samedi 25 janvier 2020

Encore un peu d'Okinawa

Vous savez comme moi que quand on revient d'un voyage qui nous a marqué, on y repense sans cesse, on est encore dedans... C'est pour cette raison que j'ai réalisé cette petite vidéo. Ma motivation première était de vous faire entendre un peu plus les musiques que j'ai pu écouter dans les restos-concerts, et puis je me suis laissé emporter, alors vous y retrouverez des photos que vous avez déjà vues dans les trois billets précédents (sur ce même sujet), ainsi que de nouvelles images.
Je sais bien que ce petit diaporama a beaucoup de défauts, j'utilise un nouveau logiciel de montage et je demande votre indulgence.

dimanche 12 janvier 2020

Shibuya Scramble Square

Un nouveau building vient d'être inauguré dans le quartier de Shibuya. Il abrite essentiellement des bureaux et des boutiques, orientées sur le luxe et les produits haut de gamme. Un nouvel immeuble à Tôkyô, ça n'a rien d'extraordinaire, me direz-vous, et vous aurez raison. Sauf que situé en plein cœur du quartier, il offre une vue imprenable sur le fameux carrefour de Shibuya, et qu'en plus, une attention particulière a été apportée à la déco et à l'atmosphère. Une promenade sur le toit est une expérience qui va bien au-delà d'une simple visite de gratte-ciel. C'est une plongée dans l'ultra-modernité. Découverte du Shibuya Scramble Square.
A moins d'avoir la patience de prendre les escalators et de traverser tous les étages à pied, on doit emprunter l'ascenseur pour se rendre au 14ème étage, où la visite commence. Peu de choses à voir ici, l'étage est essentiellement occupé par le guichet où on peut acheter ses tickets pour accéder jusqu'au toit. Le mieux est encore de réserver en ligne en avance. C'est qu'il y a beaucoup de monde, et en attendant son tour, il ne fait pas forcément bon trainer ici. Quelques boutiques affichent des prix à faire pâlir (j'ai vu une paire de baguettes à 13 000 yens, soit plus de 100 €). Pour patienter, pas beaucoup d'autre choix que de se poser dans un café où là encore, les tarifs rappellent la rue de Rivoli. Malgré le gout amer que les prix donnent aux consommations, l'expérience commence à se faire sentir, comme les signes avant-coureurs de la montée d'une ecsta. Les éclairages doux, parfois en contre-plongée, la prédominance du bois d'un beige chaleureux, tout cela est furieusement dans l'air du temps. "L'air du temps", c'est bien l'expression qui m'est restée en tête pendant toute la durée de ma visite. Nous ne sommes qu'au 14ème étage, mais déjà la vue sur les néons de Shibuya invite l'esprit à divaguer sur notre monde moderne. C'est enfin l'heure de prendre l'ascenseur.
Si un designer de film de science-fiction devait imaginer le décor d'un immeuble futuriste, il dessinerait sans doute la salle où on embarque dans les ascenseurs. Le plafond est recouvert d'un écran où évoluent des couleurs psychédéliques, le tout au son d'une musique planante. On pense immédiatement au travail du collectif teamLab. Les murs sont eux d'un noir mat et profond, jusqu'aux portes de l'ascenseur. Quand ces portes glissent et s'ouvrent sur la cabine tamisée où on pénètre, on a l'impression de participer à un rite de passage mystérieux. Puis la cabine s'élève, et le plafond ici aussi s'illumine, vous projetant bien au-delà du ciel. Vous êtes arrivés au 45ème étage.
Le noir domine toujours, mais zébré d'éclairs blancs intégrés dans les murs, le sol et le plafond. En longeant les couloirs, j'avais l'impression de me retrouver dans le film Tron, dans sa version la plus moderne. On passe déposer ses affaires aux consignes automatiques (les gros sacs et les perches à selfie sont interdits sur la terrasse, hallelujah !), et on peut sortir. Et là, on ne peut retenir un soupir époustouflé. Tôkyô vu d'en haut, c'est toujours impressionnant, mais ça l'est encore plus quand au lieu de le regarder par des fenêtres, on n'est séparé du vide que par une paroi vitrée. J'ai effectué ma visite de nuit, mais je pense que le panorama de jour doit être tout aussi saisissant, bien que totalement différent.
Enfin, un escalator vous emmène sur le toit. Là, il n'y a même plus de vitre, vous contemplez la cité comme vous le feriez de votre balcon. Sauf que vous êtes à 229 mètres. La terrasse est recouverte de bois, et la présence de cet élément naturel au beau milieu d'un maelstrom sur-industrialisé provoque un contraste déroutant. Étrangement, vous vous sentez bien. On peut s'assoir sur les marches, voire s'allonger sur des filets tendus, un peu comme sur un hamac en pleine forêt. Quelques canapés sont installés, et donnent l'image d'une terrasse de maison, ou de café, destinée à profiter de la nature environnante sans quitter son confort. Mais ici, la nature est une contre-nature absolue, et les lucioles sont les milliers de balises lumineuses rouges signalant le sommet des immeubles alentour. Moi qui suis un homme des bois, comment puis-je être autant fasciné par ce type de paysage ? A perte de vue s'étend la ville de l'homme contemporain. Il y a de quoi méditer. Toutes les demi-heures, de puissants spots s'allument, tournoient quelques instants avant de se dresser vers l'infini du ciel, comme la flèche immatérielle d'une cathédrale techno. L'ultra-modernité se fait mystique.
Retour à l'étage inférieur pour un petit tour intérieur. Du noir et de la lumière, encore, un peu comme au cinéma. L'espace est déconstruit par les transparences et les reflets de l'aménagement, on est un peu perdu, c'est agréable.
Puis il est temps de reprendre l'ascenseur. La projection du plafond vous ramène sur terre sans effacer totalement la sensation transcendantale qui vous a pénétré. Ce que vous avez vu là-haut, c'est votre monde. Réfléchissez-y.

