samedi 4 avril 2020

Le temps des cerisiers

L'hiver ayant été particulièrement doux cette année, les sakura sont arrivés en avance.
Satané virus oblige, Yuriko Koike, la gouverneur de Tôkyô, a demandé aux Japonais de s'abstenir exceptionnellement de faire le hanami. Mais, même pour une population habituellement réputée docile et obéissante, une telle requête, c'est un peu comme demander aux Parisiens de rester chez eux au lieu d'aller aux Buttes-Chaumont alors qu'il fait super beau... Peu d'espoir d'être entendue, et si c'est vrai qu'il y a eu moins de piqueniques sous les arbres ces dernières semaines, c'était hallucinant de voir tant de gens dans les parcs alors qu'ailleurs le monde entier se calfeutrait.
En ce qui me concerne, je suis d'abord allé visiter le Shinjuku Gyoen, un parc immense que je ne connaissais pas. Nous n'étions pas encore tout à fait au cœur de la floraison, mais les fleurs étaient malgré tout déjà très épanouies. La particularité de ce parc, c'est que les cerisiers qu'on y trouve appartiennent à de nombreuses espèces différentes. Les fleurs présentent donc tout une gamme de nuances allant du blanc éclatant au fuchsia profond, en passant par le rose persan. Les silhouettes des arbres sont également très variées, entre ceux qui dressent de robustes branches vers le ciel azurin ce jour-là, ou bien ceux qui retombent comme sous le poids de leur beauté tels des saules pleureurs chargés des nostalgies passées, présentes et futures que notre cœur embaumé veut bien leur conférer. Ce paysage chamarré est un des plus émouvant qu'il m'ait été donné de voir.
Quelques jours plus tard, je suis allé me promener dans un cimetière. Drôle d'endroit pour un hanami, pourrait-on penser. Oui, mais figurez-vous que j'y ai tout de même vu quelques familles qui piqueniquaient, installées sur les bancs ! Au moins, on peut dire que les lieux sont très calmes. Loin de dégager une atmosphère austère et funeste, le cimetière en question offrait au contraire une sorte de sérénité qui s'accordait finalement assez bien au recueillement auquel invite la contemplation des fleurs. Nous étions alors au pic de la floraison, et il était impossible de faire la différence entre les gens venus se recueillir sur une tombe et ceux qui étaient ici pour admirer les sakura, puisque personne, absolument personne, ne pouvait résister à l'envie de photographier ces merveilles naturelles, le regard étincelant d'admiration.
Pour finir, j'ai fait un petit tour sur les rives de l'étang du parc Inokashira, où naviguent de nombreuses embarcations en forme de cygne. C'était littéralement magique, on se serait vraiment cru dans un conte de fée. Mais le ciel s'est couvert durant cette après-midi, et deux jours plus tard, il a neigé, pour la première fois de l'hiver ! Une petite neige qui a aussitôt fondu, mais quelle rencontre incroyable, les fragiles pétales des cerisiers et les délicats flocons blancs ! Je regrette un peu de n'avoir pas pu immortaliser cette conjonction astrale improbable, mais ces images extraordinaires resteront longtemps imprimées dans le secret de mes yeux.
Les plus belles photographies sont peut-être celles qui n'ont pas été prises, mais voici cependant mes meilleures images de cette année.





















3 commentaires:

  1. C'est tjrs aussi magique 🤗 je comprends que les Japonais fêtent cela chaque année...

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  2. De la vie ! Presque normale! Ça fait un bien fou, merci !
    W.

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  3. Très joli! tu ne changes pas...

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