. De ces musées, j'en ai visité deux.
Au départ, je dois bien avouer que j'étais moyennement motivé pour visiter le musée du verre vénitien, mais bon, puisque j'étais là, autant en profiter pour m'ouvrir un peu l'esprit. Et de fait, j'ai été charmé dès les premières oeuvres. Certes, le décor - ambiance faux marbre - est un peu kitsch, mais j'ai été impressionné par ce travail sur les couleurs et les transparences. On passera rapidement sur le mini concert de violon, Rondo Veneziano n'aurait pas fait mieux, là encore un peu kitsch, mais finalement totalement en accord avec le palais de plastique où on se trouve, et après tout, franchement plaisant (je ne sais pas pourquoi le musicien m'a repéré et n'arrêtait pas de me prendre à partie entre les morceaux, c'était un peu la honte mais je me suis bien marré !). Pour conclure, une visite bien plus agréable que ce que j'aurais pu imaginer.











Le musée que je voulais absolument visiter à Hakone, c'est celui du Petit Prince. Oui oui, celui de Saint-Exupéry, en français dans le texte ! Enfin, dans le texte... dans le nom seulement, parce que sinon, tout est expliqué en anglais et en japonais. A ma connaissance, ni Saint-Ex ni son Petit Prince n'ont mis les pieds au Japon, mais c'est pour sa forte attractivité culturelle que la ville de Hakone a été choisie. Il faut dire que ce livre (en japonais : Le prince de l'étoile) est un des romans français les plus populaires au pays du Soleil Levant, et si peu de Japonais l'ont lu en entier, presque tous en connaissent approximativement le contenu.
J'ai moi-même découvert ce roman dès mon enfance, en écoutant l'enregistrement de Gérard Philippe et de Georges Poujouly (j'avais le 33 tours !). Puis, je me suis plongé et replongé plus d'une fois dans sa lecture, sans jamais me lasser. Le Petit Prince reste sans concurrence mon livre de chevet de référence, celui vers lequel je me tourne quand je cherche des réponses. Alors quelle émotion, pour moi, que cette visite ! En me promenant dans le jardin, je n'ai pu retenir un frisson en découvrant la petite statue en résine de l'allumeur de réverbères, et les larmes me sont montées au yeux... "Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naitre une étoile de plus, ou une fleur. Et quand il éteint son réverbère ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli."
Une des façades du bâtiment reproduit le château où le futur aviateur a passé son enfance. L'autre façade reconstitue assez fidèlement une rue typiquement française. A l'intérieur, le parcours retrace la vie de Saint-Ex, jusqu'à son dernier vol (au départ de Borgo, en Corse, encore un souvenir d'enfance !). Les décors sont soignés, c'est très bien fait, et riche de documents rares, comme par exemple les originaux des premiers croquis qui viendront illustrer, plus tard, les aventures du blondinet voyageur. La dernière salle présente le champ de blé à côté duquel se tient le renard. "J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé." Nouveau frisson...
Tout ça m'a donné, bien entendu, envie de relire Le Petit Prince, mais aussi de découvrir les autres livres de l'auteur. Probablement une des visites culturelles les plus riches en émotions depuis que j'habite au Japon.
Il me reste encore de nombreux musées à voir à Hakone. Ce sera peut-être l'occasion de retourner faire un pèlerinage sur les traces du prince de l'étoile.
"C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante."