samedi 4 janvier 2020

Okinawa - épisode 3 : tout un monde...

Quand je voyage, d'ordinaire, j'aime improviser. Par dessus tout, je déteste m'intégrer à des groupes où tout est programmé, tout est minuté. Mais je vis avec une Japonaise, et pour elle, les vacances à la roots, louer une voiture et partir à l'aventure, c'est inconcevable. En bonne Japonaise donc, pour notre voyage à Okinawa, elle avait tout réservé à l'avance. Non seulement, bien sûr, l'avion et l'hôtel, ça c'est évident, mais aussi le programme de chaque jour, en nous inscrivant à des "tours", c'est-à-dire des sorties de groupe. Le principe : on embarque le matin dans un car qui nous transporte dans différents lieux à visiter. Bon, je me suis laissé faire ; après tout, tous les sites au programme m'intéressaient.
Aujourd'hui, avec du recul, je conserve mes réserves sur ces sorties en groupe : l'inattendu est parfois agréable, et là, nous en avons été totalement privés. Surtout, le voyage individuel autorise plus facilement des rencontres authentiques avec des autochtones, ce qui permet de découvrir le pays de l'intérieur, par ceux qui le vivent au quotidien. Un pays, une région, c'est avant tout des gens qui y habitent, et pour découvrir cet aspect, il faut prendre son temps, écouter, partager. Tout ça, je n'y ai pas eu du tout accès lors de mon voyage à Okinawa.
En revanche, je reconnais que les voyages en car font gagner énormément de temps. Si j'avais loué une voiture, j'aurais galéré sur la route, j'aurais connu des stress de toutes sortes, et j'aurais pu effectuer beaucoup moins de visites. Or, ma liste des choses à voir sur place était longue. Par ailleurs, les tours proposent souvent des arrêts à des endroits qui ne sont pas forcément connus, et que je n'aurais jamais eu l'idée d'aller visiter par moi-même. Ce qui a rendu les choses acceptables à mes yeux, c'est que si nous étions guidés de lieu en lieu, nous étions totalement libres et indépendants dès que nous descendions du car, jusqu'à ce qu'on y remonte.
Entre prendre son temps et gagner du temps, il s'agit là de deux visions du voyage opposées, et si j'ai toujours préféré la première, je ne regrette pas de m'être laissé porter, pour une fois, par la seconde. Le débat sur ces deux façons de voyager pourrait continuer, mais je ne vais pas m'éterniser, ce n'est pas mon propos aujourd'hui. Si la question vous intéresse, vous pouvez laisser votre commentaire en bas de cet article. Quoi qu'il en soit, en groupe ou en individuel, nous avons donc visité beaucoup d'endroits, et participé à de nombreuses activités (en plus des activités maritimes que je vous ai relatées dans l'article précédent). Je ne vais pas vous en dresser la liste complète, mais en voici les plus marquantes. Okinawa est vaste, et offre tout un monde de découverte.
Le parc Okinawa World est vraiment à voir. Je sais, il y a un petit côté "Disney World", mais pour une première approche de la culture okinawaïenne (d'après Wikipédia, on peut dire aussi "okinawienne", mais c'est beaucoup plus difficile à prononcer ! J'ai même trouvé "okinawais/okinawaise", bref, c'est comme vous voulez), pour une première approche disais-je, c'est pas mal. Je voulais vraiment entendre de la musique traditionnelle, et le petit spectacle présenté offre un avant-gout qui donne envie d'en savoir plus. Malheureusement, caméras interdites, je ne pourrai rien vous en montrer. Mais je vous reparlerai un peu plus loin de la musique okinawaïenne okinawienne okinawaise de la musique d'Okinawa.
Par contre, dans le parc, je me suis abstenu de visiter le hall des serpents. Je déteste vraiment ces bestioles, et j'avais suffisamment donné de ma personne en goutant le habushu (voir épisode 1).
On trouve aussi à Okinawa World une sorte de village reconstitué, où dans chacune des maisons on peut, ici, s'initier à jouer de la musique locale, là, découvrir les vêtements traditionnels, ici, déguster des spécialités, là, que sais-je encore. Tout cela n'est qu'un aperçu de surface et un tantinet artificiel, touristique au sens péjoratif du terme, j'en ai bien conscience, mais suite à cette initiation il ne tient qu'à chacun d'approfondir les recherches dans le domaine qui lui tient à cœur.
Pour découvrir Okinawa sous un autre angle, le parc propose aussi la visite d'une grotte... gigantesque ! Et absolument magnifique. Je ne sais pas si, en ce qui concerne la géographie souterraine, on peut parler de "culture locale", mais c'est en tout cas un émerveillement, je vous laisse juges.
































