dimanche 3 décembre 2023

Washoku

 Par un hasard du calendrier, mon emploi du temps, ultra-chargé depuis plusieurs mois, s'est quelque peu allégé ces derniers jours. J'ignore si ça va durer, alors j'en profite.
Je trouve enfin du temps pour faire tout ce que j'ai à faire, mais surtout, pour ne rien faire. Du temps pour moi. L'autre jour, je me suis offert un cadeau d'un luxe suprême : une sieste ! Ça ne m'était pas arrivé depuis un bail (je ne compte pas les endormissements dans le train), et j'aurais bien du mal à vous décrire le bienêtre, physique et psychique, que ça m'a procuré. Mais là n'est pas mon sujet aujourd'hui.
On m'avait donné un billet gratuit pour aller voir une expo sur la gastronomie japonaise, le washoku. Je n'y serais pas allé sans cette invitation, mais puisque l'occasion se présentait, je l'ai saisie. Le thème ne m'intéressait pas particulièrement, mon objectif principal était de déambuler et par-dessus tout de sortir la tête de mon écran. Expo parcourue rapidement, pas l'expo du siècle, mais qui m'a quand même donné envie de partager quelques images avec vous.
L'expo commence par l'aliment universel : l'eau. D'où elle vient, les principales marques, etc. Parmi les plus vendues au Japon, deux marques françaises : Évian et Contrex. Sont présentés ensuite tous les ingrédients qui composent les repas traditionnels : champignons et autres légumes, algues, les différentes sortes de riz bien sûr, le soja, le saké, etc. Et puis les poissons, évidemment : le thon, le fugu (ce fameux poisson empoisonné, je vous en avais parlé ici)... Tout est passé en revue, c'est très complet. L'ensemble est souvent illustré par des reproductions en plastique hyper-réalistes, que les Japonais adorent, et qu'on retrouve en devanture de nombreux restaurants. L'expo se termine avec les apports des cuisines venues d'autres pays, Chine en tête. La plus grosse surprise vient du menu des repas de fête de l'empereur : on y trouve principalement de la cuisine... française !
Tout cela m'a donné sacrément envie de retourner dans un ryokan, non seulement pour me laisser fondre dans un onsen, mais aussi pour savourer la cuisine absolument parfaite qu'on peut déguster dans ce type d'établissement. Je vous ai souvent montré à quoi ça ressemble, ici, ou pour ne vous donner que les liens les plus récents, mais bien entendu, vous ne pouvez pas vraiment savoir tant que vous n'avez pas gouté.









Petite digression, pour revenir au washoku après : ces derniers mois, je me suis retrouvé avec le système digestif complètement déréglé. En cause, le fait que je n'aie pas, en général, le temps de me poser à table le midi pour avaler un repas équilibré, que je me nourrisse de bouffe industrielle (celle des superettes, la pire), et puis les fioles de produits dopants - légaux - que je m'envoie pour tenir le rythme des journées, et qui défoncent le corps, les excès dont je me rends coupable (produits trop sucrés par exemple), etc. Bref, mon estomac et mes intestins ont tourné maboul et ont commencé à fonctionner de façon totalement aléatoire. Quelques médicaments m'ont aidé à réguler tout ça, mais je ne voulais pas abuser du chimique. Je me suis donc mis à avaler du yaourt à boire tous les matins, des produits enrichis en bio-machin et en lacto-truc. Bien, mais insuffisant. Alors en désespoir de cause, je me suis tourné vers le produit ultime pour renforcer la flore intestinale : le nattô. Le nattô, ce sont des haricots de soja fermentés. Ses bienfaits au niveau du système digestif sont très réputés. Mais avant même d'en ingurgiter, rien qu'à l'aspect, vous avez compris que vous ne vous lancez pas dans une expérience anodine. J'en avais déjà mangé plusieurs fois, en particulier dans les ryokan, où c'est communément servi au petit déjeuner. Je ne peux pas dire que j'en raffole, mais dans le contexte, ça passe, disons que ça fait parti du folklore. Mais quand même, quand je me suis vu acheter du nattô au supermarché, ça m'a fait bizarre, j'ai compris que je franchissais un cap, un pas de plus dans l'ouverture d'esprit interculturelle. Et me voilà donc chez moi, à me préparer ma barquette de haricots gluants tous les matins, la mort dans l'âme (comment ça, je dramatise ?!). Je le reconnais : au bout de quelques jours, les effets bénéfiques se sont fait ressentir, bien au-delà de mes espérances. J'ai donc continué, exactement comme on suit un
traitement. Et vous savez quoi ? Non seulement je me suis rapidement habitué, mais j'ai fini par apprécier. Après tout, l'odeur n'est pas pire que celle de mon cher munster, et le gout n'en est pas si éloigné.
En tout cas, je n'ai maintenant plus beaucoup de limites, et je peux à présent explorer le washoku dans ses aspects les plus extrêmes. Et si vous venez chez moi un jour, vous savez ce que je vous servirai au petit déjeuner !

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