samedi 14 avril 2018

Onsen
J'ai déjà eu l'occasion de vous parler un peu des onsen, mais sans rentrer dans les détails. Il n'y a pas vraiment de traduction pour le mot japonais onsen. Les locutions françaises les plus proches seraient bain thermal ou station thermale, mais ces termes ne refléteraient pas tout à fait ce qu'est un onsen. En effet, quand on parle de station thermale, on imagine assez rapidement grand-père et grand-mère partis faire une cure de jouvence au Touquet ou à Aix-les-Bains. On pense moins spontanément à une pratique traditionnelle profondément inscrite dans les habitudes culturelles de tout un peuple. Littéralement, onsen signifie source chaude : il s'agit effectivement d'une source d'eau chaude surgie des entrailles de la terre, et dans laquelle on se plonge pour, littéralement, se ressourcer. Mode d'emploi.
A la montagne ou au bord de la mer, il existe des centaines de onsen au Japon. Le mot désigne tout à la fois la source en elle-même que le lieu où on se rend pour s'y baigner. Très souvent, les onsen sont associés à des ryokan (des auberges traditionnelles, cliquez ici pour voir l'article où je vous racontais mon séjour dans un ryokan à Shiobara). En fonction de la nature des sols, l'eau peut prendre des teintes différentes : blanche, grise, marron, noire, etc., ou parfaitement transparente. A Shiobara par exemple, l'eau est tout à fait claire. A Hakone (je m'étais promis de retourner à Hakone, voilà qui est fait), l'eau est riche en soufre et est plutôt laiteuse. Des concrétions de soufre se forment d'ailleurs sur les bords du bassin. L'odeur, également, ne trompe pas ; elle incommode un peu au début puis on s'y habitue vite, on finit même par la trouver agréable. Quelle que soit la composition de l'eau, on prête volontiers aux onsen des vertus médicales, ou tout au moins, bienfaisantes. La plupart des onsen se présentent sous la forme d'une espèce de petite piscine, mais on trouve aussi des bassins extérieurs, on les appelle alors rotenburo. 
On va au onsen totalement nu, c'est pourquoi en général, les onsen ne sont pas mixtes. Dans certains ryokan, l'accès au bassin est cependant privatif : il suffit d'afficher un panneau "occupé" à l'entrée pour que personne ne vous dérange. On peut alors profiter des lieux seul, en couple ou en famille. On pénètre d'abord dans une sorte de vestiaire où on se déshabille. Des paniers en osier sont à disposition pour déposer ses effets, on trouve aussi un lavabo, un sèche-cheveux, de la crème hydratante, etc., bref, tout ce qu'il faut pour prendre soin de soi. Il y a également souvent de l'eau fraiche, très importante, vous comprendrez pourquoi plus loin. Une porte coulissante, et voilà, on passe côté bassin.
Mais attention, pas question de se plonger dans l'eau comme ça. L'eau étant partagée par tout le monde, il faut être propre comme un sou neuf avant d'y pénétrer. L'hygiène est très importante dans les onsen. Au Japon, le bain n'est traditionnellement pas considéré comme un endroit où on se lave mais comme un lieu de détente. On s'installe donc d'abord sur un petit tabouret, face aux miroirs, et on se récure de la tête aux pieds, méticuleusement, et plutôt deux fois qu'une, et on se rince abondamment. Ça y est, vous êtes bien propre ? Vous pouvez entrer dans le bassin. Et là, dès le premier pied qui touche l'eau, un doute vous assaille : il faut vraiment se plonger en entier dans une eau aussi chaude ?! En tout cas, moi, ça me fait ça à chaque fois. A Hakone par exemple, l'eau qui arrive dans le bassin est à plus de 40° (ça peut fréquemment monter jusqu'à 42°). Alors on y va progressivement, et oui, on arrive à entrer entièrement dans l'eau (sauf la tête, personne ne vous demande de mourir). On s'assoit au fond du bassin, et là, on souffle un grand coup. Les onsen sont des lieux plutôt calmes, la relaxation y est assurée. On peut fermer les yeux et savourer l'instant présent. Mais vu la chaleur, c'est un peu comme au sauna, il faut faire des pauses de temps en temps. C'est là qu'on est bien content de trouver de l'eau fraiche ! Au total, une séance dure de 45 minutes à une heure. On se rince une dernière fois pour ramener le corps à une température plus normale (ce qui ne m'empêche pas de continuer à transpirer une demi-heure après !), et quand on ressort, le monde a changé de couleur.
On a l'impression de flotter sur un petit nuage, on fait tout au ralenti, les idées sont claires mais posées. Le corps comme l'esprit semblent remis à neuf. On se sent bien, très bien. Plus qu'un moment de plaisir, le onsen, c'est du bonheur pur.

samedi 7 avril 2018

Miyajima
Depuis que j'habite au Japon, Miyajima figurait sur ma liste des endroits à visiter. Haut lieu du tourisme, le torii géant aux pieds plongés dans la mer est une figure emblématique des paysages nippons. Non loin de Hiroshima (on peut y aller en tram), la petite ville de Miyajima n'a en soi pas grand-chose d'intéressant, mais de là, on prend le bac pour rallier l'ile qui lui fait face, Itsukushima. Et en traversant la mer, on pénètre dans le domaine des dieux...
Comme à Nara, ce sont les biches qui accueillent le visiteur. Les biches japonaises sont un peu plus petites que celles qui habitent les forêts françaises, et surtout, celles qu'on croise dans ces sites touristiques sont habituées à l'homme, on peut même les caresser. Attention tout de même car elles n'hésiteront pas à fouiller vos poches pour y chercher des biscuits, et peuvent, dans la confusion, en arriver à boulotter votre ticket de bateau ou n'importe quoi d'autre !
Les petites rues commerçantes aux alentours sont essentiellement consacrées aux souvenirs et aux spécialités culinaires. Ai-je besoin de préciser que je me suis encore empiffré ? Mais j'ai une bonne excuse : c'était culturel. Voilà, c'est ça, il faut bien se cultiver. Comme d'hab', quoi !
On longe la plage, et ça y est, le torii apparait. Un torii est un portail traditionnel qui marque en général l'entrée d'un sanctuaire shintô, il matérialise le passage entre le monde divin et le monde profane. Celui de Itsukushima a été classé sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, et est désigné comme une des trois vues les plus célèbres du Japon.