Un peu dans la même catégorie, j'ai visité la vallée de Gangara. Il s'agit d'un site naturel où l'on peut bien prendre conscience de la luxuriance tropicale de la végétation, et se gorger de verdure. Chemins qui louvoient entre les falaises, banyans aux racines pendantes, fougères grandes comme des parapluies... Mystique et sauvage comme j'adore. Par ailleurs, la vallée est aussi un site archéologique majeur où on a retrouvé des traces des homo sapiens qui occupaient les lieux il y a des milliers d'années, ossements, outils, sépultures, etc. Quelques traversées de grottes, là encore, finissent de donner à la visite une aura mystérieuse et envoutante.

A part ça, dans Naha, de nombreuses boutiques proposent des ateliers : modelage d'argile, fabrication de bijoux, etc. Ma chérie avait déjà participé à un atelier "recherche de perle dans les huitres", elle a opté ensuite pour la fabrication d'une perle en verre. L'une orne à présent son doigt, l'autre son cou. Quant à moi, j'étais bien déterminé à me rattraper après avoir fabriqué une grosse bouse à Ikaho, et j'ai décidé de me lancer dans la gravure sur verre. Le soufflage du verre est en effet un artisanat traditionnel à Okinawa, et la gravure sur verre en est la suite logique. Comme motif, j'ai choisi la fleur qu'on voit partout, l'hibiscus, et j'avoue que je suis assez satisfait du résultat. Maintenant, c'est MON verre, y'a que moi qui ai le droit de boire dedans.
Une autre pratique semble être une tradition à Naha, ce sont les restos-concerts, il y en a légion dans Kokusai Dôri. Moi qui voulais découvrir un peu plus les arts de la région, j'ai trouvé ici un excellent moyen d'approcher la musique d'Okinawa. En effet, dans beaucoup de restaurants de cuisine locale, on peut écouter un duo, en général guitare-sanshin (une sorte de shamisen tendu sur - décidément ! - une peau de serpent), dont au moins un des musiciens chante. Les paroles sont souvent en japonais, parfois dans le dialecte d'Okinawa. Suivant les interprètes sur scène, les chansons sonnent parfois vraiment traditionnelles, parfois plutôt folk, ou parfois même un peu pop. Quoi qu'il en soit, c'est toujours un plaisir à écouter.

