samedi 4 février 2017

Restaurants à concept
Comme vous avez pu le constater dans l'article précédent, le Japon propose une gastronomie qui n'a rien à envier à celle de la France, pourtant sacrément réputée. On trouve toutes sortes de restaurants dans Tôkyô, et pour sortir des sentiers battus, j'en ai visité quelques-uns pour le moins insolites. Dans ces endroits, ce n'est pas tant la cuisine qui compte que l'environnement, le thème, bref, le concept.

Il y a par exemple à Shinjuku un restaurant Alice au pays des merveilles. La porte s'ouvre en glissant, et vous voilà plongé dans le livre de Lewis Carroll.
Tout ici fait référence à l'univers surréaliste d'Alice, le décor, les costumes du personnel, le nom des plats, jusqu'au menu présenté sous forme de livre. La cuisine est bonne sans être exceptionnelle, on vient avant tout ici pour sortir de son quotidien, pour s'échapper un peu du monde réel, le temps d'un repas. Pas difficile de se prendre à rêver qu'un lapin blanc va passer en courant et vous guider jusqu'à son terrier. C'est un peu le Disneyland de la bouffe, si on veut ! On passe un moment agréable, on mange dans une ambiance sympa, et puis ce n'est pas tous les jours qu'on peut apercevoir des clients attablés avec des oreilles de lapins !



Dans son genre, le Robot Restaurant est encore plus surréaliste. Il n'a par ailleurs de restaurant que le nom, car même si on peut y commander un bentô (plateau-repas) et manger en regardant le spectacle, l'essentiel n'est pas dans l'assiette (d'autant plus qu'il n'y a pas d'assiette dans les bentôs !). C'est un peu le Moulin Rouge version cheap ! Enfin, "cheap", c'est peut-être pas le mot parce que 65€, c'est pas donné non plus.
La salle d'attente baroque vous met dans l'ambiance : miroirs, lumières et mur-écrans étincellent à vous donner le tournis, on se croirait dans Enter The Void, le chef-d'oeuvre de Gaspard Noé. L'escalier qui descend ensuite à la salle de spectacle ne fait que confirmer l'impression, on pénètre dans un autre monde, électronique, à la fois obscur et lumineux, sexy, tape-à-l’œil, envoutant.
Le spectacle est une succession de tableaux faisant intervenir des acteurs et musiciens montés sur des chars robotisés. C'est un déluge tonitruant de néons et de lasers. La première surprise est que malgré l'aspect futuriste promis par le nom du restaurant, les références à la culture traditionnelle japonaise sont nombreuses : concert de taikos (tambours japonais), et costumes de scène inspirés des costumes traditionnels replacent le spectacle dans un contexte historique et culturel qu'on n'attendait pas.











Quand j'ai dit à une amie japonaise que pour moi, ce genre d'endroit était typique de la culture japonaise, elle s'est insurgée : "C'est juste un truc pour touristes !" Vrai et faux. Vrai : il n'y avait pas beaucoup de Japonais dans la salle, et tout le spectacle est d'ailleurs en anglais. Faux : un comédien dans un costume de panda qui fait du karaté pour combattre les vilains robots, et que ce soit drôle sans être ridicule, parce que personne ne prend ça au sérieux, je ne connais pas d'autre culture où ce genre de choses peut se produire.
Certes, tout ça ne va pas chercher bien loin, mais on ne vient pas ici pour voir du kabuki ou pour réfléchir à la condition humaine. On vient juste en prendre plein les yeux et plein les oreilles, une explosion de plaisir éphémère, et on est servi.






On en ressort avec un grand sourire sur les lèvres et la furieuse envie de se réunir entre amis dans un restaurant, un vrai cette fois-ci, pour prolonger la soirée autour d'un bon repas.

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