A marée basse, on peut accéder au torii à pied. Le sanctuaire de Itsukushima, juste derrière, est lui aussi magnifique, et donne une vue imprenable sur la baie, mais c'est à marée haute qu'il est le plus impressionnant, donnant l'illusion de flotter sur la mer. Tout le paysage se transforme alors, et il se dégage du site une espèce d'aura mystique, une ambiance spirituelle que je ne saurais décrire ; à travers son reflet sur la mer, le ciel semble descendu sur Terre, les dieux sont effectivement parmi nous. Est-ce dû au temps embrumé de mon deuxième jour sur place ? Quelque chose nous enveloppe...
La montagne derrière est assez sauvage et la nature y est luxuriante... enfin, parait-il. Parce que la météo était si mauvaise que je n'ai pas vu grand-chose. Certes, l'accès à la station par le téléphérique était sympa, mais la marche jusqu'au sommet sous une pluie incessante, beaucoup moins. Et puis arrivé en haut : purée de pois. Que du blanc, partout, on se serait cru dans le film Nothing de Vincenzo Natali. Rien, mais strictement rien à voir.
Je ne vous cacherai pas ma déception, mais on va essayer de terminer ce billet par une note positive, en disant que ça fait toujours du bien de respirer le grand air frais. Je suis tellement heureux d'avoir pu profiter de mes vacances !
Voilà, c'était sur ma liste des choses à faire au Japon : ça, c'est fait.

dimanche 1 avril 2018

Les sakuras sont les marques-pages de la vie...
Je viens de vivre mon troisième hanami au Japon, et je crois qu'il va falloir s'y faire, tous les ans vous y aurez droit, c'est le retour des sakuras.
Je rappelle brièvement que le hanami (ou o-hanami) est le fait d'aller admirer les fleurs, et que les fleurs en question sont celles du cerisier, les sakuras. Vous pouvez vous rafraichir la mémoire en cliquant ici et .
Je comprends de mieux en mieux pourquoi ce moment est si important dans la vie des Japonais. L'hiver est rude dans l'archipel, bien que cette année le vent d'hiver (qui m'avait laissé un souvenir traumatisant l'année dernière) se soit montré plutôt discret. Quand la température se fait enfin plus clémente, tout le monde est bien content de pouvoir flâner un peu dehors sans être obligé de s'emmitoufler sous trente-six couches de laine et de coton. L'air tiède vous enveloppe d'une douceur qui donne du baume au cœur. Alors quand, lors de ces déambulations, vous vous retrouvez plongé dans un monde rose et éthéré, c'est absolument magique. C'est pourtant la même chose tous les ans, mais tous les ans une découverte, comme une renaissance. On ne s'en lasse pas, et tout le monde s'émerveille en s'exclamant des "C'est beau !" sur tous les tons, comme si ce spectacle s'offrait à nos yeux pour la première fois.
Chaque année, c'est un immuable rituel qui vient ponctuer l'écoulement de l'existence, rituel d'autant plus précieux qu'il est court. Par leur brièveté et leur fragilité, les sakuras synthétisent l'esprit de l'ukiyo, le monde flottant, image de la vie délicate et éphémère. Dès que le pic de floraison est passé, les pétales s'envolent, les bourgeons éclosent et les arbres passent du rose au vert. C'est déjà fini, et avec les sakuras, c'est le temps qu'on regarde filer dans un souffle...
Il existe de nombreuses chansons sur le thème des sakuras. Une de mes préférées est un morceau du groupe AKB48 (dont je vous avais déjà parlé dans l'article sur Akihabara). Ce morceau est d'ailleurs sans doute mon préféré des AKB, et je l'ai à plusieurs reprises massacré au karaoké (parce que j'aime autant vous dire que c'est pas facile à chanter !). Les AKB l'interprètent avec la chorale d'un lycée, et en gros, voici ce que ça dit :

La joie et la peine passent avec les saisons,
Nous prenons un nouveau chemin.
Les fleurs de cerisier
Sont les marques-pages de nos séparations,
Les visages de nos amis refont surface
Tandis que les mains s'agitent pour dire au revoir.
Les fleurs de cerisier
Sont les marques-pages de nos larmes,
Afin que l'on n'oublie jamais ces précieux instants...


Pour finir, voici mes meilleurs clichés de cette année. A l'année prochaine, sakuras !🌸