Et puis il a bien fallu finir par rentrer sur Tôkyô. Comme on s'en doute, nous avons été accueillis, dès la sortie de l'avion, par le vent glacial de décembre. Et comme on s'en doute, nous nous demandions déjà quand on retournerait à Okinawa...
Voilà, vous avez à présent un aperçu de mon séjour sur cet archipel du sud. Je ne vous ai pas raconté tous les détails, ma visite dans un site sacré, la promenade sur une plage où la mer était totalement transparente, ou la promenade sur une falaise escarpée un jour de grand vent, très romantique, l'éclipse de Soleil vue du car, la visite d'un parc à ananas agrémenté d'automates de dinosaures... Mon objectif n'était pas de vous raconter toutes mes vacances, mais de partager avec vous un peu de ce que j'y ai vécu et découvert, en très résumé. J'espère que ça vous aura intéressé. N'hésitez pas à laisser vos commentaires et vos questions, je me ferai un plaisir de vous répondre. D'autre part, pour ce blog, j'ai bien évidemment fait une sélection parmi les 400 photos et vidéos prises durant ce séjour. Si vous en voulez un peu plus, demandez-moi par mail, et je vous enverrai quelques clichés supplémentaires.

vendredi 3 janvier 2020

Okinawa - épisode 2 : tout autour, la mer

L'ile principale d'Okinawa est entourée de dizaines de petites iles, dont certaines ne sont même pas habitées. C'est un euphémisme de parler de l'omniprésence de la mer dans la vie locale. Comme j'avais vu autrefois sur l'ile de la Réunion, une ceinture peu profonde borde le littoral, jusqu'à la barrière de corail, puis le fond plonge subitement laissant place au grand océan. Voici trois approches de la mer que j'ai pu expérimenter lors de mon séjour à Okinawa.
Okinawa abrite un immense aquarium célèbre dans tout le Japon, le Churaumi (prononcé "tchou-la-ou-mi", littéralement "belle mer"), un des plus grands du monde. Cet endroit est particulièrement réputé pour son bassin géant où évoluent deux requins-baleines, plusieurs petits requins, et quelques raies mantas, sublimes. Lors de mon premier séjour au Japon, j'avais visité l'aquarium d'Ôsaka, qui héberge aussi des requins-baleines, et je reconnais que celui d'Okinawa est encore plus impressionnant. Mais autant je ne ressens aucun scrupule à regarder des poissons dans un bocal parce que, comme je vous l'avais déjà dit, un poisson c'est con, autant là, j'avoue que quand on passe à l'échelle des cétacés, je me sens un peu triste pour eux (même si le requin-baleine, tout comme le requin, est un poisson et non un cétacé). Est-ce qu'un jour on mettra des baleines dans des aquariums pour que le public les admire ? Certes, c'est un spectacle magnifique, mais est-ce que ça vaut vraiment la peine de priver ces animaux de leur liberté ?




















Bien plus modeste, j'ai finalement davantage savouré une courte sortie en mer à bord d'un petit bateau au plancher transparent. Certes, pas de requin-baleine ici, le fond ne dépasse pas les deux ou trois mètres, mais les poissons abondent, et même si le spectacle n'a rien de commun avec celui du Churaumi, ça reste un vrai plaisir de les observer dans leur habitat naturel.
 

















Mais le top du top, pour aller à la rencontre des poissons, n'est-ce pas encore de plonger ? Nager dans la mer en décembre, je n'avais pas fait ça souvent, mais à Okinawa, ça n'a rien d'extraordinaire. Une bonne combinaison bien épaisse, un masque, un tuba et des palmes, et hop, direction la plage. Bon, quand l'eau pénètre sous la combinaison, je dis pas, c'est bien frais. Mais on se réchauffe assez vite, d'autant plus que de nombreux courants d'eau chaude parcourent la baie. J'ai pratiqué la plongée sous-marine quand j'étais jeune, alors j'ai vite retrouvé mes repères, mais pour ma chère et tendre, c'était un baptême. Quand l'eau nous est arrivée au niveau de la taille et qu'il a fallu enfiler le masque pour plonger, j'ai bien vu l'inquiétude dans ses yeux. Après tout, quand on n'est pas habitué, ce n'est pas si évident que ça, et il est naturel d'éprouver une certaine appréhension. Mais le stress de Kumiko s'est envolé dès qu'elle a enfoncé son visage sous l'eau et vu tous les poissons qui nous entouraient déjà.

Nous avons commencé à nager en nous éloignant du bord, notre accompagnateur connaissait bien les coins où les poissons s'assemblent. Et effectivement, très rapidement, on se serait cru littéralement plongé dans un des aquariums du Churaumi. Des poissons aux formes élégantes, des gros bariolés, des tous petits bleu électrique, des couleurs chatoyantes... Un spectacle totalement magique. Notre accompagnateur avait apporté des sortes de croutons de pain pour les nourrir. Dès qu'on a commencé à sortir ces friandises, les poissons ont afflué en masse, pas du tout farouches, ils venaient littéralement nous manger dans la main, je n'avais jamais vu ça. Kumiko n'avait plus aucune crainte, et elle distribuait à manger autour d'elle comme elle aurait donné des croquettes à des chatons affamés. Moi aussi, j'étais aux anges. Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi dans l'eau, on aurait cru un rêve.
De retour sur le parking, l'accompagnateur a sorti de sa voiture un grand bac d'eau chaude qu'il avait préparé à l'avance pour qu'on puisse se rincer sans grelotter de froid, et il fait du café, le nec plus ultra du service à la japonaise.
Les images des fonds sous-marins nous sont restées dans la tête toute la journée, et je sais que cette plongée restera un moment fort de ma vie. Du grand bonheur.

jeudi 2 janvier 2020

Okinawa - épisode 1 : un autre Japon

Il y a peu de chances que le nom d'Okinawa vous soit totalement inconnu. Pour certains, il s'agit de l'endroit où l'espérance de vie est la plus longue au monde, et où on trouve le plus de centenaires. Pour d'autres, et c'est d'ailleurs sans doute lié au point précédent, Okinawa est associé à un régime alimentaire réputé pour être particulièrement sain. Pour les férus d'arts martiaux, Okinawa est la patrie d'origine du karaté. Pour les fans de musique pop japonaise, il s'agit de la patrie d'origine de plusieurs stars, comme Namie Amuro ou les membres du groupe Speed. Si vous vous intéressez à l'histoire ou à la géo-politique, vous savez probablement qu'à Okinawa se trouve une importante base militaire américaine qui fait fréquemment parler d'elle, certains locaux réclamant son démantèlement, et ce débat engendre de délicates questions diplomatiques. Si vous suivez les actualités, vous savez qu'un des joyaux architecturaux d'Okinawa, le château de Shuri, est parti en flammes le 31 octobre dernier, une catastrophe culturelle comparable à l'incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris. Si vous demandez aux Japonais eux-mêmes ce qu'évoque pour eux le nom d'Okinawa, beaucoup vous répondront : "c'est le Hawaii du Japon." En ce qui me concerne, Okinawa était avant tout associé à une culture insulaire animiste, qui tout en étant partie intégrante de la culture japonaise possédait ses propres spécificités, en particulier en ce qui concerne la langue et les arts.
Bref, depuis plus de trois ans que j'habite au pays du Soleil Levant, j'avais en tête d'aller toucher du doigt cet autre Japon. Encore un rêve qui s'est réalisé, puisque j'ai donc pris l'avion le jour de Noël, direction Naha, capitale de la préfecture d'Okinawa, pour aller passer cinq jours sur place. Mon séjour a été incroyablement riche en expériences et en découvertes, aussi vais-je vous raconter tout ça en plusieurs billets. Pour ce premier épisode, je vais essayer de vous dresser une présentation générale d'Okinawa.
Avant de continuer, je vous rappelle que mon blog a pour objectif de partager avec vous mon expérience du Japon tel que je le vis au quotidien. Il s'agit donc de mon point de vue personnel et subjectif, avec toutes les incertitudes et les approximations que ce postulat suppose, et je n'ai aucune prétention d'amener un savoir quelconque, je n'ai fait aucune étude sur le sujet, et mes propos ne peuvent en aucun cas servir de référence certifiée. Pour des données encyclopédiques, je vous invite à consulter des sites comme Wikipédia ou celui de l'office du tourisme d'Okinawa, il existe énormément de sites en français très bien faits, beaucoup plus à même de vous apporter des informations fiables.
Ceci étant précisé, continuons.
Okinawa est un archipel japonais situé à environ deux heures trente de vol au sud de Tôkyô. Dès qu'on sort de l'avion, la première chose qui nous attrape au corps, c'est la chaleur. On a quitté un Tôkyô gris et grelottant, et on arrive pas loin des tropiques dans un air chaud et moite. Le dépaysement est total et instantané. Les nombreux palmiers qui bordent les routes, jusque dans Kokusai Dôri, la principale rue commerçante de Naha, finissent de compléter le tableau exotique. La seconde chose qu'on remarque, c'est que les immeubles ne sont pas très élevés. On ne voit pas de grande tour comme à Tôkyô ou Ôsaka. De plus, les bâtiments présentent souvent des murs en béton plutôt que des façades en verre. En effet, si Okinawa est relativement épargné par les tremblements de terre, l'archipel est battu par les vents et les typhons y sont particulièrement ravageurs, le béton semble donc plus approprié à ce type de climat. Si on s'éloigne un peu du centre de Naha, on voit bien que l'architecture souffre de la proximité de la mer, tout parait un peu abimé, un peu ancien.
Pour le piéton tôkyôïte que je suis devenu, la surprise suivante est anecdotique mais néanmoins significative : c'est la longueur des feux aux carrefours ! Il faut attendre un sacré moment avant de pouvoir franchir une route. Il parait que c'est en raison du nombre de personnes âgées vivant ici. Il faut bien leur laisser le temps de traverser la rue...
Au niveau gastronomique, les spécialités locales sont nombreuses. La viande de porc est réputée, ainsi que les steaks de toutes sortes. Les légumes comme le gôya, sorte de concombre amer, font partie des entrées incontournables, de même que le raisin de mer, une algue au gout simple et raffiné. On trouve aussi des ananas gros comme je n'avais jamais vus, ou petits comme je n'aurais pas pu imaginer. La patate douce fait également partie du menu, sous toutes ses formes, le plus souvent sucrée. J'ai eu l'occasion de boire un étrange breuvage à mi-chemin entre le thé et le bouillon de soupe couvert d'une mousse épaisse, pas mauvais mais pas délicieux. Par contre, j'ai adoré le jus de shîkwâsâ, un petit citron des iles. Okinawa produit aussi une bière, la Orion, fierté locale dont le logo orne de nombreux tee-shirts. Il y a encore une marque de crème glacée, la Blue Seal, qui propose des parfums inédits : patate douce, canne à sucre, cheese cake... Je m'en suis fait une orgie. Et les biscuits ! Plein de sortes de biscuits, là encore, je m'en suis fait pété la panse ! Ah, si pendant une semaine je me suis effectivement nourri exclusivement de produits d'Okinawa, je ne suis pas sûr d'avoir pour autant rallongé mon espérance de vie...

Concernant la végétation, elle est très dense, et les forêts sont typiques des paysages tropicaux. La fleur qu'on voit partout, c'est l'hibiscus, rouge, rose ou orange, magnifique, un des symboles de l'ile.
Quant à la faune, Okinawa abrite une sale bête endémique : le habu. Cette sorte de vipère, potentiellement mortelle, connait cependant un bien triste sort : le habu est utilisé pour produire un alcool très fort, le habushu, sorte d'eau de vie au venin, je ne sais pas comment ils rendent ça comestible. Dans Kokusai Dôri, les vitrines étalent des bocaux où trempent des habu morts enroulés, la gueule ouverte et tous crocs dehors, c'est assez dégoutant à voir. Et encore, un ou deux serpents dans le bocal, c'est rien à coté de la cuve où l'alcool est produit en masse ! Une véritable vision de cauchemar.
Moi, je bois très rarement de l'alcool et je déteste les serpents, alors cette boisson, c'est vraiment pas fait pour moi. Mais poussé par la curiosité culturelle, j'ai pris mon courage à deux mains et un soir, au resto, j'ai commandé un shot. Il parait que tous les clients avaient les yeux braqués sur moi quand le serveur s'est approché avec son bocal. Je me suis lancé. 40° quand même, ça arrache son slip, à faire passer la liqueur de crapaud des Bronzés font du ski pour du sirop de grenadine. Et puis finalement, la première gorgée avalée, on s'y fait. Bref, j'ai bu du venin de serpent😵.
Voilà pour ce qui est de la présentation générale d'Okinawa. Maintenant que le décor est planté, je vais vous raconter un peu plus en détail ce qu'on y trouve et ce qu'on y fait. Rendez-vous au prochain épisode...